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Tunisie : émeutes et affrontements avec les forces de l’ordre

Plusieurs incidents sérieux ont éclaté dans la nuit de samedi dans plusieurs villes tunisiennes sur fond de marasme économique
Les heurts les plus sérieux se sont produits aux abords de Sousse, où la police a tiré des grenades lacrymogènes (Facebook//AlarabyTelevision)
Les heurts les plus sérieux se sont produits aux abords de Sousse, où la police a tiré des grenades lacrymogènes (Facebook//AlarabyTelevision)

Des manifestations ont dégénéré samedi soir dans plusieurs villes tunisiennes, notamment dans la capitale et à Sousse, rapportent des témoins et les médias locaux, cités par Reuters, alors que la colère gronde contre les difficultés économiques.

Des appels à manifester avaient été lancés alors que la Tunisie commémore le dixième anniversaire de la « révolution de Jasmin » qui avait chassé l’autocrate Zine El Abidine Ben Ali du pouvoir et marqué le début du Printemps arabe en 2011.

Traduction : « Nuit agitée en Tunisie : affrontements entre forces de l’ordre et manifestants à cause de la situation économique du pays »

Les heurts les plus sérieux se sont produits aux abords de Sousse, où la police a tiré des grenades lacrymogènes pour tenter de disperser des centaines de jeunes manifestants qui bloquaient des routes en incendiant des pneus et pillaient des magasins, ont déclaré des témoins et des sources proches des services de sécurité.

Des incidents ont également été signalés dans plusieurs quartiers de Tunis, ainsi qu’à Bizerte et Menzel Bourguiba (nord), Sousse (est), Nabeul (nord-ouest), Siliana (centre).

Le mécontentement populaire accroît la pression sur le Premier ministre Hichem Mechichi, qui a annoncé samedi un remaniement gouvernemental incluant de nouveaux ministres de l’Intérieur, de la Justice et de l’Énergie, notamment.

Le ministre de l’Environnement Mustapha Aroui, en détention pour une affaire de déchets dangereux importés d’Italie, est également remplacé.

Crise politique, sanitaire et économique

« Il n’y a pas de place [dans le gouvernement] pour les personnes faisant l’objet de poursuites judiciaires » ou pour lesquelles « il existe des doutes sur leurs parcours ou leurs comportements qui pourraient porter atteinte à l’État et à la crédibilité de ses institutions et à la légitimité de ses décisions », selon un communiqué de la présidence tunisienne.

Dix ans après la chute du président Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011, la Tunisie connait toujours une instabilité politique et des problèmes socio-économiques.

La classe politique, plus fragmentée que jamais depuis les élections législatives de 2019, se déchire alors que l’urgence sociale s’accentue avec la pandémie de coronavirus (175 065 cas, dont 5 528 morts), qui s’ajoute à la hausse des prix, la persistance du chômage et la défaillance croissante des services publics.

Des policiers ont empêché jeudi dernier une poignée de militants de commémorer la révolution tunisienne, car ils contrevenaient au confinement sanitaire qui a mis en sourdine ce dixième anniversaire.

Ni le principal syndicat UGTT ni les autres organisations n’ont appelé à manifester cette année.

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