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Les humanitaires s’alarment de la crise à venir dans le nord-ouest de la Syrie

Alors que les routes endommagées par les séismes empêchent l’aide humanitaire d’arriver de Turquie et les malades d’êtres évacués, les Syriens réfugiés dans les tentes meurent déjà de froid ou intoxiqués par les fumées dégagées par les feux improvisés pour avoir chaud
Des petits Syriens regardent par la fenêtre d’une fenêtre de tente, dans un abri d’urgence, au nord de la province d’Idleb, tenue par les rebelles, un jour après les séismes qui ont frappé la Turquie et la Syrie (AFP/Abdulaziz Ketaz)
Des petits Syriens regardent par la fenêtre d’une fenêtre de tente, dans un abri d’urgence, au nord de la province d’Idleb, tenue par les rebelles, un jour après les séismes qui ont frappé la Turquie et la Syrie (AFP/Abdulaziz Ketaz)

Les agences d’aide mettent en garde contre une catastrophe humanitaire imminente dans le nord-ouest de la Syrie après l’interruption de l’aide vitale de l’ONU arrivant de la Turquie vers les zones tenues par les rebelles.

Les séismes, qui a coûté la vie à plus de 11 200 personnes dans les deux pays dont plus de 1 400 en Syrie, a décimé des immeubles à Idleb et dans le nord d’Alep, forçant de nombreux déplacés syriens à chercher refuge dans des champs et sous des arbres dans des conditions météorologiques glaciales.

La majeure partie des destructions en Syrie se trouvent dans des zones non contrôlées par le président Bachar al-Assad, dans un pays meurtri par douze ans de guerre.

« Une tempête de neige est prévue pour les semaines à venir, et avec des personnes déjà déplacées et assises dans des tentes, la situation va empirer » - Ahmed Mahmoud, directeur national de l’ONG Islamic Relief pour la Syrie. En photo : un camp de déplacés au nord-ouest d’Idleb (AFP/Aaref Watad)
« Une tempête de neige est prévue pour les semaines à venir, et avec des personnes déjà déplacées et assises dans des tentes, la situation va empirer » - Ahmed Mahmoud, directeur national de l’ONG Islamic Relief pour la Syrie. En photo : un camp de déplacés au nord-ouest d’Idleb (AFP/Aaref Watad)

Selon les représentants de trois agences d’aide humanitaire qui ont témoigné à Middle East Eye, les dommages causés aux routes menant au point de passage de Bab al-Hawa, à la frontière syro-turque, ont gravement perturbé les livraisons, aggravant ainsi la crise.

Le poste frontière de Bab al-Hawa est la seule bouée de sauvetage pour des millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie vivant dans des zones hors du contrôle du gouvernement syrien.

Le passage est régi par la municipalité locale de la province turque de Hatay, là où a été détecté l’épicentre du tremblement de terre, et les travailleurs humanitaires disent qu’il n’est pas clair quand les services complets reprendront et comment l’aide parviendra aux personnes touchées.

Les transferts de patients interrompus

Ahmed Mahmoud, directeur national de l’ONG Islamic Relief pour la Syrie, explique à MEE que la Turquie a déjà interrompu les transferts de patients hospitalisés dans un état critique alors qu’elle est aux prises avec les conséquences du séisme meurtrier.

« Un tiers de toutes les victimes du tremblement de terre de lundi se trouvent à Hatay, ce qui signifie que les autorités locales sont actuellement sollicitées et font de leur mieux pour aider les blessés en Turquie », souligne-t-il.

« Le tremblement de terre a détruit les routes, le port, et endommagé la centrale électrique locale, ce qui signifie que les zones proches de la frontière turque en Syrie n’ont pas eu l’électricité pour cuisiner et chauffer leurs maisons. »

VIDÉO : Des secouristes sauvent des personnes piégées sous les décombres après les séismes en Turquie et en Syrie
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Selon Ahmed Mahmoud, de nombreuses personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays sont maintenant obligées de chercher à nouveau un abri ou d’héberger ceux qui ont perdu leur maison.

