Liban : la chanteuse Elissa provoque la polémique en demandant aux réfugiés de rentrer dans leurs pays
La chanteuse libanaise Elissa est au centre d’une vive polémique après son tweet, daté du 7 avril, concernant les réfugiés au Liban. « Mon amour pour mon pays et pour ses intérêts est une source de fierté. Je n’ai jamais manqué de respect à aucun peuple dans ma vie, alors comment oserais-je le faire pour mon peuple arabe ? Je n’humilie personne en lui demandant de rentrer dans son pays, parce que le pays est la dignité d’un homme. Et parce que je vous aime, je souhaite que vous retourniez tous dans vos pays d’origine. »
Ce message a fait réagir les internautes, qui ont dénoncé ce qu’ils qualifient de discours de haine contre les réfugiés au Liban, surtout les Syriens ayant fui la guerre dans leur pays.
— شرطة تويتر (@to_be_carefull) April 7, 2023
Traduction : « Je ne peux pas croire pas qu’un artiste avec un large public ait pu faire des propos racistes et haineux aussi rétrogrades envers les peuples palestinien et syrien. Ce sont là les actions d’un artiste qui a un album à venir ?! Vous terminez votre carrière d’une manière très laide. Allez faire de la politique et laissez l’art de côté. Artiste et raciste, ça ne marche pas ensemble. »
Une autre chanteuse a tenu à répondre à Elissa. La Syrienne Assala a twitté : « Nous sommes tous quelque part des réfugiés, et personne ne possède de place définitive dans aucun pays. Nous sommes tous de passage, quelle que soit la durée de notre visite. Nous devons avoir pitié les uns des autres. Le monde est difficile, et les conditions des gens sont difficiles. »
L’artiste syrienne a néanmoins nuancé ses propos pour éviter le clash avec Elissa, en publiant sur Twitter : « Nous avons des divergences d’opinions, je ne veux pas qu’on se fâche. Elissa est ma chérie et ma compagne, et il y a des désaccords entre amis sur les opinions et même sur les principes. »
Mais d’autres internautes ont donné raison à Elissa : « Où est l’erreur dans ce qu’Elissa a dit ? Le Liban est un pays de cinq millions d’habitants, supportant plus d’un million et demi de réfugiés. Le Liban est un pays dont l’économie souffre beaucoup, sa politique souffre et ses enfants souffrent. L’asile doit être dans les pays qui sont capables de le supporter. Comme si vous étiez une personne pauvre et que vous aviez cinq enfants, vous souffrez pour les faire manger, pour leurs études et pour les faire vivre, et puis vous allez élever trois autres enfants. »
Contexte tendu
La BBC Arabic rappelle qu’Elissa avait déjà, en 2019, appelé les réfugiés palestiniens et syriens à quitter le Liban car le pays, selon elle, n’avait pas les moyens de les intégrer.
Cette polémique intervient en pleines tensions dans la région entre Israël, les Palestiniens et le Liban et alors que le patriarche maronite Bechara Boutros Rahi s’est exprimé, samedi, sur la question des réfugiés. Dans son message à l’occasion de la fête de Pâques, il a déclaré : « La communauté internationale protège les 2 300 000 réfugiés syriens présents au Liban aux dépens de ce pays pour des raisons politiques visibles et occultes. »
Il a appelé les députés et responsables libanais à œuvrer avec la communauté internationale « pour les rapatrier, et leur fournir des aides dans leur pays ».
« Jusqu’à quand le Liban restera-t-il un territoire ouvert à tout porteur d’armes, et jusqu’à quand le Liban et son peuple devront-ils subir les conséquences de politiques étrangères qui l’étouffent un peu plus jour après jour ? », a ajouté le chef de l’Église maronite en référence aux tirs de roquettes vers Israël à partir du Liban, jeudi, qui ont entraîné une riposte israélienne et provoqué un regain de tension à la frontière entre les deux pays, le plus sérieux depuis la guerre de 2006.
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