L’année qui a transformé le Soudan a commencé avec... une allumette
Aussi carbonisée que le bâtiment détesté qu’elle a incendié, l’allumette utilisée pour allumer l’incendie qui a alimenté le soulèvement soudanais serait, selon la rumeur, toujours dans la poche du manifestant qui l’a craquée.
Elle aurait même traversé le pays, depuis Atbara (la ville de l’acier située dans le nord du pays) jusqu’aux manifestations dans la capitale, Khartoum, où l’histoire de cette célèbre allumette circule de bouche à oreille.
Il y a un an, l’image des bureaux calcinés du parti au pouvoir au Soudan, dans la ville d’Atbara, s’est répandue sur les réseaux sociaux, attisant la colère sur le coût de la vie – ainsi que des doléances bien plus profondes – et nourrissant l’espoir que le président Omar el-Béchir pourrait être renversé après trente années au pouvoir.
Vidéo du Congrès national en train de brûler
Les manifestations se sont propagées cette nuit-là, le lendemain et les semaines qui ont suivi. Et lorsque Béchir a démissionné en avril, elles ont continué.
L’année qui s’est écoulée a été historique pour un Soudan asphyxié par la corruption et les sanctions, et déchiré par les nombreuses guerres du gouvernement avec les communautés frontalières.
Cette année est aussi celle d’une transition, dont beaucoup espèrent qu’elle aboutira à un gouvernement civil et qui pourrait dépendre des événements de l’année à venir.
La ville de l’acier et du feu. 19 décembre 2018
Une austérité mordante. De longues files pour obtenir du pain et de l’essence. Des prix élevés. Une économie affaiblie depuis la perte de richesse pétrolière consécutive à l’indépendance du Soudan du Sud en 2011. Des filets de protection sociale supprimés, budget après budget, par décision du gouvernement de Béchir – notamment les subventions sur les produits de base – tandis que les dépenses militaires restaient élevées.
En décembre 2018, lorsque les prix du pain ont soudainement triplé, des signes de contestation ont émergé lors d’élans spontanés de jeunes manifestants, souvent des étudiants, qui ont rapidement été étouffés par les forces de sécurité déployées en nombre par Béchir.
Puis soudain, à Atbara, la situation a changé. Une nouvelle manifestation étudiante a réussi renverser la vapeur et une journée qui avait commencé par des barricades eu feu dans la rue s’est terminée par l’incendie du siège local du Congrès national, le parti de Béchir.
« Alors que Khartoum avait du pain, nous n’en avions pas. Alors que Khartoum avait de l’essence, nous n’en avions pas »
- Ahmed Jamaluddin, 40 ans, habitant d’Atbara
« Nous étions patients à tous égards, mais alors que Khartoum avait du pain, nous n’en avions pas. Alors que Khartoum avait de l’essence, nous n’en avions pas. Atbara était la ville la plus démunie au Soudan », raconte à Middle East Eye Ahmed Jamaluddin, 40 ans, un habitant d’Atbara.
« L’étincelle s’est produite à Atbara. Mais ce n’est pas récent. C’est arrivé il y a longtemps, depuis les premières révolutions », poursuit-il. « Atbara est une ville révolutionnaire. »
Atbara est une ville rebelle célèbre en raison de sa localisation, au centre du réseau ferroviaire soudanais, où les syndicats de cheminots étaient notoirement des épines dans le pied des dirigeants militaires qui ont précédé Béchir. Mais ces syndicats ont été décimés et le travail dans le ferroviaire, qui avait nourri des familles pendant des générations, est devenu rare.
« La jeunesse d’Atbara a pénétré dans les bureaux du Congrès national et les a incendiés. Après cela, Al-Qadarif, Gondola, Madani, Sannar et le reste de la population ont suivi », témoigne-t-il.
À mesure que ces villes ont emboîté le pas à Atbara, les autorités soudanaises ont commencé à imposer l’état d’urgence, bloquant les réseaux sociaux dans une tentative visant à endiguer la propagation des images venant d’Atbara. En l’espace d’une semaine, la capitale adopta ce mouvement naissant.
Une organisation appelée Association des professionnels soudanais a émergé, postant sur les réseaux sociaux des instructions de dernière minute concernant les lieux de rassemblement dans le centre-ville de Khartoum pour marcher sur le palais présidentiel de Béchir, où ils espéraient remettre une lettre exigeant sa démission.
Bien qu’elle ait été construite sur plusieurs années, tirant les leçons de la répression violente des dernières manifestations majeures en 2013, l’APS est restée, les premiers jours, une organisation sans visage. Pourtant, elle a réussi à créer un élan.
