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Tensions au Sahara occidental : le Polisario accuse « certains membres du Conseil de sécurité, dont la France grande alliée du Maroc »

« Nous demandons aux Nations unies d’exécuter urgemment leur promesse : celle de débarrasser le Sahara occidental de la colonisation », a appelé le président de la RASD
Brahim Ghali, président de la RASD et chef du Front Polisario (AFP)
Brahim Ghali, président de la RASD et chef du Front Polisario (AFP)

Un responsable du Front Polisario a fustigé l’ONU qu’il accuse d’être responsable de la situation au Sahara occidental, disputé par le Maroc qui en contrôle plus des deux tiers, et le Polisario.

« Le Maroc n’aurait pas pu faire ce qu’il a fait sans le soutien de la communauté internationale, le soutien de l’ONU, du Conseil de sécurité ainsi que le secrétaire général de l’ONU », a déclaré ce responsable, Khatri Addouh, lors d’une conférence de presse vendredi dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, au sud de l’Algérie, à l’occasion du 45e anniversaire de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).

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De son côté, le chef du Polisario, Brahim Ghali a déclaré : « Nous demandons aux Nations unies d’exécuter urgemment leur promesse : celle de débarrasser le Sahara occidental de la colonisation, en conformité avec sa charte et ses résolutions. »

Le secrétaire général du Polisario, dans un discours anniversaire au camp de réfugiés d’Aousserd, a critiqué certains membres du Conseil de sécurité, dont la France grande alliée du Maroc, qui ont « encouragé l’occupant marocain à aller vers l’escalade actuelle ».

Brahim Ghali, qui est aussi président de la RASD proclamée le 27 février 1976, a néanmoins appelé Rabat « à la raison » et a « tendu la main » pour « une paix juste ». 

« Nous appelons nos frères du royaume du Maroc à emprunter la voie de la sagesse et à mettre fin aux politiques d’agression, d’expansion et de colonialisme afin que nos peuples vivent en paix », a-t-il dit.

« Guerre de légitime défense »

Après quasiment 30 ans de cessez-le-feu, les tensions ont ressurgi en novembre 2020 quand le Maroc a déployé ses troupes dans la zone tampon de Guerguerat, dans l’extrême sud du Sahara occidental, après qu’un groupe de militants sahraouis a bloqué la seule route vers la Mauritanie voisine.

Le 9 février, le Polisario avait affirmé avoir tué trois militaires marocains la veille lors d’une attaque dans la région de Ouarkziz, dans le sud du Maroc.

Cette annonce du « ministère » sahraoui de la Défense n’a toutefois pu être confirmée de source indépendante et il n’a pas été possible d’obtenir un commentaire officiel à Rabat.

C’est la première fois que les forces sahraouies disent avoir infligé des pertes dans les rangs marocains à l’intérieur du Maroc depuis la rupture du cessez-le-feu déclarée par le Polisario à la mi-novembre.

Depuis, le Polisario se dit « en état de guerre de légitime défense ». Les négociations de paix quadripartites (Maroc, Polisario, Algérie et Mauritanie), menées sous l’égide de l’ONU, sont au point mort depuis mars 2019.

La question du statut du Sahara occidental, considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU en l’absence d’un règlement définitif, oppose depuis des décennies le Maroc au Polisario.

Ce dernier réclame un référendum d’autodétermination prévu par l’ONU, tandis que le Maroc propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté. Rabat contrôle environ 80 % de ce vaste territoire désertique, où de grands chantiers de développement marocains ont été lancés ces dernières années.

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Peu avant son départ de la Maison-Blanche, Donald Trump avait reconnu la souveraineté marocaine sur la totalité du vaste territoire désertique disputé, confortant la position marocaine.

« En réalité, Trump ne fait que rajouter des problèmes à l’administration qui lui succède, c’est-à-dire celle de Biden », a ajouté le responsable sahraoui.

Les Sahraouis espèrent que le nouveau président américain, Joe Biden, reviendra sur cette décision et se conformera au règlement prévu par l’ONU.

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« Nous souhaitons que l’administration américaine corrige la grossière erreur de l’administration Trump », a expliqué à l’AFP un haut cadre  de la Sécurité sahraouie, Sid Ould Ouka. 

Depuis, l’ONU, qui compte sur place une mission aux prérogatives limitées, la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental), a indiqué que sa position était « inchangée », comme plusieurs pays impliqués dans le dossier.

Sur un autre front, la Cour européenne de justice (CJUE) se penche une nouvelle fois dans les prochains jours sur le dossier du Sahara occidental, les indépendantistes du Front Polisario contestant des accords UE-Maroc permettant à Rabat d’exporter tomates, melons et poissons de l’ancienne colonie espagnole.

Deux audiences sont prévues mardi et mercredi devant la 9e chambre de la CJUE qui, toutefois, « devrait rendre son délibéré dans plusieurs mois », a indiqué à l’AFP un porte-parole de l’institution établie au Luxembourg.

Pour le Front Polisario, il s’agit de stopper le « pillage des ressources naturelles » du territoire, « principalement l’agriculture d’exportation, le phosphate, la pêche et le tourisme », comme l’a expliqué à l’AFP l’avocat français Gilles Devers, chargé du dossier.

Face à ce « harcèlement judiciaire », le Maroc compte lui défendre « la légitimité de son partenariat » commercial avec l’UE, a déclaré son ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, cité par l’agence officielle MAP.

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