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Affaire Ziad Takieddine : Nicolas Sarkozy convoqué pour une mise en examen

Déjà condamné à de la prison ferme dans deux autres dossiers, l’ex-président français, qui vient de sortir un livre, devra affronter un troisième dossier judiciaire
Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir bénéficié, en connaissance de cause, des manœuvres entreprises par plusieurs protagonistes du dossier pour le disculper (AFP/Christophe Archambault)
Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir bénéficié, en connaissance de cause, des manœuvres entreprises par plusieurs protagonistes du dossier pour le disculper (AFP/Christophe Archambault)

L’ex-président français Nicolas Sarkozy, 68 ans, est convoqué en vue d’une inculpation dans une enquête pour subornation de témoin liée aux soupçons de financement libyen de sa campagne de 2007, selon une sources proche du dossier qui s’est confiée à des médias français.

Cette enquête concerne la rétractation du principal accusateur dans le dossier libyen, l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine.

Fin 2020, Ziad Takieddine était revenu sur ses accusations en affirmant à des médias français que Nicolas Sarkozy n’avait en fait bénéficié d’aucun financement de Mouammar Kadhafi. Il avait à nouveau changé de version deux mois plus tard.

Soupçonnant que cette volte-face ait pu être téléguidée et rémunérée pour disculper Nicolas Sarkozy, la justice française avait ouvert une enquête notamment pour subornation de témoin, association de malfaiteurs et escroquerie en bande organisée. 

Nicolas Sarkozy, qui a fermement contesté toute participation aux faits incriminés pendant douze heures d’audition mi-juin devant les enquêteurs financiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), est soupçonné d’avoir bénéficié, en connaissance de cause, des manœuvres entreprises par plusieurs protagonistes pour le disculper.

Huit personnes sont à l’heure actuelle inculpées dans le cadre de cette enquête, dont la très influente Michelle Marchand, patronne d’une agence de paparazzi, qui est soupçonnée d’avoir promis de rétribuer Ziad Takieddine pour qu’il retire ses accusations.

Un procès en 2025

Dans son volet principal, la retentissante enquête sur le financement libyen a déjà récemment conduit au renvoi en procès de l’ancien chef de l’État.

Sarkozy qui nie les faits, est soupçonné d’avoir noué un « pacte de corruption » avec Mouammar Kadhafi.

Déjà mis en cause dans plusieurs autres dossiers, l’ancien président de la République, qui conteste les faits, devra comparaître devant le tribunal correctionnel pendant quatre mois pour corruption passive, association de malfaiteurs, financement illégal de campagne électorale et recel de détournement de fonds publics libyens.

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« Je n’ai rien à me reprocher, je n’ai pas détourné un centime », a-t-il répété mercredi lors d’une interview télévisée, en réponse à une question sur ses démêlés judiciaires.

Sur le banc des prévenus, il sera convoqué aux côtés de douze autres personnes parmi lesquelles trois de ses anciens ministres de droite : deux anciens ministres de l’Intérieur et proches de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant et Brice Hortefeux, ainsi qu’Éric Woerth, ex-trésorier de la campagne présidentielle suspecte.

« Sous réserve de l’exercice d’éventuelles voies de recours », l’audience se tiendra « entre le 6 janvier 2025 et le 10 avril 2025 », a précisé le procureur national financier dans un communiqué.

Après dix ans d’investigations, les juges en charge de l’enquête ont globalement suivi les réquisitions du Parquet national financier (PNF) qui estime que Nicolas Sarkozy avait une « parfaite connaissance de cause » de des agissements reprochés à ses proches.

Deux hommes d’affaires, soupçonnés d’avoir servi d’intermédiaires, apparaissent au centre du dossier : le Franco-libanais Ziad Takieddine, en fuite au Liban et qui devrait donc être le grand absent de l’audience, et le Franco-Algérien Alexandre Djouhri. 

Ziad Takieddine, l’accusateur principal dans ce dossier, affirmait, avant de changer plusieurs fois de versions, avoir remis entre fin 2006 et début 2007 5 millions d’euros à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, et à son directeur de cabinet Claude Guéant.

L’information judiciaire avait été ouverte en avril 2013 sur le fondement d’accusations de dignitaires libyens lancées dès 2011, d’assertions de Ziad Takieddine et d’un document publié par le journal d’investigations en ligne Mediapart, entre les deux tours de la présidentielle en 2012 perdue par Sarkozy. Ce dernier avait contesté l’authenticité ce document.

Déjà condamné à de la prison ferme dans deux autres dossiers, dont l’un doit être jugé en appel, l’autre faisant l’objet d’un pourvoi en cassation, Nicolas Sarkozy, qui vient de sortir un livre, Le Temps des combats, devra donc affronter un troisième dossier judiciaire.

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