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Présumé financement libyen de la campagne de Sarkozy : la rétractation de Takieddine chiffrée à au moins 608 000 euros

Un des intermédiaires présumés dans ce scandale aurait été payé pour revenir sur ses accusations contre l’ancien président français
Le Franco-Libanais Ziad Takieddine est en fuite au Liban (AFP/ Phillipe Lopez)
Le Franco-Libanais Ziad Takieddine est en fuite au Liban (AFP/ Phillipe Lopez)

Les enquêteurs français ont chiffré à au moins 608 000 euros le montant de l’opération destinée à obtenir que le Franco-Libanais Ziad Takieddine retire ses accusations contre Nicolas Sarkozy sur un présumé financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, a indiqué mardi une source proche de l’enquête en France, confirmant une information du site Mediapart.

Ce chiffrage a été réalisé dans le cadre de l’information judiciaire sur des soupçons de paiements à Ziad Takieddine, avec l’éventuel aval de Nicolas Sarkozy, afin qu’il retire ses accusations visant l’ancien chef de l’État français.

Le Franco-Libanais, qui accusait ce dernier depuis 2012, avait opéré une spectaculaire volte-face en novembre 2020 sur BFMTV et Paris Match en déclarant que Nicolas Sarkozy n’avait en fait pas bénéficié de financement de Mouammar Kadhafi, avant de revenir sur ses propos deux mois plus tard.

Dans ce volet de l’affaire, neuf personnes sont inculpées pour subornation de témoin, association de malfaiteurs ou escroquerie en bande organisée. 

Un projet fou : sauver Hannibal Kadhafi

L’argent, essentiellement mobilisé par le financier Pierre Reynaud, a été reversé à différents protagonistes présumés de l’opération, dont l’intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie, un publicitaire, Ziad Takieddine et un Libanais proche de ce dernier.

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L’affaire, selon Mediapart, « pourrait par ailleurs prendre un tour judiciaire nouveau dans les prochaines semaines ».

« L’avenir dira si Nicolas Sarkozy sera entendu – et, si oui, sous quel statut. Mais l’affaire apparaît d’ores et déjà comme une mise en abyme de l’affaire libyenne elle-même, dans laquelle l’ancien chef de l’État est quatre fois mis en examen », poursuit ce média.

Cette somme, selon Mediapart, « a non seulement eu vocation à financer le revirement de Takieddine, qui a également pris la forme d’une déclaration écrite devant notaire à Beyrouth [en plus de l’entretien à Paris Match et BFMTV], mais aussi un autre projet fou au profit de Sarkozy : obtenir la libération d’un fils Kadhafi, Hannibal, détenu au Liban, en échange de quoi la famille Kadhafi consentait à innocenter l’ancien président français dans le dossier libyen… ».

Hannibal est accusé d’avoir dissimulé des informations sur le dirigeant libanais chiite Moussa Sadr, disparu en août 1978 lors d’une visite officielle en Libye.

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