« Avant, c’étaient les gens dans les immeubles qui aidaient les moins nantis. Maintenant, ce sont les gens qui vivent dans des tentes qui aident ceux qui vivent dans des immeubles parce qu’ils ne sont plus en sécurité », résume-t-il.

Hamzah Barhameyeh, porte-parole de l’organisation World Vision, explique à MEE que si l’insécurité alimentaire était jusqu’ici une grande préoccupation, aujourd’hui, les températures glaciales qui touchent la région sont une bien plus grande source d’inquiétude.

« Des milliers de Syriens vont dormir dehors après avoir quitté leurs maisons, craignant d’autres effondrements de bâtiments et de répliques », note-t-il « Les températures dans le nord-ouest de la Syrie ont parfois atteint moins de cinq degrés et de fortes pluies tombent sur les camps de déplacés internes. »

« Beaucoup brûlent tout ce qui leur tombe sous la main juste pour rester au chaud » - Ahmed Aziz, directeur de programme pour la Fondation Big Heart (AFP/Aaref Watad)
« Beaucoup brûlent tout ce qui leur tombe sous la main juste pour rester au chaud » - Ahmed Aziz, directeur de programme pour la Fondation Big Heart (AFP/Aaref Watad)

Ahmed Aziz, directeur de programme pour la Fondation Big Heart, relève que les routes décimées par le tremblement de terre ont rendu difficile la coordination des efforts de sauvetage, les barrages routiers entravant les efforts de sauvetage à Afrin (nord-ouest), où il est basé.

Les agences d’aide, préoccupées par la manière de naviguer entre les attaques des forces gouvernementales syriennes, n’avaient rien de prévu en cas de tremblement de terre.

« Nous avons énormément souffert au cours de la dernière décennie, mais rien ne pouvait nous préparer à quelque chose comme ça », confie-t-il à MEE. « Ironie du sort, l’endroit le plus sûr pour ma famille en ce moment n’est pas un bâtiment mais une tente. »

« Comme des milliers de personnes, avec ma famille, nous campons au milieu d’un champ, à attendre et prier pour qu’il n’y ait plus de tremblements de terre. Beaucoup brûlent tout ce qui leur tombe sous la main juste pour rester au chaud. »

Fumées toxiques

Mohamed Yakoob, un travailleur humanitaire indépendant à Azaz, a également fui avec sa famille lorsque le tremblement de terre a frappé.

Il vit désormais enfermé dans sa voiture avec quelques effets personnels. Le tremblement de terre, explique-t-il, est un traumatisme complètement nouveau pour les Syriens comme lui.

« Nous avons été bombardés et déplacés, mais nous n’avons jamais fait face à une catastrophe comme celle-ci. Le bâtiment pourrait s’effondrer sur nous à tout moment. »

Depuis le tremblement de terre, une centrale électrique turque qui alimente la région étant tombée en panne, il n’y a plus d’électricité à Azaz.

« Où que vous alliez, il y a des dégâts. Il ne reste plus rien. »

« Certains mettent accidentellement le feu à leurs tentes ou suffoquent à cause des fumées à l’intérieur des tentes »

- Ahmed Mahmoud, directeur national de l’ONG Islamic Relief pour la Syrie

Les agences d’aide humanitaire se préparent maintenant au pire, avec des températures qui devraient encore chuter dans le nord-ouest de la Syrie.

Pour Ahmed Mahmoud, la plus grande préoccupation de son ONG est que les personnes, coincés dans des tentes, meurent à cause des températures glaciales ou suffoquent à cause des fumées toxiques émanant des feux que les Syriens allument pour avoir chaud.

« Nous recevons déjà des informations faisant état de victimes parmi les enfants et les personnes âgées qui tombent malades et meurent à cause du froid », rapporte Ahmed Mahmoud, qui se trouve à la frontière turque avec la Syrie pour surveiller la situation.

« Les gens dans les tentes brûlent tout ce qu’ils peuvent trouver. Certains mettent accidentellement le feu à leurs tentes ou suffoquent à cause des fumées à l’intérieur des tentes. Une tempête de neige est prévue pour les semaines à venir, et avec des personnes déjà déplacées et assises dans des tentes, la situation va empirer ».

Traduit de l’anglais (original) et actualisé.

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