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Guerre d’Algérie : Macron « demande pardon » aux harkis et leur promet « réparation »

En demandant pardon aux harkis, au nom de la France, le président français estime que son pays a « manqué à ses devoirs » à leur égard
Le 20 septembre 2021 à l’Élysée, Emmanuel Macron décore le l’ancien général François Meyer, qui a organisé le rapatriement « de plusieurs centaines de harkis en désobéissant aux ordres » (AFP/Gonzalo Fuentes)
Le 20 septembre 2021 à l’Élysée, Emmanuel Macron décore l’ancien général François Meyer, qui a organisé le rapatriement « de plusieurs centaines de harkis en désobéissant aux ordres » (AFP/Gonzalo Fuentes)

Le président Emmanuel Macron a demandé lundi « pardon » au nom de la France aux harkis, auxiliaires musulmans ayant combattu aux côtés de l’armée française durant la guerre d’Algérie (1954–1962), annonçant l’adoption prochaine d’une loi « de réparation ».

Une déclaration historique, qui rompt avec une ambiguïté mémorielle qui a oscillé depuis 60 ans entre soutien et non-dits, pour ménager l’Algérie.

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« Aux combattants, je veux dire notre reconnaissance ; nous n’oublierons pas. Je demande pardon, nous n’oublierons pas », a déclaré le président lors d’une cérémonie d’hommage au palais de l’Élysée, en présence d’anciens harkis, de leurs descendants, de responsables d’associations et de personnalités.

Il a promis la présentation « avant la fin de l’année d’un projet visant à inscrire dans le marbre de nos lois la reconnaissance et la réparation à l’égard des harkis ».

« L’honneur des harkis doit être gravé dans la mémoire nationale », a-t-il ajouté, en appelant à « panser les plaies » qui doivent être « fermées par des paroles de vérité, gestes de mémoire et actes de justice ».

« Manquement de la République française à ses propres valeurs »

Emmanuel Macron, en demandant pardon au nom de la France aux harkis, estimant que le pays avait « manqué à ses devoirs » à leur égard, va ainsi plus loin que son prédécesseur François Hollande qui, en 2016, avait reconnu « les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis ». 

« Le président considère que le travail accompli depuis soixante ans est important mais qu’il faut franchir un nouveau pas dans la reconnaissance au manquement qui a été fait aux harkis mais aussi au manquement de la République française à ses propres valeurs », a-t-on expliqué à l’Élysée.

Au cours de la réception de lundi, le président a décoré Salah Abdelkrim, un harki blessé au combat, un officier français, le général François Meyer, qui a organisé le rapatriement « de plusieurs centaines de harkis en désobéissant aux ordres », et une fille de harki, Bornia Tarall, « militante de l’égalité des chances et de la diversité ».

Une plainte pour « crimes contre l’humanité » déposée par huit harkis en août 2001 à Paris, qui faisait état de 150 000 victimes, n’a pas abouti

Jusqu’à 200 000 combattants musulmans ont été recrutés comme auxiliaires de l’armée française pendant le conflit qui opposa de 1954 à 1962 les nationalistes algériens à la France.

Le terme « harki » désignait au départ un individu servant dans une des formations paramilitaires supplétives de l’armée française en Algérie : une « harka » (harka signifiant en arabe « mouvement » et ici « groupe mobile »).

Au lendemain des accords d’Évian du 18 mars 1962, consacrant la défaite française en Algérie, le gouvernement français refuse leur rapatriement massif.

Seuls quelque 42 000 harkis – accompagnés parfois de leurs femmes et enfants – sont évacués en France par l’armée et transitent par des camps aux conditions de vie souvent indignes. 

Quelque 40 000 autres y parviennent par des filières semi-clandestines ou clandestines. Au total, entre 80 000 et 90 000 personnes arrivent en France selon certaines estimations, pour la majorité entre 1962 et 1965.

Les autres, désarmés, sont livrés à leur sort en Algérie. Considérés comme des traîtres par le nouveau régime, ils sont victimes avec leurs familles de sanglantes représailles.

Pierre Messmer, à l’époque ministre des Armées du général de Gaulle, déclarera en 2003 que « la position de la France était la seule possible », « inévitable et légitime ».

Une plainte pour « crimes contre l’humanité » déposée par huit harkis en août 2001 à Paris, qui faisait état de 150 000 victimes, n’a pas abouti.

Doublement rejetés

Les harkis et leurs descendants formeraient aujourd’hui une communauté de plusieurs centaines de milliers de personnes.

Depuis 1974, plusieurs enfants de harkis ont mené des grèves de la faim et marches de protestation pour obtenir la reconnaissance de leur drame et une amélioration de leur sort.

Leurs parents ont connu une intégration difficile en France, à la fois assimilés à des immigrés et rejetés par les immigrés. 

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En 2000, le président algérien Abdelaziz Bouteflika les avait qualifiés de « collaborateurs » et, tout en critiquant leurs conditions de logement en France, avait exclu leur retour en Algérie, qui selon lui n’était « pas leur pays ».

En août 2001, la France a instauré la première journée d’hommage national aux harkis, fixée au 25 septembre.

Ce jour-là, le président Jacques Chirac déclarait que « les massacres commis en 1962, frappant les militaires comme les civils, les femmes comme les enfants, laisseront pour toujours l’empreinte de la barbarie. Ils doivent être reconnus ».

Le 23 février 2005, une loi prévoyait une allocation de reconnaissance pour « les harkis, leurs orphelins et les rapatriés d’origine européenne ».

En 2018, un « plan harkis » a débloqué 40 millions d’euros sur quatre ans pour revaloriser notamment les pensions des anciens combattants et aider leurs descendants dans la précarité. Un montant que les représentants harkis ont jugé très insuffisant.

La même année, le Conseil d’État a condamné pour la première fois l’État à indemniser un fils de harki ayant subi des « séquelles » liées aux conditions de vie « indignes » dans les camps où il avait vécu en France.

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