L’Arabie saoudite armerait les Janjawids, accusés de crime de guerre au Soudan
L’Arabie saoudite a-t-elle armé les milices janjawids du Soudan ? C’est ce que semble croire Eric Woods du site d’information et de vérification britannique Bellingcat.
La milice janjawid, rebaptisée Forces de soutien rapide (RSF), est accusée de nombreux crimes de guerre au Soudan : le dernier remonte au 3 juin 2019, dans lequel 120 civils ont perdu la vie.
Les armes aux mains des Forces de soutien rapide auraient été exportées avec des équipements militaires serbes vers l’Arabie saoudite.
Il s’agit de versions serbes de fusils d’assaut Kalashnikov, fabriquées par Zastava : le M05, facilement reconnaissable, se démarque de son grand frère russe par des caractéristiques physiques comme la forme de la crosse.
Selon Bellingcat, le certificat d’utilisateur final, document légal validant un transfert d’armes, mentionnait que les milliers de fusils livrés n’étaient pas réexportables et étaient dédiés à l’usage unique du ministère saoudien de la Défense.
Le site cite les travaux du think tank Small Arms Survey, qui surveille la dissémination d’armes légères sur les théâtres de guerres dans le monde en vue de dénoncer les trafics et les violations des conventions internationales.
L’État récipiendaire des armes doit demander l’autorisation préalable avant de transférer les armes à une tierce partie
Paul Holtom, membre du think tank, affirme que le certificat d’utilisateur final représente une garantie politique et qu’elle implique que l’État récipiendaire des armes doit demander l’autorisation préalable avant de transférer les armes à une tierce partie.
Pour Matt Schroeder, lui aussi chercheur à Small Arms Survey, tout transfert en violation des assurances d’utilisation finale constitue une dérive.
Transfert illégal d’armes
Pour étayer ses dires, l’auteur de l’article s’appuie sur un certain nombre de preuves, des prises de guerre de miliciens houthis sur des supplétifs soudanais. Certains documents montrent que les armes sont serbes.
D’autres, des papiers d’identité indiquent que les combattants soudanais viennent de Nyala au Soudan, capitale du Darfour et plaque tournante de l’envoi de troupes et d’enfants soldats du Darfour vers les zones de guerre au Yémen.
Ce n’est pas la première accusation contre les forces de la coalition menée par l’Arabie saoudite concernant un transfert illégal d’armes.
En février 2019, une investigation menée par plusieurs journalistes de CNN avait démontré que de nombreuses armes américaines, commandées par l’Arabie saoudite et ses alliés, ont été abandonnées, vendues ou offertes à différentes milices opérant dans la région.
Avec des conséquences parfois inattendues : une des milices liées à al- Qaïda dans la péninsule arabique (AQAP), la brigade Abou Abbas, avait paradé en 2015 avec un véhicule blindé d’origine américaine OshKosh MA-TV dans la ville de Ta’izz au Yémen.
Le fondateur de cette brigade, inscrit sur une liste « terroriste » par les États-Unis en 2017, continuerait, selon CNN, à recevoir un support matériel de la part de la coalition et a vu sa brigade absorbée au sein de la 35e brigade de l’armée yéménite.
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