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Algériens et Marocains se disputent la propriété du haïk

Les guéguerres autour de l’appropriation culturelle entre les deux pays voisins ne semblent pas connaître de répit
Déambulation le 8 mars 2023 dans les rues de Tanger, nord du Maroc, de Marocaines portant le haïk traditionnel (Twitter)
Déambulation le 8 mars 2023 dans les rues de Tanger, dans le nord du Maroc, de Marocaines portant le haïk traditionnel (Twitter)
Par MEE

Après le couscous, le raï ou encore le zellige, la bataille entre Algériens et Marocains autour du patrimoine connaît un nouvel épisode.

Cette fois-ci, c’est le haïk, longue pièce de tissu blanc ou écru enveloppant la femme de la tête aux pieds, que les internautes des deux pays voisins réclament comme étant originellement le leur.

Tout a commencé par une vidéo sur les réseaux sociaux montant la déambulation de femmes, à Tanger (nord du Maroc), arborant un haïk à l’occasion du 8 mars, journée internationale des droits des femmes.

Le compte Twitter qui a publié la photo explique par ailleurs : « Les haïks étaient traditionnellement cousus à Fès [qui était le centre de la mode avec ses milliers d’ateliers] puis étaient exportés dans plusieurs villes d’Afrique du Nord […] Ce qui explique pourquoi on retrouve cette tenue un peu partout de Tanger en Libye en passant par Alger ».

Ces images et ces assertions sur l’origine de ce vêtement ancestral ont, sans surprise, déclenché colères et polémiques côté algérien, avec des répliques côté marocain.

Le célèbre journaliste et commentateur sportif algérien Hafid Derradji a par exemple twitté : « Comme le burnous que portait mon grand-père, le haïk est un habit traditionnel algérien, porté par ma mère et d’autres mères algériennes dans la capitale, à l’est et à l’ouest du pays. »

« Ce n’est pas seulement une tenue traditionnelle authentique, mais aussi un des symboles de l’identité nationale, de la décence, de la chasteté et de l’honneur, sous lequel les combattantes dissimulaient des bombes et des armes. L’origine est algérienne et le reste n’est qu’imitation. »  

Sa collègue journaliste d’Al Jazeera, l’Algérienne Khadidja Bengana, abonde dans ce sens, expliquant dans une vidéo la manière de porter le haïk et le fait qu’il était, notamment, l’habit des combattantes de la guerre d’indépendance algérienne :

Les archives vidéo et photographiques sont convoquées par les deux parties pour prouver la paternité du haïk. On exhume aussi de vieux écrits historiques ou des témoignages d’époque.

Traduction : « Une rare vidéo datant de 1896 montre une femme algérienne marchant dans les rues de la capitale vêtue d’un haïk algérois. »

Traduction : « Hey les Algériens, je ne voulais pas parler de haïk, car c’est juste un vêtement que les femmes maghrébines portaient au temps de la pudeur. Ma grand-mère, décédée il y a un demi-siècle, le portait, ainsi que sa grand-mère. C’est-à-dire qu’il s’agit d’un habit porté par les femmes au Maroc pendant plus de deux siècles. Je suis sûr à 1 000 000 % que vous souffrez d’un trouble mental grave. »

D’autres internautes algériens rappellent que ce genre de rassemblements en haïk a été initié en Algérie quand des jeunes femmes, ces dernières années, ont organisé des défilés vêtues de cette tenue traditionnelle dans les rues d’Alger pendant des fêtes nationales, à l’image de celle de l’indépendance le 5 juillet.

Commentant ces chamailleries répétitives, le site d’information algérien TSA écrit : « Dans les deux clans, chacun proclame tout et n’importe quoi comme appartenant à son patrimoine culturel, juste pour le principe. Un seul mot d’ordre : compétition et dévalorisation, point d’unicité. Provocation, ignorance ou simple mépris de l’autre ? Toujours est-il malheureusement que les relations houleuses entre Marocains et Algériens n’ont pas l’air de vouloir s’apaiser. »

Le même média rappelle que la semaine passée, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a appelé, lors de la cérémonie du 8 mars, à protéger le patrimoine culturel national et les tenues traditionnelles algériennes de « l’imitation », du « vol » et des « tentatives d’appropriation ».

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