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Michel Foucault, « violeur pédophile » lors de ses années tunisiennes ?

Le témoignage d’un auteur franco-américain accable un des maîtres de la philosophie du XXe siècle
Michel Foucault enseignait à l’université de Tunis à la fin des années 1960 (AFP)
Michel Foucault enseignait à l’université de Tunis à la fin des années 1960 (AFP)
Par MEE

Le grand philosophe français Michel Foucault pédocriminel ? C’est ce que révèle le Sunday Times dans son édition du 28 mars, à la suite d’une rencontre avec l’essayiste franco-américain Guy Sorman.

L’histoire remonte aux années 1965-1969, durant lesquelles Michel Foucault (1926-1984) vivait à Sidi Bou Saïd, près de Tunis, endroit fréquenté aussi par Guy Sorman à l’époque pendant les vacances de Pâques. Foucault enseignait à l’université de Tunis durant cette période.

« Il y avait des enfants de 8, 9 et 10 ans qui lui couraient après. [Foucault] leur jetait de l’argent en leur disant : ‘‘Rendez-vous à 22 heures à l’endroit habituel’’ », confie Sorman au Sunday Times.

L’endroit en question était le cimetière du village. « Il avait des rapports sexuels ici, sur les tombes, avec de jeunes garçons. La question de leur consentement n’était pas même soulevée. Il n’aurait jamais osé faire ça en France, il y a une dimension colonialiste là-dedans, un impérialisme blanc », poursuit Sorman, qui dit regretter de ne pas avoir dénoncé à l’époque les agissements de Foucault, qu’il juge « ignobles » et « moralement hideux ».

« La lâcheté des autorités tunisiennes de l’époque »

Ces révélations ne sont pas inédites. Le 13 mars, le même Guy Sorman, en promotion pour son Dictionnaire du Bullshit, témoignait sur un plateau de télévision de France 5 : « Ce que faisait Foucault avec de jeunes enfants en Tunisie, ce que j’ai vu et que je me suis reproché de ne pas avoir dénoncé à l’époque, me conduit, non pas à rejeter son œuvre, mais à la regarder avec un regard différent. Ce sont des choses parfaitement ignobles avec de jeunes enfants, des choses d’une laideur morale extrême. Je relis Foucault, mais je sais qui est Foucault, ce double regard s’impose. »

« Ce qui est condamnable et choquant, ce n’est pas uniquement la pédophilie de Michel Foucault et son cynisme ainsi que le silence de ceux qui le considéraient comme une vache sacrée », écrit le site tunisien Kapitalis, qui condamne surtout « la lâcheté des autorités tunisiennes de l’époque qui laissaient ses enfants se faire abuser par un pédophile ».

Sur les réseaux sociaux, des Tunisiens ont été choqués par cette révélation. « C’est un gigantesque séisme moral », commente un twitto, alors qu’un silence de plomb règne côté français : quasiment aucun média mainstream n’a repris les déclarations de Guy Sorman au Sunday Times.

« Curieusement, à l’heure où la question des violences sexuelles fait l’objet d’une extrême vigilance dans le débat public, cette sortie médiatique, aussi accablante soit-elle, n’a eu qu’un faible écho », écrit le magazine droitier Valeurs actuelles, une manière de cibler la sphère intellectuelle de gauche, dont Foucault est l’une des plus importantes icônes.

Cette affaire rappelle celle de l’écrivain Gabriel Matzneff, poursuivi pour apologie de la pédophilie, et dont les agissements pédophiles ont été dénoncés par l’auteure et éditrice Vanessa Springora, qui se dit une de ses victimes, dans son livre Consentement.

Matzneff était publiquement connu pour ses orientations sexuelles, les assumant même devant des médias, mais il était défendu par une partie du gotha médiatique et littéraire parisien.

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