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Achat de Newcastle par des fonds saoudiens : BeIN et Amnesty International s’insurgent

Un consortium saoudien, dans lequel apparaît Mohammed ben Salmane, a versé une avance non remboursable de 19,5 millions d’euros au propriétaire de Newcastle, Mike Ashley
Le Saint James’ Park Stadium, terrain du célèbre club anglais Newcastle United (AFP)

L’éventuelle reprise du club anglais de Newcastle par des fonds saoudiens continue de faire des vagues : mercredi 22 avril, le groupe audiovisuel qatari BeIN a réclamé à la Premier League une enquête en raison, cette fois, d’un différend commercial.

Dans un courrier adressé aux présidents et dirigeants des clubs du championnat d’Angleterre, BeIN les exhorte à faire pression sur la Ligue professionnelle anglaise pour qu’elle ouvre une enquête afin de déterminer si les représentants saoudiens sont « les bonnes personnes » pour diriger Newcastle

« Ma requête est simplement basée sur le rôle du gouvernement d’Arabie saoudite dans le passé et le vol continu d’intérêts commerciaux au détriment de votre club, de la Premier League, des partenaires en charge de la diffusion télé et du football en général », écrit dans ce courrier Yousef al-Obaidly, le président de BeIN Sports. 

« Ce n’est pas une exagération de dire que le futur modèle économique du football est en jeu », ajoute-t-il.

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BeIN affirme que l’Arabie saoudite a mis en place depuis 2017 un système de diffusion pirate reprenant les images des dix chaînes sportives du groupe qatari pour les retransmettre dans les pays du monde arabe via satellite.

Ce service, baptisé BeoutQ, a depuis officiellement cessé ses retransmissions par satellite, mais BeIN affirme que les décodeurs et « box » distribués permettent toujours d’accéder aux programmes via internet.

Selon la presse britannique, un consortium saoudien, dans lequel apparaît le prince héritier Mohammed ben Salmane, a versé une avance non remboursable de 17 millions de livres (19,5 millions d’euros) au propriétaire de Newcastle, Mike Ashley, dans le cadre d’une offre de rachat de 300 millions de livres (345 millions d’euros).

Des documents soumis au registre commercial britannique et dévoilés le 15 avril font resurgir la perspective d’un possible rachat de Newcastle avec des fonds saoudiens.

Le groupe PCP Capital Partners, de la femme d’affaires britannique Amanda Staveley, connue pour ses liens avec le Moyen-Orient, a été autorisé à entrer à nouveau en négociations avec le propriétaire du club Mike Ashley, selon les documents soumis la semaine dernière au registre commercial britannique (Companies House).

« Vautours et prédateurs »

Ce groupe avait échoué en 2017 à racheter le club à son propriétaire controversé dans un feuilleton largement commenté dans les médias.

La Premier League doit maintenant vérifier que les acquéreurs potentiels remplissent ses critères par une série d’examens des actionnaires et des futurs dirigeants.

La Premier League doit vérifier que les acquéreurs potentiels remplissent ses critères

L’opération doit encore recevoir l’aval de l’English Premier League (EPL) qui gère le championnat d’Angleterre, une compétition confrontée, comme le reste du football mondial, à des difficultés financières en raison de la suspension des matches face à la pandémie de COVID-19.

Sur le plan économique, un investissement massif ferait beaucoup de bien à Newcastle : actuels 13e du championnat arrêté depuis le 7 mars, les « Magpies » ne sont plus le club qui jouait le titre au milieu des années 1990 ou au tout début des années 2000, dans le sillage d’Alan Shearer.

Le prix à payer peut sembler élevé alors que la pandémie de coronavirus menace toutes les sources de revenus des clubs : droits télé généreux, sponsoring ou billetterie.

Mais pour le Fonds d’investissement public (PIF) saoudien, piloté par Mohammed ben Salmane, qui pèse 320 milliards de dollars (295 milliards d’euros), l’immédiat après-coronavirus pourrait bien être le moment idéal pour se lancer et s’offrir une vitrine das un des championnats les plus suivis au monde.

Contacté, le PIF n’a pas répondu aux demandes de précisions de l’AFP.

Avec l’effondrement attendu du montant des transferts et une forte pression à la baisse sur les salaires des joueurs, le « ticket d’entrée » que devra payer Newcastle pour attirer des stars et s’installer à la table des grands pourrait être bien moins important.

« Les vautours et les prédateurs vont prendre les meilleurs éléments à des prix bradés », a déclaré à l’AFP Kieran Maguire, un expert en comptabilité sportive.

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Par ailleurs, dans un monde sans coronavirus, Newcastle aurait pu se heurter aux règles du Fair-Play Financier (FPF), mises en place par l’UEFA justement pour empêcher des ascension rapides comme celles des Émiratis avec City ou des Qataris avec le Paris SG, à coups de centaines de millions d’euros.

Mais pour atténuer le choc économique de la pandémie, l’UEFA a lancé un groupe de travail pour explorer des concessions au FPF qui pourraient favoriser les projets saoudiens à Newcastle.

Mardi, Amnesty International a écrit au président de la Premier League, Richard Masters, pour l’avertir du risque en matière d’image que court son institution.

« Tant que ces questions [sur les droits de l’homme en Arabie saoudite] ne seront pas réglées, la Premier League risque d’être bernée par ceux qui veulent utiliser le prestige et le glamour de la Premier League pour couvrir des actions profondément immorales », a prévenu Amnesty.

L’ONG avait déjà dénoncé le rachat de Manchester City par des fonds émiratis comme une tentative de blanchir la réputation du pays.

« Toutes les entreprises doivent se prémunir contre tout lien possible avec des violations des droits de l’homme et le football anglais n’y échappe pas », avait expliqué Amnesty International.

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