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Marion Maréchal-Le Pen, la très bienvenue au Liban 

Le président Aoun s’est félicité de la proposition de l’ex-députée de l’extrême droite française : une assistance pour son projet d’Académie de rencontre et de dialogue entre les hommes
L’ex-députée d’extrême droite, Marion Maréchal-Le Pen, est directrice de l’Institut des sciences sociales économiques et politiques de Lyon, ISSEP (AFP)
Par MEE

« Le président Aoun a été informé par Madame Marion Maréchal-Le Pen, directrice de l’Institut des sciences sociales économiques et politiques de Lyon, qu’elle mettait les moyens de son institut à la disposition de l’Académie de rencontre et de dialogue entre les hommes. » 

Ce tweet, publié le 8 octobre par la présidence libanaise, a fait réagir le politologue Walid Charara qui s’étonne que l’une des figures de l’extrême droite française soit si bien accueillie officiellement dans son pays, le Liban. 

« [Marion Maréchal-Le Pen et ses associés] ne croient ni aux rencontres ni au dialogue entre les hommes, eux qui ont une vision hiérarchique des peuples et des cultures, une vision résultante de leur idéologie raciste », écrit Charara dans une lettre adressée au président libanais publiée par le quotidien Al Akhbar.

Le Liban, terre de coexistence 

L’Académie de rencontre et de dialogue entre les hommes, initiative du président Michel Aoun, a été adoptée le 16 septembre dernier par l’Assemblée générale de l’ONU.

« De par sa société plurielle, où coexistent chrétiens et musulmans se partageant le pouvoir et l’administration, de par l’expertise acquise par ses ressortissants disséminés à travers le monde, de par la succession de civilisations et de cultures sur son sol au fil des siècles, le Liban est un exemple unique, habilité à créer une académie internationale chargée de promouvoir de telles valeurs : ‘’L’Académie de rencontre et de dialogue entre les hommes’’ », avait déclaré Michel Aoun devant l’Assemblée générale un an plutôt.  

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Cette semaine, l’ex-députée d’extrême droite a rencontré, à Beyrouth, plusieurs responsables politiques et religieux. Marion Maréchal-Le Pen a été reçue à Baabda (résidence du président) par Michel Aoun, en présence du ministre d’État pour les Affaires de la présidence de la République, Salim Jreissati.  

Rencontres au sommet

« Elle a affirmé que sa visite avait pour objectif la mise en place d’un projet de coopération avec les grandes universités du Liban et l’échange d’expériences et de connaissances », selon l’agence d’information libanaise. Elle a aussi rencontré le patriarche maronite Béchara Boutros Rahi et le leader druze Walid Jumblatt. 

La petite-fille de Jean-Marie Le Pen, qui dit avoir suspendu sa carrière politique, a ouvert en juin 2018 son propre Institut des sciences sociales économiques et politiques, basé à Lyon.

Le père de Marion Maréchal, journaliste et diplomate, travaillait également comme espion pour le Mossad 

« L’école que j’accompagne est libre et indépendante. Il ne s’agit pas d’un projet partisan. Nous souhaitons être le terreau dans lequel tous les courants de la droite pourront se retrouver et s’épanouir », expliquait-elle au magazine conservateur Valeurs Actuelles.  

Dans sa lettre au président libanais, le politologue Walid Charara ne rappelle pas seulement la lignée idéologique et politique extrémiste et raciste des Le Pen.

Il fait aussi mention du fait que le père biologique de Marion Maréchal, le diplomate, journaliste et ex-otage au Liban Roger Auque, décédé en 2014, travaillait également comme espion pour le Mossad israélien contre rémunération. Un fait révélé par Auque lui-même dans son ouvrage Au Service secret de la République, paru après sa disparition.  

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Le précédent Marine

L’épisode de la visite et de la bienveillance officielle à l’égard de Marion Maréchal-Le Pen en rappelle un autre.

Celui de la visite au Liban, en février 2017, en tant que candidate à la présidentielle, de sa tante, Marine Le Pen, présidente du Front national (devenu depuis Le Rassemblement national), dans un contexte où la chef de file de l’extrême droite française peinait à asseoir une image à l’international et avait beaucoup de difficultés à rencontrer des dirigeants étrangers. 

Marion Maréchal-Le Pen n’est officiellement candidate à aucun poste politique, mais lors de la dernière Convention de la droite en France, le 28 septembre, elle n’a pas hésité à lancer : « Demain, j’en suis intimement convaincue, nous serons au pouvoir. »

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