Hadj : huit autres pèlerinages qui rassemblent des millions de fidèles de par le monde
Des millions de musulmans du monde entier se rassemblent actuellement à La Mecque, en Arabie saoudite, pour effectuer le hadj.
Ce pèlerinage est l’un des piliers de l’islam que tout musulman valide doit effectuer au moins une fois dans sa vie s’il en a les moyens.
Pendant le pèlerinage, les musulmans honorent d’anciennes figures religieuses en effectuant des rituels traditionnels comme le tawaf (qui consiste à faire sept fois le tour de la Kaaba).
Les musulmans croient que cette structure cubique a été construite par le prophète Ibrahim (Abraham) sur un site d’abord sanctifié par le prophète Adam. Pendant le pèlerinage, un microcosme unique se crée : celui d’une société égalitaire et unie dans une croyance partagée, dans la mesure où les fidèles réalisent des objectifs à la fois personnels et collectifs en suivant les traces des prophètes et des saints qui les ont précédés.
De telles valeurs ne sont pas uniques à l’islam et la tradition des rassemblements religieux réunissant des fidèles en très grand nombre est courante dans d’autres religions.
Middle East Eye se penche ici sur huit autres grands pèlerinages du monde entier :
Basilique de Guadalupe, Mexique
Autrefois site d’un sanctuaire sacré aztèque, Tepeyac, sur une colline au nord de Mexico, est le lieu de pèlerinage considéré comme le plus visité de l’hémisphère occidental avec ses quelque 20 millions de pèlerins par an.
Tout a commencé en 1531 lorsqu’un indigène qui s’était converti au catholicisme y aurait vu de nombreuses apparitions de la Vierge Marie.
Selon la croyance, après l’une de ces apparitions, Juan Diego fut invité par Marie à cueillir des roses sur la colline, mais lorsqu’il vida les fleurs de son manteau (tilma), celui-ci révéla une image de Marie imprimée sur le tissu, ce qui fut considéré comme une preuve de ces observations miraculeuses.
Une église fut construite sur le site en 1709 et reçut le statut de basilique en 1904 par le pape Pie X, lui conférant ainsi un statut spécial en tant que lieu où le pontife rencontre les fidèles lors de ses visites.
La basilique fut agrandie et achevée en 1976 ; elle est capable d’accueillir 10 000 fidèles en une seule séance.
C’est là que la tunique de Juan Diego est conservée et où les pèlerins se rendent pour prier afin que s’accomplissent des miracles. La basilique est particulièrement fréquentée vers le 12 décembre, date de « la tilma de Juan Diego ». La journée est marquée par une fête et une célébration de la Vierge.
Temple de Sabarimala, Inde
De la mi-novembre à la mi-janvier, jusqu’à 41 millions de pèlerins hindous, principalement originaires d’Inde, se rendent au temple de Sabarimala, sur les rives de la rivière Pamba dans les Ghâts occidentaux, le long de la côte sud-ouest de l’Inde.
Le pèlerinage a lieu pendant la saison des mandalas, une période définie de l’année où les hindous consacrent leurs dévotions à Ayyappan, connu comme le dieu de la croissance.
Au cours d’une période de 41 jours, les fidèles entreprennent une marche de près de 30 km jusqu’au temple, où la divinité est honorée. Les pèlerins s’abstiennent de relations sexuelles par respect pour le célibat d’Ayyappan, augmentent leur pratique quotidienne de yoga et adoptent un régime végétarien en guise de préparation.
Durant ce pèlerinage réservé aux hommes, les fidèles, vêtus de nuances de noir et de bleu, gravissent dix-huit marches à leur arrivée au temple – chaque marche étant censée aider le pèlerin à se détacher des désirs terrestres, tant mentalement que physiquement.
Pour faciliter le pèlerinage et éviter la surpopulation, les fidèles sont divisés en groupes de 100 000 personnes et se voient attribuer des jours spécifiques pendant lesquels ils peuvent faire le voyage.
Arbaïn, Irak
Jusqu’à 25 millions de musulmans chiites entreprennent le pèlerinage d’Arbaïn à pied vers Karbala, dans le centre de l’Irak, 40 jours après l’Achoura.
L’Achoura est le 10e jour du mois islamique de Muharram et marque pour les chiites la date à laquelle le petit-fils du prophète Mohammed, Hussein ibn Ali, fut tué lors de la bataille de Karbala en l’an 680.
Connu sous le nom d’imam Hussein par les chiites, il est vénéré et considéré comme un leader révolutionnaire.
Des millions de pèlerins, principalement venus de Bassorah et de Bagdad en Irak, mais aussi de l’étranger, parcourent de longues distances tout en reconstituant l’histoire de la bataille en cours de route.
Ils sont nourris et parfois hébergés gratuitement sur leur chemin jusqu’à atteindre un sanctuaire construit autour de la tombe de l’imam pour lui rendre hommage.
Le sanctuaire est l’un des sites les plus sacrés du chiisme, aux côtés de la mosquée de l’imam Ali à Nadjaf, qui abrite le sanctuaire d’Ali, père de Hussein et premier imam de l’islam chiite.
Amritsar, Inde
Chaque année, des millions de sikhs font un yatra (pèlerinage) au Harmandir Sahib (signifiant illustre temple de Dieu) à Amritsar, dans le nord de l’Inde.
Également connue sous le nom de temple d’Or en raison des feuilles d’or qui recouvrent les dômes en marbre blanc du temple, la structure fut achevée en 1604 et est considérée comme le gurdwara (lieu saint) le plus important du sikhisme.
