Les grandes pertes et profits de l’AIPAC et des organisations pro-Israël lors des élections de mi-mandat
Cette année, les Super PACs pro-Israël ont dépensé des millions de dollars lors des élections de mi-mandataméricaines, espérant faire pencher la balance en leur faveur lors de duels clés. Cependant, malgré d’importantes dépenses dans certains districts, cela n’a pas suffi.
Mercredi matin, l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) s’est réjoui des résultats des élections, affirmant avoir permis à de nombreux candidats qu’il soutenait ou finançait de remporter la victoire.
« Nous félicitons les sénateurs et représentants élus et réélus des deux partis qui vont rejoindre un Congrès majoritairement pro-Israël », indiquait mercredi l’AIPAC dans un communiqué.
« Malgré l’affrontement féroce entre les camps lors de cette élection, l’engagement bipartisan en faveur de l’alliance israélo-américaine reste inébranlable. »
L’AIPAC se réjouit de la victoire d’un certain nombre de démocrates pro-Israël élus mardi soir, parmi lesquels Don Davis, Jared Moskowitz, Robert Garcia, Valerie Foushee et Glenn Ivey. L’organisation pro-Israël a dépensé 6 millions de dollars lors de l’élection à la primaire de ce dernier en juillet.
Valerie Foushee a elle aussi perçu des millions de dollars de l’AIPAC et d’autres organisations en faveur d’Israël lors de la primaire au cours de laquelle elle a vaincu la candidate progressiste Nida Allam, qui avait critiqué le traitement des Palestiniens par Israël.
Middle East Eye revient sur les grandes pertes et profits de l’AIPAC et des organisations pro-Israël lors de ces élections de mi-mandat.
Summer Lee plus forte que la campagne de 4 millions de dollars contre elle
La plus grande défaite de ces organisations a eu lieu à l’élection au Congrès dans le 12e district de Pennsylvanie, où la progressiste Summer Lee a vaincu son opposant républicain Mike Doyle.
L’AIPAC et d’autres organisations pro-Israël ont dépensé plus d’un million de dollars ces derniers jours, une tentative de dernière minute pour donner un élan à son opposant. Cela s’ajoute aux 3 millions de dollars dépensés par l’organisation pour soutenir son opposant à la primaire démocrate en début d’année.
Summer Lee, alors représentante locale de Pennsylvanie, s’est attiré les foudres des organisations pro-Israël après avoir fait sur Twitter un parallèle entre les États-Unis et Israël et la façon dont les Américains utilisent le terme « légitime défense » pour justifier le recours à « la force et la puissance aveugles et disproportionnées contre les [populations] faibles et marginalisées ».
Et pourtant, malgré ces dépenses de dernière minute, Lee a remporté facilement l’élection, battant son opposant Mike Doyle de plus de 10 points.
Summer Lee, soutenue par le groupe sioniste libéral J Street, a également reçu un énorme soutien de la communauté juive de Pennsylvanie.
La semaine dernière, plus de 240 juifs de Pittsburgh ont publié une lettre soutenant sa candidature au Congrès et condamnant l’AIPAC pour ses attaques contre l’élue.
Fetterman contre Oz
L’un des duels les plus anticipés était l’élection au Sénat de Pennsylvanie entre le républicain Mehmet Oz, personnalité de la télé d’origine turque, et le démocrate John Fetterman.
Ce dernier l’a emporté avec une marge confortable de plus de 5 points, malgré une chute dans les sondages après une piètre performance lors d’un débat télévisé contre Oz le mois dernier, alors qu’il était toujours en convalescence après un AVC subi pendant la campagne.
Cette élection a reçu non seulement une attention nationale, mais aussi un afflux de liquidités provenant de diverses organisations pro-Israël qui ont arrosé les deux candidats.
John Fetterman était soutenu par le PAC de J Street et celui de Democratic Council of America qui ont dépensé plus de 500 000 dollars pour soutenir le lieutenant-gouverneur.
Du côté d’Oz, le Republican Jewish Coalition's Victory Fund a dépensé 1,5 million de dollars en septembre pour une série de spots contre Fetterman. C’est la somme la plus élevée dépensée sur un seul poste pour une campagne sénatoriale.
Une importante démocrate pro-Israël perd en Virginie
Elaine Luria, membre du Congrès et l’une des démocrates les plus pro-Israël, a perdu face à son opposante républicaine Jen Kiggans d’environ 4 points, portant un coup significatif à la branche pro-Israël du Parti démocrate.
Elaine Luria est un fervent soutien d’Israël, ainsi que de l’AIPAC ; en 2020, la législatrice avait condamné la critique du lobby pro-Israël par le sénateur Bernie Sanders. Selon OpenSecrets, cette législatrice a perçu plus de 700 000 dollars de la part de donateurs pro-Israël.
L’AIPAC a identifié ce duel entre Luria et Kiggans dans le 2e district de Virginie comme l’un des principaux affrontements de ces élections de mi-mandat.
Cependant, une autre démocrate pro-Israël de l’État, Abigail Spanberger, a remporté de peu son duel et a assuré sa réélection au Congrès.
Elle a reçu près de 300 000 dollars d’organisations pro-Israël pour ces élections.
L’AIPAC soutient des candidats républicains d’extrême droite
Depuis des décennies, l’AIPAC s’est présenté comme un bénéficiaire d’un soutien bipartisan à Washington.
De nombreux démocrates et républicains de premier plan assistent à sa conférence annuelle pour dire comment ils feraient pour maintenir une relation forte entre Israël et les États-Unis.
Cependant, les choses ont changé ces dernières années. Les démocrates et progressistes se montrent de plus en plus critiques envers l’AIPAC ainsi qu’envers le gouvernement israélien.
Ce changement est également visible dans l’approche des élections de mi-mandat par les organisations pro-Israël : elles ont créé un Super PAC pour faire des dons à des campagnes spécifiques.
Ce comité d’action politique, l’AIPAC PAC, est allé jusqu’à soutenir un certain nombre de candidats qui ont pour beaucoup nié les résultats de l’élection présidentielle de 2020.
Le United Democracy Project (UDP), un Super PAC affilié à l’AIPAC, a également dépensé des dizaines de millions de dollars lors de ces élections pour s’opposer aux candidats jugés trop critiques vis-à-vis d’Israël.
Ces soutiens et l’argent dépensé par l’AIPAC cette année pour des candidats de droite ont suscité de vives critiques de la part des législateurs de gauche, dont le sénateur Bernie Sanders qui qualifiait en mai la bataille contre l’AIPAC de « guerre ».
Mercredi après-midi, l’UDP, a publié un communiqué concernant ses dépenses lors des élections et mettant en garde les candidats qui critiquent Israël.
« Ceux qui cherchent à saper le partenariat américain avec Israël peuvent s’attendre à une réponse politique forte et inflexible », prévient le Super PAC affilié à l’AIPAC.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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