En raison de leur tactique d’organisation, les forces de sécurité ont eu du mal à identifier les dirigeants de l’APS qui ont pu orienter les manifestations spontanées qui se sont poursuivies à travers le pays, allant même jusqu’à chasser Béchir lors de ses visites officielles.
Des équipes de proximité connues sous le nom de « comités de résistance » ont également émergé, adoptant une approche citoyenne de l’organisation. Les manifestations ne se sont donc pas éteintes avec la fin de l’année 2018 : pendant plusieurs mois encore, elles allaient devenir un événement quotidien.
Le sit-in. 6 avril 2019
De décembre à avril, le schéma fut plus ou moins le même.
Les villes aux alentours de la capitale soudanaise, Khartoum, ont continué à manifester tous les jours. Les forces de sécurité ont riposté avec des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des balles réelles.
Elles ont arrêté tellement de personnes que des prisonniers ont déclaré à MEE qu’ils avaient souvent été relâchés le jour même car il n’y avait pas d’espace pour les enfermer.
Pour couvrir de honte les manifestants, la police les a tondus publiquement. Le meurtre de manifestants allait susciter la multiplication des manifestations centrées autour de leurs funérailles. Mais Béchir n’a pas cédé.
Les manifestants ont alors décidé que, le 6 avril, ils se rendraient au siège de l’armée, où 25 ans plus tôt, jour pour jour, les Soudanais ont réussi à renverser le célèbre dirigeant militaire Gaafar Nimeiry. Ils étaient néanmoins conscients que l’armée ne les laisserait pas l’atteindre.
Certaines des unités de l’armée stationnées sur le site ont pris le parti des manifestants, passant d’une présence menaçante à une force protectrice
La stratégie était simple : l’extension des méthodes utilisées pour laminer les forces de sécurité pendant des mois. Ils projetaient des manifestations publiques mais les lieux et heure de rendez-vous étaient une diversion, raconte à MEE une source dans la sécurité ayant fait défection, sous couvert d’anonymat.
Secrètement, des groupes de manifestants se rassemblaient plus tôt dans la journée, dans des endroits où la police ne les attendait pas et évitaient de se faire repérer avec l’aide de sympathisants au sein des forces de sécurité. Ces derniers transmettaient des informations confidentielles et s’assuraient que certaines rues n’étaient pas fermées.
Lorsque ces manifestants ont commencé à avancer vers le siège de l’armée, un lieu généralement fortement gardé dans le centre de Khartoum, et que le reste de la population avançait aussi depuis d’autres endroits de la ville, les forces de sécurité n’ont pas pu stopper leur marche.
Ce succès insuffla à la foule un enthousiasme renouvelé. Soudain, le mouvement se dota d’un point de ralliement dans l’un des endroits les plus cruciaux de la capitale et personne ne voulait partir. Au cours de la journée, ils demandaient de l’eau et des provisions, et à mesure que le temps passait, la manifestation prenait de l’importance. À 15 h, les dirigeants de l’APS se sont présentés face à la foule pour annoncer que le sit-in ne bougerait pas avant le départ de Béchir.
Béchir a ordonné sa dispersion et les forces de sécurité sont arrivées sur le lieu du sit-in au petit matin, tirant sur les gens qui s’étaient couchés sur le sol pour éviter les balles. Certaines des unités de l’armée stationnées sur le site ont pris leur parti, passant d’une présence menaçante à une force protectrice qui a affronté activement les forces de Béchir.
« Certains membres des forces de sécurité ont déclaré qu’ils ne s’impliqueraient pas car il y aurait trop de morts », témoigne notre source sécuritaire.
Plusieurs attaques des forces de police et des renseignements au cours des deux jours suivants ont été repoussées par des soldats du rang, frustrant Béchir. Irrité, il a convoqué les milices associées à son parti pour une nouvelle attaque, au matin du 8 avril.
« Ils sont arrivés de trois directions. La police et les services de renseignement les ont soutenus », raconte notre source. « Sur le toit d’un bâtiment abandonné, des snipers ont été déployés et ont tiré sur les manifestants. »
Mais ils ont été une fois de plus incapables de déloger les manifestants, qui avaient alors formé un pacte officieux avec les soldats. Les deux parties se serraient l’une contre l’autre et créaient une masse que les forces de Béchir ne pouvaient briser.
Les manifestants ont construit des barricades autour du site de la manifestation et ont procédé à des fouilles à l’amiable pour empêcher que des infiltrés ne fassent entrer des armes. Ils ont également commencé à construire une communauté, installant des tentes, amenant de la nourriture et des provisions et fournissant des soins d’urgence.