À l’intérieur du temple, le Guru Granth Sahib, le livre saint des sikhs, est récité à haute voix tous les jours à l’attention des pèlerins et un repas végétarien appelé langar est offert à tous ceux qui franchissent les portes en signe d’unité.
Autour du temple se trouve l’Amrit Saras Kund (« bassin du nectar de l’immortalité »), creusé par le 4e gourou sikh au XVIe siècle, qui a donné son nom à la ville. Les sikhs croient que ses eaux ont des pouvoirs de guérison miraculeux et certains fidèles s’y baignent ou s’assoient à proximité pour le contempler.
Basilique Saint-Pierre, Cité du Vatican
La Cité du Vatican est une petite enclave autonome à Rome, siège de la papauté et du monde catholique depuis 1378.
L’horizon de la capitale italienne est dominé par la basilique Saint-Pierre, érigée pour la première fois par l’empereur Constantin au IVe siècle sur le site où saint Pierre, disciple de Jésus, fut enterré.
En 1506, alors que l’église tombait en ruine, le pape Jules II décida de la démolir et de commencer la construction d’un nouvel édifice sur le site, un processus qui prit plus de 150 ans.
L’une des entrées de la basilique est connue sous le nom de Porte Sainte et représenterait Jésus ; elle est inspirée d’un verset de l’Évangile selon Jean dans le Nouveau Testament : « Je suis la porte ; si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé. »
Les fidèles croient qu’entrer par cette porte conduit au pardon de leurs péchés après la mort. La porte n’est ouverte qu’une fois tous les 25 ans, la dernière fois remonte à l’an 2000.
Si la plupart des pèlerins se rendent au Vatican à Noël et à Pâques, des visiteurs arrivent tout au long de l’année pour assister à une audience papale ou à l’Angélus chaque mercredi et dimanche respectivement sur la place Saint-Pierre.
Sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes, France
Chaque année, des millions de catholiques se rendent dans la ville française de Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées, pour visiter l’endroit où une jeune fille dénommée Bernadette Soubirous aurait eu quinze visions de la Vierge Marie en 1858.
La tradition raconte qu’au cours de l’une de ces visions, Marie aurait demandé à Bernadette de boire l’eau d’un ruisseau boueux qui serait miraculeusement devenue pure. L’eau fait aujourd’hui partie des centres d’intérêt des fidèles, qui pensent qu’elle a des pouvoirs de guérison.
Bernadette reçut également l’ordre de construire une chapelle à l’endroit où elle eut l’une de ses visions.
Aujourd’hui, le sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes attire des pèlerins à la recherche de bénédictions et de la guérison de maux émotionnels et physiques grâce aux supposés pouvoirs de l’eau.
Le site est l’un des lieux de pèlerinage les plus populaires d’Europe en dehors du Vatican.
Mur occidental, Jérusalem
Aujourd’hui, l’un des lieux de pèlerinage les plus populaires auprès des juifs est le Mur occidental (Ha-Kotel Ha-Ma’aravi en hébreu) à Jérusalem.
Bien que le mur ne fasse pas partie lui-même d’un temple juif historique, on pense qu’il entourait le complexe du mont du Temple, dans lequel les juifs croient que se trouvait autrefois le premier temple construit par Salomon.
Selon la tradition juive, le temple fut détruit par les Babyloniens vers 587 avant notre ère et un Second Temple fut construit, puis détruit par les Romains en l’an 70.
Le Mur occidental est aussi appelé mur des Lamentations car c’est le site où les juifs pleurent la destruction du temple et prient pour sa restauration. Il mesure environ 50 mètres de long et 20 mètres de haut et remonte au IIe siècle avant notre ère.
Les juifs pieux croient que le site abrite le Saint des saints, où reposerait la présence divine, et que c’est dans cette zone qu’aurait commencé toute la création.
Les fidèles écrivent souvent leurs prières sur un bout de papier qu’ils insèrent dans les interstices du mur. Les prières sont recueillies deux fois par an puis enterrées sur le mont des Oliviers.
Les juifs qui ne font pas le pèlerinage à Jérusalem s’orientent toujours en direction du site lorsqu’ils prient, signe de son importance.
Notre-Dame de Fátima, Portugal
Fátima, une ville du centre du Portugal, tirerait son nom d’une princesse arabe enlevée lors de la Reconquista par le chevalier portugais Gonçalo Hermingues.
Notre-Dame de Fátima est devenue un lieu de pèlerinage majeur pour les catholiques après que la Vierge Marie y aurait été vue par trois jeunes bergers en 1917.
Marie serait apparue à six reprises à ces enfants âgés de 12, 9 et 7 ans alors qu’ils faisaient paître le troupeau familial.
La Vierge leur aurait demandé de revenir sur le site le treizième jour de chaque mois pendant six mois, après quoi elle aurait révélé son identité.
Des apparitions similaires avaient été signalées sur le site à partir du XVIIIe siècle. En 1917, une foule de milliers de personnes qui cherchaient à vérifier les dires des enfants aurait vu le soleil danser dans le ciel.
Pour les fidèles, l’événement était un signe divin, pour les sceptiques, un phénomène psychologique de masse.
Des pèlerinages commencèrent dans l’espoir d’une apparition mariale et, en 1918, une petite chapelle fut construite en roche et calcaire.
Elle s’est depuis développée en un complexe, particulièrement fréquenté le 13 de chaque mois, qui comprend notamment deux basiliques et une chapelle.
*La majorité des statistiques sont tirées de l’Alliance des religions et de la conservation.
Traduit de l’anglais (original).
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