Sahara occidental : nouvelle attaque du Maroc contre l’Algérie
La crise sanitaire n’offre apparemment pas de trêve aux hostilités verbales entre Alger et Rabat. Lors de son intervention lundi 4 mai, au nom du roi Mohammed VI, par visioconférence au sommet en ligne du groupe de contact du Mouvement des non-alignés (NAM), le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita s’est attaqué au voisin algérien.
« Un pays voisin continue d’alimenter le séparatisme », a déclaré le chef de la diplomatie marocaine. « Ce pays, au lieu d’utiliser ses ressources pour améliorer la situation précaire de sa population dans le contexte de la pandémie du COVID-19, les détourne pour alimenter la déstabilisation régionale. »
« Malgré les circonstances actuelles exceptionnelles, un pays voisin continue d’alimenter le séparatisme, en violation des principes fondateurs du NAM », a poursuivi Nasser Bourita.
Cette déclaration intervient alors que le président algérien Abdelmadjid Tebboune, lors du même sommet, a lancé un appel au Conseil de sécurité des Nations unies « pour se réunir, dans les plus brefs délais, et adopter une résolution appelant solennellement à l’arrêt immédiat de toutes les hostilités à travers le monde, notamment en Libye, sans omettre les territoires occupés en Palestine et au Sahara occidental ».
Le président algérien avait appelé, le 9 février lors du sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, le secrétaire général des Nations unies à « hâter » la désignation de son envoyé personnel et à relancer le processus de règlement de la question du Sahara occidental.
Ce poste est vacant depuis mai 2017 après la démission, pour raisons de santé, de l’ancien président allemand Horst Köhler, 76 ans.
« Gesticulations »
Fin février 2020, les ministres des Affaires étrangères algérien et marocain ont échangé quelques piques à l’occasion de l’ouverture, par le Maroc, de représentations diplomatiques au Sahara occidental par des pays africains.
Vendredi 28 février 2020, Nasser Bourita avait ironisé sur la réaction algérienne face à l’ouverture de ces consulats : « Celui qui se prépare à rédiger des communiqués et à rappeler son ambassadeur pour consultation doit continuer sur cette voie. »
« Nasser Bourita aurait été ‘’surpris’’ que l’Algérie, ‘’sans la citer nommément’’, ait rappelé son ambassadeur en Côte d’Ivoire pour ‘’consultations’’ alors qu’elle n’a jamais pris ce type de mesures pour protester contre les États ayant ouvert des ambassades à Jérusalem. Une preuve de plus que, pour l’Algérie, la question du Sahara est ‘’peut-être sa première cause nationale’’ », rapportait le site d’information Algérie Eco.
Le lendemain, Alger avait réagi aux déclarations du ministre marocain des Affaires étrangères. Sabri Boukadoum, le chef de la diplomatie algérienne, avait qualifié les sorties de son homologue marocain de « gesticulations » et de « provocations ».
« En Algérie, toutes les autorités s’attachent à ne pas jeter de l’huile sur le feu, notamment lorsqu’il s’agit de nos rapports avec le Maroc, pays frère. Nous n’avons jamais tenu de propos inappropriés concernant le Maroc et le peuple marocain. Nous établissons nos relations sur l’avenir et non sur les insultes et le langage inconvenant », avait poursuivi le ministre algérien, assurant que les « paroles ne peuvent effacer la vérité ».
« Il existe des résolutions onusiennes claires et une loi internationale concernant la question du Sahara occidental, membre fondateur de l’Union africaine. »
Ce même mois de février, le Maroc a organisé pour la première fois un forum diplomatique au Sahara occidental, avec une douzaine d’États insulaires du Pacifique.
Fin janvier, la Coupe d’Afrique des nations de futsal a été organisée à Laâyoune, la plus grande ville de l’ancienne colonie espagnole au statut toujours indéfini que se disputent le Maroc et le Front Polisario. Quelques jours plus tôt, le Parlement marocain adoptait deux lois intégrant les eaux du Sahara occidental dans l’espace maritime du royaume.
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