Lorsqu’il se sont réveillés le 11 avril, le sit-in était toujours là alors que Béchir était parti. Au cours des jours suivants, une lutte intestine a éclaté au sein du cercle militaire. Ahmed Awad ibn Auf, qui avait annoncé le départ de Béchir et la création d’un conseil militaire, a lui-même été évincé après seulement un jour. De même que le chef des renseignements de Béchir, Salah Gosh. En fin de compte, la direction a échu au général Abdel Fattah al-Burhan et à Mohamed Hamdan Dagolo, plus connu sous le nom de Hemeti a été désigné comme son adjoint.
Le sit-in a continué.
Hemeti, en particulier, inquiétait les manifestants. Il dirigeait les Forces de soutien rapide (RSF), une force paramilitaire gouvernementales issue des milices janjawids accusées de génocide au Darfour, où Béchir est accusé par l’ONU d’avoir tué 300 000 personnes.
Hemetti a déclaré s’être retourné contre Béchir après avoir reçu l’ordre de disperser violemment les manifestations. Ses intentions ont néanmoins été remises en question, en particulier lorsque ses RSF ont soudainement proliféré dans une ville où on ne les voyait pas auparavant, occupant les coins de rue, traînant dans leurs pick-ups chargés de mitraillettes et de lance-roquettes.
Le conseil militaire a commencé à négocier avec les forces de la Liberté et du changement, une organisation-cadre comprenant l’APS. Les négociations se sont étirées jusqu’à la fin du mois et pendant tout le mois d’avril. Bien que des avancées aient occasionnellement été annoncées, chaque fois que l’opinion publique attendait l’annonce après minuit, celle-ci était reportée.
Même si l’armée évoquait des concessions aux civils, elle n’allait pas céder le pouvoir. Même lorsque des détails d’un accord de partage du pouvoir ont été fixés, l’armée a insisté pour rester la puissance dominante.
Dans le même temps, le conseil militaire s’est montré plus obstiné. Hemetti a déclaré qu’ils n’accepterait pas le chaos, rendant nerveux les manifestants, en particulier ceux qui tenaient les barricades autour du sit-in.
Puis, le 13 mai, alors que les manifestants attendaient la dernière de ces annonces, ils ont entendu des coups de feu. Des hommes vêtus d’uniformes des RSF de Hemetti avaient commencé à tirer sur la foule, à l’aide de mitraillettes lourdes installé sur leurs pick-ups pour faucher les manifestants.
Les coups de feu ont continué pendant la nuit et provenaient de plusieurs directions autour du sit-in, où des milliers de personnes campaient et craignaient une fin violente.
Des manifestants ont formé des corridors humains menant aux cliniques, où les morts et les blessés étaient transportés sur des barrières arrachées au sol et soignés sur des bouts de lits ou des meubles, faute de lits.
Pour stopper toute progression des RSF, les manifestants ont arraché des pavés et ont construit de nouvelles barricades plus grandes que tout ce qui avait été vu jusque-là. Au matin, ils avaient étendu la zone de manifestation jusqu’à atteindre quasiment le palais présidentiel.
Les négociations ont repris et les RSF ont reculé. L’APS a convaincu les manifestants de démanteler les barricades et de retourner sur le sit-in. Mais la relation, déjà basée sur de la méfiance, s’est dégradée. Le sit-in ne ressemblait plus à un festival.
Le massacre. 3 juin
Dans les campements établis par les RSF, dans des bâtiments et des parcs qui n’étaient pas destinés à des baraques militaires, ils passaient généralement la nuit en vives discussions en buvant du thé et en racontant leur mission aux confins du Soudan, ou au Yémen, des endroits bien loin de la capitale dans laquelle ils se tenaient désormais.
Mais dans la nuit du 2 juin, ils ont su rompre cette habitude. Ils se sont couchés tôt, conscients de la mission qui les attendait avant l’aube.
Les manifestants qui avaient débattu jusque tard dans la nuit, rassemblés autour du sit-in, n’avaient aucune idée de ce qui allait arriver.
Ils ont reçu le premier signe lorsque les lumières ont été coupées, un peu après minuit.
De nombreux soldats se sont filmés se frayant un chemin dans la zone du sit-in, frappant les manifestants avec des bâtons et exigeant qu’ils chantent en faveur de l’armée
Dans les ténèbres au-delà du périmètre du sit-in, les camions transportant des RSF et d’autres membres de forces armées traversaient les rues de Khartoum vers le siège de l’armée, se massant de l’autre côté des barricades et sur l’autre rive du Nil.
À 5 h du matin, des balles ont sifflé dans les airs. De nombreux soldats, portant principalement l’uniforme des RSF, ont pris d’assaut la zone du sit-in, commençant côté nord, et se sont répandus entre les manifestants.
Les manifestants ont été abattus et d’autres ont été raflés. Des tentes ont été brûlées et certains morts ont été jetés dans le Nil. Ce que beaucoup redoutaient le 13 mai se concrétisait. De nombreux soldats se sont filmés se frayant un chemin dans la zone du sit-in, frappant les manifestants avec des bâtons et exigeant qu’ils chantent en faveur de l’armée. Quelques heures plus tard, il ne restait rien du sit-in qui avait duré pendant presque deux mois.
