Un prince saoudien accusé d’esclavage aurait laissé ses enfants « cracher au visage des domestiques » dans sa résidence parisienne
Des allégations selon lesquelles un prince saoudien laissait ses enfants « cracher au visage de ses domestiques » sont apparues dans le cadre d’une enquête dans laquelle il est accusé d’avoir retenu comme esclaves sept domestiques dans son appartement en région parisienne.
En début de semaine, le parquet de Nanterre a confirmé la tenue d’une enquête sur des allégations selon lesquelles ce membre de la famille royale saoudienne aurait réduit en esclavage sept domestiques dans une propriété en région parisienne.
Les sept femmes, pour la plupart originaires des Philippines, se sont présentées à la police après avoir quitté la demeure et ont contacté SOS Esclaves, une organisation française qui vient en aide aux personnes soumises à des conditions de travail proches de l’esclavage.
Anick Fougeroux, la présidente du groupe, a indiqué au Times que les femmes se rendaient chaque été en France avec la famille du prince depuis Riyad, où elles vivaient habituellement.
Lorsqu’elles étaient en France, elles logeaient dans une résidence de Neuilly-sur-Seine, dans la banlieue ouest de Paris, et devaient rester debout jusqu’à ce que le prince et son épouse aillent se coucher, ce qu’ils faisaient souvent à 3 heures du matin.
« Si la princesse avait soif à 3 h 10 du matin, elles étaient censées être à sa disposition pour lui servir un verre », explique Anick Fougeroux.
« Le problème, c’était qu’elles devaient toutes se lever à 7 heures pour les enfants, tandis que le prince et la princesse restaient au lit jusqu’à midi. »
« Affamées et souvent en larmes »
L’une des domestiques lui a indiqué que les enfants étaient autorisés à lui cracher au visage, tandis qu’une autre a affirmé qu’elle avait été forcée de dormir par terre au pied du lit de la princesse lorsque le plus jeune enfant était bébé, afin de s’en occuper toute la nuit et de laisser la princesse dormir.
Selon Anick Fougeroux, les domestiques philippines mangeaient les restes des plats cuisinés pour le prince et son épouse, qui leur étaient laissés dans la cuisine. Leurs employeurs verrouillaient la cuisine en dehors des heures de repas prévues. Si elles étaient appelées par leurs employeurs pendant ces heures, elles ne mangeaient pas.
« Elles étaient affamées et souvent en larmes à cause de cela », explique Anick Fougeroux.
Les employées étaient également tenues d’assouvir les souhaits des quatre enfants du prince et placées sous vidéosurveillance. Si leurs employeurs voyaient un enfant pleurer, la nourrice qui s’en occupait était giflée sur les deux joues.
« Si elles emmenaient les enfants au Jardin d’Acclimatation et qu’ils voulaient sept glaces, elles étaient censées leur acheter sept glaces. Mais si l’enfant avait mal au ventre en rentrant à la maison, les ennuis commençaient pour elles », rapporte la présidente de SOS Esclaves.
Le droit français prévoit une peine maximale de dix ans d’emprisonnement pour le délit d’esclavage moderne. Cependant, selon une source policière citée par le journal, les services de police n’ont pas pu interroger le prince car il a quitté la France.
Le Parisien rapporte que le membre de la famille royale possèderait un passeport diplomatique, ce qui lui confèrerait une immunité contre les poursuites.
Les organisations de défense des droits de l’homme critiquent souvent les mauvais traitements infligés au personnel de maison dans le royaume ainsi que le système de la kafala, qui lie les travailleurs immigrés à un seul employeur. Elles dénoncent une politique d’exploitation et une forme d’esclavage moderne.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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