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Yazan al-Kafarna, le visage de la famine qui tue les enfants de Gaza

Le garçon de 10 ans est l’un des derniers enfants palestiniens en date à être décédé des suites de la faim et de la malnutrition dans l’enclave assiégée depuis le début de la guerre le 7 octobre
Yazan souffrait d’une paralysie cérébrale depuis sa naissance, ce qui l’obligeait à suivre un régime spécial et à prendre des compléments alimentaires (capture d’écran/X)

Un enfant de Gaza, Yazan al-Kafarna, est l’un des derniers en date à être décédé des suites de la faim et de la malnutrition dans l’enclave assiégée depuis le début de la guerre le 7 octobre.

Selon les médias locaux, Yazan al-Kafarna est décédé lundi à l’hôpital al-Najjar de Rafah, ce qui porte à seize le nombre total d’enfants morts de malnutrition depuis le mois d’octobre.

Des images et des vidéos de Yazan al-Kafarna diffusées le 2 mars le montrent allongé sur un lit d’hôpital, les joues creusées.

Dans une vidéo, son père montre une photo de son fils en bonne santé avant la guerre.

« Avant la guerre, il était en bonne santé, il avait accès à toute la nourriture et aux soins médicaux dont il avait besoin. Quand la guerre a éclaté, tout a été interrompu... ce qui lui est arrivé est dû à un manque de nutrition et au fait qu’il n’a pas pu consommer des aliments essentiels », a-t-il déclaré, ajoutant que la photo de son fils avait été prise une semaine seulement avant le début de la guerre.

La famille de Yazan al-Kafarana a été déplacée de Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, et s’est réfugiée dans le sud, à Rafah.

Des membres de la famille ont confié à Al Jazeera Arabic lors d’une interview que Yazan al-Kafarna avait atteint un stade où il ne survivait plus que grâce à quelques bouchées de pain.

« Il vivait de bouts de pain que nous trouvions avec beaucoup de difficultés et obtenions à des prix extrêmement élevés. Si nous ne pouvions pas trouver de nourriture, nous lui donnions du sucre pour le maintenir en vie. La principale raison pour laquelle il a atteint un point où il en était devenu squelettique est le manque de nutrition », a déclaré Mohammed al-Kafarna, un membre de la famille.

Selon ce dernier, Yazan avait atteint un stade où il avait besoin d’aliments et de nutriments spécifiques pour rester en vie après avoir perdu beaucoup de poids, mais la famille n’était pas en mesure de se procurer tout ce dont elle avait besoin.

Yazan souffrait d’une paralysie cérébrale depuis sa naissance, ce qui l’obligeait à suivre un régime spécial et à prendre des compléments alimentaires. Cependant, sa famille a déclaré que depuis le début de la guerre, il n’avait pas pu avoir accès à ces deniers.

Des journalistes de Gaza ont documenté la mort d’autres enfants causée par la malnutrition et la faim.

« La guerre par la faim »

Hossam Shabat, journaliste à Gaza, a déclaré qu’une fillette était morte faute d’avoir eu accès à du lait, tandis qu’une autre, dénommée Heba Ziadeh, est décédée de déshydratation et de malnutrition à l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza.

La semaine dernière, le porte-parole du ministère de la Santé à Gaza, Ashraf al-Qudra, a déclaré que « l’occupation israélienne [menait] une nouvelle guerre contre les habitants de Gaza, une guerre par la faim », ajoutant que le nombre de personnes mourant de faim et de malnutrition était en augmentation, en particulier chez les enfants.

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Il a expliqué que le système de santé dans le nord de Gaza était désormais complètement incapable de répondre aux besoins du territoire assiégé, en particulier depuis que l’hôpital Kamal Adwan avait été pris d’assaut par les forces israéliennes.

Gaza est au bord de la famine, a alerté fin février le directeur de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

« La dernière fois que l’UNRWA a pu livrer de l’aide alimentaire au nord de Gaza, c’était le 23 janvier », a écrit Philippe Lazzarini sur les réseaux sociaux.

Au moins 500 000 personnes sont confrontées à la famine, tandis que la quasi-totalité de la population de Gaza, soit 2,3 millions de personnes, souffre d’une pénurie alimentaire grave, selon les chiffres du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies.

Fin février, au moins deux bébés sont morts de malnutrition et de déshydratation à Gaza.

Les organisations humanitaires ont averti que le refus d’Israël de permettre l’acheminement de nourriture et d’eau dans l’enclave palestinienne pouvait être assimilé à un crime contre l’humanité.

Randa Ghazy, de l’ONG Save the Children, a déclaré que Gaza connaissait « le pire niveau de malnutrition au monde ».

« Les femmes enceintes ne bénéficient pas de l’alimentation et des soins de santé dont elles ont besoin, ce qui les rend plus vulnérables aux maladies et augmente les risques de décès pendant l’accouchement », a-t-elle expliqué à Middle East Eye.

Ce mardi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que la malnutrition dans le nord de Gaza était « particulièrement extrême ».

D’après Richard Peeperkorn, représentant de l’OMS pour Gaza et la Cisjordanie, un enfant de moins de deux ans sur six souffre de malnutrition aiguë dans la région.

« C’était en janvier. La situation risque donc d’être encore plus grave aujourd’hui », a-t-il ajouté.

Traduit de l’anglais (original) par Imène Guiza.

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