Coupe du monde féminine 2023 : le succès du Maroc inspire toute une région
L’équipe féminine de football du Maroc a remporté la plus grande victoire de son histoire en disposant de la Corée du Sud (0-1) dimanche à Adélaïde (Australie) à l’occasion de la Coupe du monde féminine de la FIFA.
Les Lionnes de l’Atlas étaient déjà entrées dans l’histoire en se qualifiant pour le Mondial, devenant ainsi la première équipe d’Afrique du Nord et du monde arabe à atteindre la phase finale, sommet du football féminin international.
Contre toute attente et face à une équipe située 55 places au-dessus d’elles au classement mondial, le Maroc a battu la Corée du Sud grâce à un but de l’attaquante Ibtissam Jraidi à la sixième minute.
Les Lionnes de l’Atlas sont une source d’inspiration pour les générations futures qui souhaiteront se lancer dans le sport, tant dans leur pays qu’à l’étranger
Ce succès décroché à l’occasion du deuxième match de la sélection nord-africaine dans le tournoi – après une lourde défaite 6-0 lors de son entrée en lice contre l’Allemagne – n’a fait qu’accroître la vague d’enthousiasme et de soutien déjà considérable dans tout le Moyen-Orient et au-delà, à mesure que le public se passionne pour le parcours sans précédent de cette équipe.
À l’issue du match, l’unique buteuse Ibtissam Jraidi a dédié la victoire aux supporters au pays et de toute la région. « Cette victoire est celle du Maroc et des Arabes, c’est le fruit de notre dur labeur », a-t-elle déclaré.
Après la défaite cuisante contre l’Allemagne, le sélectionneur du Maroc, le Français Reynald Pedros, a procédé à cinq changements dans le onze de départ contre la Corée du Sud afin de solidifier la défense.
La défenseuse Nouhaila Benzina, sans doute la femme du match, est également entrée dans l’histoire en devenant la première joueuse à disputer un match de Coupe du monde en hijab.
Bousculer les tabous
Une nouvelle victoire ce jeudi contre la Colombie, leader du groupe, qui a réussi à battre l’Allemagne 2-1 dimanche, offrirait au Maroc de bonnes chances de sortir de sa poule et de se qualifier pour les huitièmes de finale.
Cependant, même si leur parcours s’achève face à la Colombie, un grand sentiment de fierté se dégage autour de joueuses qui ont non seulement participé à la plus grande des compétitions, mais ont également livré bataille au plus haut niveau tout en faisant figure de pionnières pour le football féminin régional et en bousculant les tabous et les normes sociales.
Les Lionnes de l’Atlas sont une source d’inspiration pour les générations futures qui souhaiteront se lancer dans le sport, tant dans leur pays qu’à l’étranger.
Par exemple, des joueuses de l’équipe nationale afghane de football féminin, dont certaines sont aujourd’hui en exil à Melbourne, ont assisté à la première séance d’entraînement publique de la sélection marocaine. Sous le régime des talibans, les femmes et les jeunes filles n’ont plus le droit de pratiquer aucun sport.
Pour les footballeuses afghanes, que la FIFA n’a pas reconnues, le fait de voir une autre nation à majorité musulmane participer à ce tournoi est une source d’espoir de changement.
« C’est une chance inouïe pour la sélection marocaine de montrer au monde que les femmes musulmanes de tous les pays peuvent participer », a déclaré à l’agence de presse Associated Press une joueuse afghane qui s’est exprimée sous le nom de Farida.
C’est en partie pour cette raison que l’image d’une Nouhaila Benzina impériale en défense tout en portant le foulard islamique est un symbole particulièrement fort – après cette première, d’autres suivront certainement.
L’émergence du Maroc en tant que force du football féminin est loin d’être un coup de chance ou le fruit du hasard.
Cette équipe historique a parcouru un long chemin en peu de temps grâce à une stratégie coordonnée des autorités nationales du football et à l’investissement du roi Mohammed VI, le monarque du pays.
Le budget annuel consacré au football féminin a été multiplié par dix pour atteindre 65 millions de dollars, principalement en raison de l’ambition d’accroître la pratique féminine du football. La Fédération royale marocaine de football (FRMF) vise à ce que 90 000 femmes pratiquent ce sport d’ici 2024, citant l’impact social positif d’une plus grande inclusion.
Une consécration mondiale
L’investissement dans les infrastructures a fait l’objet d’une large couverture médiatique, notamment à la suite du parcours historique de l’équipe masculine marocaine lors de la Coupe du monde au Qatar l’an dernier. Les Lions de l’Atlas ont atteint les demi-finales avant de s’incliner 2-0 face à la France, titrée en 2018, et ont été acclamés dans le monde entier pour leur style de jeu offensif et leur panache.
Des installations telles que l’Académie Mohammed VI de football et le Complexe sportif Mohammed VI contribuent au développement des jeunes footballeurs et footballeuses marocains.
Au-delà des infrastructures, la décision de la FRMF de professionnaliser la ligue nationale de football féminin en août 2020 a également été déterminante. Les clubs de football féminin évoluant en première division marocaine reçoivent jusqu’à 130 000 dollars chacun de la fédération pour financer la rémunération des joueuses et du personnel. Les joueuses de la ligue professionnelle marocaine peuvent recevoir jusqu’à 1 000 dollars par mois.
Le président de la fédération, Fouzi Lekjaa, a déclaré que cette décision visait à « à développer et à élargir la base de la pratique du football féminin dans toutes les régions du royaume » et a décrit « une étape importante pour permettre à la femme marocaine de pratiquer [le football] dans de bonnes conditions et lui donner l’opportunité de [poursuivre une carrière professionnelle] ».
Investissements et planification
En 2022, le Maroc est devenu le premier pays d’Afrique du Nord à accueillir la Coupe d’Afrique des Nations féminine. La sélection féminine a ainsi pu faire valoir ses talents auprès du public local et changer les perceptions concernant la pratique sportive féminine.
Le tournoi a été un succès sur le terrain et en dehors : les Lionnes de l’Atlas se sont inclinées en finale face à l’Afrique du Sud, portées par plus de 50 000 supporters dans le stade Moulay Abdallah de Rabat.
Ces investissements et cette planification ont placé le Maroc à l’avant-garde du football féminin dans le monde arabe et musulman. Maintenant qu’elles ont marqué le Mondial de leur empreinte et acquis leur première victoire, nombreux sont ceux qui les encourageront contre la Colombie.
Quel que soit le résultat, l’équipe féminine du Maroc continue de servir d’exemple à tous les pays de la région en illustrant les mérites d’un environnement sportif plus inclusif et plus diversifié.
- Mostafa Mohamed est un journaliste égyptien indépendant qui a travaillé comme correspondant pour plusieurs revues et magazines arabes et internationaux. Il écrit sur des sujets liés à l’économie et au sport.
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Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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