Détente entre l’Arabie saoudite et l’Iran : vers une sortie de crise au Yémen
Une délégation diplomatique saoudienne est arrivée samedi 8 avril à Téhéran pour discuter de la réouverture de la représentation diplomatique du royaume dans la République islamique.
Cette visite survient deux jours après une rencontre historique à Beijing entre les chefs de la diplomatie des deux pays.
Les deux ministres des Affaires étrangères, l’Iranien Hossein Amir Abdollahian et le Saoudien Fayçal ben Farhane, ont assuré jeudi à Beijing que les deux parties s’étaient engagées à poursuivre leur travail de rapprochement, moins d’un mois après un accord surprise pour normaliser leurs relations.
CYNISME. La reprise des relations entre l’#Iran et l’Arabie saoudite sur le dos des manifestants iraniens,
— Armin Arefi (@arminarefi) April 6, 2023
illustrée par la poignée de main entre @Amirabdolahian et @FaisalbinFarhan, montre à qui en doutait encore qu’à Téhéran comme à Riyad, on reste unis contre la démocratie. pic.twitter.com/go7Bb4AimD
La visite à Téhéran de responsables saoudiens intervient en « application de l’accord tripartite » du 10 mars entre les deux poids lourds de la région et la Chine pour le rétablissement de leurs relations après sept ans de rupture, a indiqué le ministère saoudien des Affaires étrangères, cité par l’agence officielle saoudienne SPA.
Selon le chef du protocole iranien au siège du ministère iranien des Affaires étrangères, Mehdi Honardoust, « la disposition et la volonté de son pays à fournir toutes les facilités et le soutien pour aider la délégation saoudienne dans sa mission », a précisé SPA.
Levée totale du blocus
Ce climat de détente pourrait avoir des répercussions sur plusieurs conflits régionaux, notamment au Yémen, où les deux pays soutiennent des camps opposés.
Des médiateurs omanais sont d’ailleurs arrivés à Sanaa samedi pour discuter avec les Houthis, proches de l’Iran, d’une trêve au Yémen avec l’Arabie saoudite, qui soutient le gouvernement yéménite, selon une source aéroportuaire.
Ces médiateurs sont accompagnés de Mohammed Abdelsalam, négociateur en chef des Houthis, qui vit à Mascate. Le sultanat d’Oman joue depuis des années un rôle de médiateur incontournable dans le Golfe.
Et selon l’agence de presse des Houthis, Saba, il a rapporté que les demandes des Houthis étaient « la fin de l’agression [saoudienne], la levée totale du blocus, le paiement des salaires de tous les fonctionnaires avec des recettes pétrolières et gazières ».
La coalition dirigée par l’Arabie saoudite contrôle tout l’espace aérien et maritime du Yémen, y compris les zones tenues par les Houthis qui dénoncent un « blocus ».
« Nos demandes justes sont le départ des forces d’occupation du Yémen, des compensations et la reconstruction », a ajouté Mohammed Abdelsalam.
Dans le même temps, le chef du comité des prisonniers de guerre des Houthis, Abdel Kader al-Murtada, a annoncé à des médias houthis l’arrivée samedi à l’aéroport de Sanaa de « treize prisonniers libérés par les autorités saoudiennes en échange d’un détenu saoudien » qui avait été relâché plus tôt.
Les autorités saoudiennes n’ont pas commenté cette annonce.
En mars, le gouvernement yéménite et les Houthis avaient conclu un accord à Berne sur un échange de plus de 880 prisonniers.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].