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L’Arabie saoudite, l’invitée polémique du sommet de la Ligue arabe à Tunis

Une affiche géante du roi Salmane et des pressions pour décerner un doctorat honorifique au prince héritier : quand les responsables saoudiens viennent à Tunis, la polémique les suit…
Affiche du roi Salmane d’Arabie saoudite photographiée dans la banlieue de Tunis (Facebook)
Par MEE à TUNIS, Tunisie

La Tunisie accueille, jusqu’au 31 mars, le 30e sommet de la Ligue arabe, organisé sur le thème de « la solidarité et la coopération arabe » dont les préparatifs exceptionnels en termes de sécurité et de logistique ont été perturbés par… des polémiques. 

En effet, dans le Grand Tunis, plusieurs Tunisiens ont relevé l’existence d’une immense affiche du roi Salmane d’Arabie saoudite. Ce panneau géant, selon les médias locaux financé par une agence de communication à la demande du ministère de l’Équipement, a suscité l’indignation. 

Slim Meherzi, le maire de la Marsa (nord-est de Tunis) a en tout cas démenti être à l’origine d’une telle initiative et exprimé son indignation sur Facebook.

https://www.facebook.com/1175298161/posts/10217288049131326?sfns=xmo

D’autres internautes se sont joints à l’indignation de Slim Meherzi. « On se fiche de savoir qui a payé l’affiche. Notre problème, c’est que les photos de cet assassin tueurs d’enfants yéménites et du journaliste Kashoggi ne paradent pas dans nos villes », a commenté un internaute. Et d’autres ont regretté que de telles affiches soient exhibées dans un pays qui a connu « la révolution ». 

S’exprimant à la radio tunisienne Shems FM, Slim Meherzi a souligné que si « tous les invités du sommet de la Ligue arabe sont les bienvenus en Tunisie, il est anormal de privilégier le roi d’Arabie saoudite ». 

« Un doctorat en boucherie »

Une autre polémique est née des pressions que le président de la République aurait exercées sur des responsables religieux pour rendre hommage au prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane.

Radwan Masmoudi, membre du parti conservateur Ennahdha et président du Center for the Study of Islam & Democracy (CSID) révèle sur son compte Facebook : « Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a exercé des pressions importantes sur la direction de la grande mosquée Zitouna pour décerner à Mohammed ben Salmane un doctorat honorifique. Le conseil de la mosquée a refusé ».

Traduction : « Le président tunisien Essebsi a demandé à la direction de l’historique université Zitouna d’accorder un doctorat honorifique à Mohammed ben Salmane. Jusqu’à présent, nos respectés savants ont refusé »

« [Un doctorat honorifique pour MBS] dans le domaine de la boucherie et du cannibalisme » a commenté, ironique, un internaute.

Le président de l’université Zitouna, université tunisienne qui fut, pendant plus d’un millénaire, située au sein de la grande mosquée du même nom, a confirmé cette information au média tunisien Hakaekonline.

« Le président tunisien nous a adressé une demande pour décerner un doctorat honorifique à Mohamed ben Salmane » a-t-il déclaré. « Nous avons refusé cette demande pour préserver la neutralité et l’intégrité de la mosquée Zitouna contre toute instrumentalisation politique. »

Le 27 novembre 2018, la rue et la société civile tunisienne ont manifesté contre la visite de Mohammed ben Salmane. Le Syndicat national des journalistes tunisiens avait dénoncé cette visite, la qualifiant de « provocation » et de « violation criante des principes de la révolution de 2011 » dans une lettre adressée au président tunisien, Béji Caïd Essebsi.  

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