Dans les heures qui ont suivi, les RSF se sont emparées de la totalité de Khartoum, démantelant les barricades, effrayant les habitants de la ville dans leurs foyers, cherchant à réduire à néant la manifestation. Au moins 120 personnes ont été tuées ce jour-là.
La frappe et l’accord. 30 juin
La muselière passée aux manifestants ne les a pas entravés longtemps. En l’espace de quelques jours, les manifestations reprenaient.
Au lieu d’essayer de revenir sur le sit-in, les manifestants ont décidé de reprendre leurs activités de quartier, donnant l’ordre de construire des barricades pour contrecarrer les forces de sécurité avant de les abandonner au lieu de tenir tête aux balles. Ils reprenaient de la vigueur.
Les Forces de la liberté et du changement ont appelé à la désobéissance civile et à une grève générale qui a perturbé la stabilité que le Conseil militaire souhaitait imposer.
Ils ont appelé à une « marche d’un million » le 30 juin. Il s’est avéré que cette marche allait surprendre de nombreuses personnes par sa force, des dizaines de milliers de personnes descendant à Khartoum et des manifestations de masse ayant lieu dans tout le pays.
Le Conseil militaire a une fois de plus fait une démonstration de force, tuant au moins sept manifestants.
Les Forces de la liberté et du changement avaient toujours le pouvoir de négocier avec l’armée malgré le coup porté par le massacre du 3 juin.
En l’espace de quelques jours, ils ont décrété la fin de la désobéissance civile qui, pour beaucoup, acculait l’armée, et ont annoncé que des progrès avaient été réalisés vers un accord de partage de pouvoir. Cet accord a été signé le 17 juillet, et le Premier ministre, Abdallah Hamdok, a été nommé quelques semaines plus tard.
Gouvernement de transition. Août
Un ancien économiste de l’ONU, Abdallah Hamdok, a été désigné pour traiter l’un des problèmes les plus urgents du Soudan. Il a même nommé un cabinet civil qui a été plutôt bien accueilli et est devenu le visage international du gouvernement de transition.
Il a assisté à l’assemblée générale de l’ONU et a demandé à plusieurs reprises que le Soudan soit retiré de la liste américaine des États qui soutiennent le terrorisme, ce qui lui permettrait de percevoir une aide économique après des décennies de sanctions.
Cependant, cet arrangement est toujours regardé avec suspicion par beaucoup, même ceux qui souhaitent lui accorder le bénéfice du doute.
Un organisme connu sous le nom de Conseil souverain opère au côté du cabinet, divisé de manière égale entre civils et militaires, mais dirigé par des généraux pour les deux prochaines années. Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan reste son président et Hemetti opère officieusement comme son adjoint, utilisant même le titre bien que son rôle n’existe pas.
Tous deux ont continué à entretenir des relations avec l’Arabie saoudite, laquelle a fourni des fonds d’urgence au Soudan pour soutenir son économie, maintenant les relations nouées entre les deux pays lors de l’envoi de combattants soudanais au Yémen pour combattre pour la coalition saoudienne.
Les RSF de Hemetti construisent leur propre base de soutien grâce à du travail social à travers le pays. Ils fournissent des services de transport, bâtissent des écoles et distribuent des provisions, remplissant certains fossés que l’État n’a pas réussi à combler.
Mais les manifestations contre eux ont aussi continué. Bien que Khartoum reste calme, les frontières soudanaises ont été actives, même lors des violences. Les manifestations au Darfour sont régulières. Dans le Kordofan du Sud, un sit-in d’un mois a eu lieu contre l’utilisation du cyanure dans les opérations d’exploitation minière qui seraient dirigées par Hemetti. Lorsque les troupes des RSF ont finalement abandonné le site, elles auraient jeté des produits chimiques dangereux dans une rivière.
Certains ont à peine vu la différence. Certains des habitants d’un camp de déplacés du Darfour, chassés par les guerres de Béchir dans les années 2000, ont déclaré qu’ils n’étaient même pas conscients qu’il était parti.
Un jeune étudiant du Darfour qui vit à Khartoum affirme à MEE qu’il ne fait pas confiance aux dirigeants militaires.
« Je suis avec la révolution mais je ne sais pas si cela nous aidera, si cela aidera les gens en dehors de Khartoum », estime-t-il.
Pour l’instant, il attend de voir, mais si les progrès sont reportés trop longtemps, il projette de rejoindre les Soudanais qui visent l’Europe, se risquant à traverser la Libye et sa guerre et bravant les vagues de la Méditerranée.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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