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Israël approuve l’extension des pouvoirs de surveillance du Shin Bet

Sur fond de polémique et alors qu’Israël assouplit ses mesures de confinement, le Parlement prolonge de trois semaines les pouvoirs des services de renseignement pour tracer les personnes infectées par le coronavirus
En Israël, le Shin Bet, service de sécurité intérieure, a commencé à utiliser des technologies sophistiquées et des données télécoms pour pister les civils (AFP)
Par MEE

Mardi 5 mai, le Parlement israélien a prolongé de trois semaines les pouvoirs controversés du Shin Bet, le service de renseignement intérieur, pour suivre les personnes atteintes du COVID-19.

Le recours à la surveillance pour tracer les Israéliens est devenu un sujet brûlant dans le pays, où ces mesures invasives sont généralement réservées aux Palestiniens.

Le mois dernier, la Cour suprême avait fixé au 30 avril la limite de ces pouvoirs, à moins qu’ils ne soient inscrits dans la loi, le gouvernement étant autorisé à demander des prorogations au Parlement israélien, la Knesset.

Alors que le sous-comité des services secrets avait finalement fixé la date limite au 26 mai, le gouvernement avait demandé une prolongation de six semaines.

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« Je vois cela comme un bon équilibre entre le fait de ne pas utiliser cet outil pendant toute la période et garantir un processus législatif », a commenté Gabi Ashkenazi, président du sous-comité et député Bleu et blanc, à propos de cette décision.

La loi devrait être rédigée par le gouvernement d’ici au 18 mai.

Des questions ont été soulevées sur les motivations du Shin Bet à se doter de tels pouvoirs pour tracer les citoyens alors qu’Israël semble avoir passé le pire de la pandémie et commence à s’ouvrir.

En utilisant des données numériques liées à la localisation du téléphone mobile et aux achats par carte de crédit, le traçage cherche à identifier et à alerter les personnes qui ont été en contact étroit avec une personne souffrant du COVID-19. Le dispositif veut qu’ils soient ensuite placés en quarantaine.

Pouvoirs trop intrusifs

Sigal Sadetsky, cheffe du service de santé publique, a fait valoir au sous-comité que le traçage était particulièrement important alors que les Israéliens commencent à quitter leur domicile et à reprendre leur vie professionnelle.

Le conseiller à la sécurité nationale, Meir Ben-Shabbat, l’a rejointe, affirmant que « le potentiel de contagion [avait] en fait augmenté » malgré le déclin des cas.

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Selon les données présentées par Sigal Sadetsky et le procureur général adjoint Raz Nizri, 5 516 des 16 000 personnes identifiées comme atteintes par le coronavirus ont été retrouvées grâce au dépistage. Parmi elles, 3 835 ont été localisées par le Shin Bet.

Selon l’agence, 7 % des personnes qui ont été averties qu’elles avaient été en contact avec une personne infectée se sont par la suite révélées atteintes par le coronavirus. 

Mais  les détracteurs du gouvernement Yaïr Lapid et Moshe Ya’alon, du parti Yesh Atid-Telem, et Eli Avidar, d’Israel Beytenou, ont voté contre l’extension en faisant valoir que les pouvoirs étaient trop intrusifs dans la vie privée des gens.

« Si le Shin Bet pouvait surveiller la vitesse de toutes les voitures, cela justifierait-il de suivre tous les pilotes ? », s’est interrogé Yaïr Lapid.

Traduit de l’anglais (original).

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