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« C’est tout à fait moi » : une ingénieure de la NASA célèbre son héritage palestinien dans une photo virale

La membre du Congrès Rashida Tlaib a inspiré à Nujoud Merancy sa décision de porter une tatriz palestinienne sur sa photo pour la NASA, confie-t-elle à MEE
Nujoud Merancy porte un blazer brodé avec un motif palestinien sur sa nouvelle photo pour la NASA (photo NASA)
Par Sheren Khalel à WASHINGTON, États-Unis

Lorsque Nujoud Merancy a posé pour sa nouvelle photo pour la NASA, elle n’imaginait pas que le blazer d’inspiration palestinienne qu’elle portait attirerait l’attention du monde entier.

Travaillant au centre de l’agence spatiale à Houston, au Texas, Nujoud Merancy est l’une des directrices du programme de développement du vaisseau spatial Orion, qui, dans le cadre de la mission Artemis 2024, prévoit d’envoyer la première femme sur la Lune.

Les objectifs du projet sont titanesques, car celui-ci vise également à établir une présence durable sur la surface lunaire – et d’envoyer le premier astronaute sur Mars.

Mais récemment, c’est l’héritage palestinien de Nujoud Merancy qui lui a volé la vedette.

« Je suis incroyablement fière de Nujoud Merancy et de son travail pour élargir le champ des possibles en ce qui concerne notre programme spatial » 

- Rashida Tlaib, élue américaine

Merancy a publié sa nouvelle photo pour la NASA sur Twitter, à côté de celle prise il y a quatre ans.

Elle n’a pas mentionné la broderie palestinienne connue sous le nom de tatriz qui bordait le revers de son blazer – mais les gens l’ont rapidement relevée.

« Ça alors, j’ai pensé qu’une trentaine de personnes aimeraient ma photo et que peut-être quelques-unes “comprendraient” ce qui était sur ma veste. Je suis submergée par tout l’amour que je reçois. Merci », a tweeté la jeune femme le lendemain, après que sa photo eut été partagée des milliers de fois.

Merancy a indiqué qu’elle avait fait réaliser spécialement ce blazer après avoir vu la représentante Rashida Tlaib, la première Palestino-Américaine au Congrès, porter sa propre thobe palestinienne – une robe brodée de points traditionnels palestiniens – lors de sa cérémonie d’assermentation en janvier.

« L’idée m’est venue et, en cherchant en ligne, j’ai été en fait surprise de ne pas arriver à trouver quelque chose qui était un style de vêtements que je porterais avec le tatriz », a déclaré Nujoud Merancy à Middle East Eye en marge du 70e Congrès international d’astronautique à Washington jeudi dernier.

« Les blazers sont ma tenue du quotidien, et le tatriz est la tenue du quotidien au Moyen-Orient, alors je me suis demandé pourquoi je ne pourrais pas avoir quelque chose sur ma tenue du quotidien. »

Traduction : « Même si votre travail se termine sur la Lune, impossible d’oublier vos racines.
Quelle inspiration ! »

« Mise à jour ma photo pour la NASA, j’ai pris 7 ans du jour au lendemain, mais en portant le même collier pour la continuité »

La décision de la députée Rashida Tlaib de porter une thobe lors de son assermentation a également été populaire parmi les membres de la communauté arabo-américaine, inspirant le hashtag #TweetYourThobe pendant des mois après ça.

« Je suis incroyablement fière de Nujoud Merancy et de son travail pour élargir le champ des possibles en ce qui concerne notre programme spatial », a affirmé Rashida Tlaib à MEE dans un courriel, après avoir appris qu’elle avait inspiré le motif porté par Merancy. 

« La broderie palestinienne est fortement liée à nos mères, à nos grands-mères et à tant d’autres avant nous. Cela fait partie de notre riche culture qui est enracinée dans la force et la fierté », a-t-elle expliqué.

Nujoud Merancy a acheté le motif du tatriz, à l’origine brodé sur une thobe semblable à celle de Tlaib, pendant un voyage à Nazareth, une grande ville palestinienne dans le nord d’Israël, pour voir sa famille.  

Quand elle est rentrée à Houston, elle a raconté qu’elle avait fait réaliser ce blazer sur mesure afin d’honorer son héritage d’une manière qui représentait ses deux cultures.

« Je viens d’un milieu métissé et possède un héritage métissé, donc pour moi, il s’agissait de mélanger mes cultures – donc c’est tout à fait “moi”, plus que toute autre chose », a déclaré Merancy à MEE.

« Je m’attends à ne plus être la seule avec un blazer tatriz sous peu », a-t-elle ajouté en riant. 

Suivre ses rêves

Nijoud Merancy est née sur la côte Pacifique dans le nord-ouest des États-Unis d’une mère américaine et d’un père palestinien. 

« Enfant, vous mélangez les cultures – vous voyez les deux cultures et il est difficile de trouver sa place », a-t-elle confié.

À l’âge adulte, le mélange des cultures est devenu beaucoup plus facile, raconte-t-elle, dans la mesure où elle s’est fait des amis et des connaissances ayant des expériences similaires à travers le pays et en raison de son travail avec le programme spatial international.

« C’est en cela que les réseaux sociaux sont géniaux… Il y a beaucoup de gens comme moi, c’est juste que nous sommes tellement dispersés. »

Nujoud Merancy a raconté avoir décidé à l’école primaire qu’elle travaillerait un jour pour la NASA.

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Aujourd’hui, elle occupe un poste de premier plan en tant que cheffe de la planification et de l’analyse de la mission pour le vaisseau spatial Orion.

« Me lancer dans le génie aérospatial, en particulier dans le domaine du vol spatial humain, a toujours été mon objectif de rêve et le fait de l’avoir rempli dès ma sortie de l’université a été assez incroyable », déclare-t-elle.

Quand elle était enfant, Nujoud Merancy faisait de fréquents voyages l’été à Nazareth pour voir sa famille du côté paternel. Ses proches sont les gardiens ancestraux du plus ancien lieu de culte musulman de Nazareth, la Mosquée Blanche, construite en 1804.

« Ma famille est là depuis des siècles. Mon oncle est le gardien actuel [de la mosquée], mais [cette charge] s’est transmise à travers les générations, dans la famille des gardiens », a-t-elle expliqué. 

Sa famille en Palestine comme aux États-Unis l’a énormément soutenue dans sa carrière, précise-t-elle.

Et maintenant, elle espère inspirer à d’autres jeunes filles et garçons à travers le monde le désir de toucher les étoiles.

« Tout le monde l’adore. La NASA est assez facile à aimer : c’est les rêves, c’est l’exploration spatiale. »

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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