EN IMAGES : Menart Fair, l’art du Maghreb et du Moyen-Orient s’invite à Paris
Ce week-end, la Menart Fair, foire internationale d’art moderne et contemporain dédiée aux artistes du Levant, du golfe Arabo-Persique et d’Afrique du Nord, compte bien stimuler les perceptions de ses visiteurs : « On a souhaité pour cette édition que le public vive la différence par l’expérience. Les sens seront mis à l’honneur à travers de la danse, des œuvres visuelles, des performances, des sculptures, des conférences mais aussi de la gastronomie », indique à Middle East Eye Laure d’Hauteville, fondatrice et directrice de l’événement. Seconde nouveauté, le design de mobilier en série limitée sera très présent
La galerie marseillaise Polysémie, spécialisée dans l’art brut, sera au rendez-vous, accompagnée d’une sélection d’artistes iraniens : « Leur travail sort des tripes, c’est assez tribal et c’est la première fois que nous travaillons avec ce type de galerie », souligne Joanna Chevalier, directrice artistique de la foire. (Image ci-dessus : Samaneh Atef, Untitled, 2019, dessin sur carte géographique, 100 x 70 cm – galerie Polysémie, Marseille, France)
Certaines galeries sont devenues des habituées de la Menart Fair. C’est le cas de la Musk and Amber Gallery, basée à Tunis : « Musk and Amber Gallery revient notamment avec une artiste marocaine, Houda Terjuman, dont j’apprécie particulièrement le travail », exprime Joanna Chevalier avec engouement. Pour la directrice artistique, cette artiste plasticienne d’origine syrienne, suisse et marocaine propose une autre vision : « L’univers de Houda Terjuman est assez poétique, comme suspendu dans le temps, un peu onirique et d’une douceur extrême. C’est intéressant que ce soit une artiste d’Afrique du Nord qui pioche dans cet univers intérieur et qui ne relate pas nécessairement des situations et tensions ambiantes. C’est une autre proposition », décrit Joanna Chevalier. (Houda Terjuman, Blowing the winds of destiny, 2023, huile et acrylique sur toile, 90 x 95 cm – Musk and Amber Gallery, Tunis, Tunisie)
Les artistes maghrébines seront nombreuses à la foire ; on peut notamment compter sur la présence de Hela Ammar, une artiste tunisienne qui s’inspire de sa vie quotidienne pour questionner l’identité féminine au sein de la culture arabe méditerranéenne. (Hela Ammar, Henda II, 2018, photographie numérique, 60 x 65 cm, tirage limité à sept éditions – Musk and Amber Gallery, Tunis, Tunisie)
L’art des pays du Golfe sera aussi représenté, en particulier par la galerie émiratie Hunna Art, basée à Sharjah. « Cette galerie met en avant une sélection de femmes artistes, elle avait connu un grand succès lors de l’une de nos précédentes foires, il s’agit de se demander comment rendre à la femme ses droits au niveau de la création », affirme Laure d’Hauteville, ancienne directrice de la Beyrouth Art Fair. Si les femmes ont toujours joué un rôle actif dans l’art et la culture du Moyen-Orient, leur impact a souvent été sous-estimé : « Aujourd’hui, il s’agit de renverser les clichés et le regard que peut avoir l’Occident sur ces femmes originaires de ces pays en montrant qu’elles sont actives et présentes dans les espaces culturels, afin que, pour les années à venir, elles soient avant tout considérées pour leur art et les messages qu’elles véhiculent », souligne Laure d’Hauteville. (Nour Elbasuni, Sons of Endymion, 2021, huile sur toile – galerie Hunna Art, Sharjah, Émirats arabes unis)
Les artistes au fort métissage culturel semblent véritablement à l’honneur de cette quatrième édition de la Menart Fair. À l’image de Nour Elbasuni, une artiste pluridisciplinaire, née au Qatar dans les années 90 de parents égyptiens, qui s’inspire de la diversité de l’environnement qatari pour y explorer le patrimoine culturel et en faire une partie essentielle de ses œuvres d’art. La jeune artiste s’intéresse notamment aux politiques de genre, aux questions de représentations culturelles ainsi qu’à la spiritualité philosophique. Les deux œuvres ci-dessus sont issues de ses séries les plus récentes, qui explorent et remettent en question les héritages orientalistes tout en proposant un récit alternatif à la représentation des rôles de genre. (Nour Elbasuni, Friday Afternoon, 2021, huile sur toile – galerie Hunna Art, Sharjah, Émirats arabes unis)
L’exposition fera en outre la part belle au design et au mobilier, avec notamment la designer libanaise Marie Munier, qui présentera une sélection de bijoux transformés en meubles. Après des premiers pas dans la peinture, Marie Munier s’est tournée vers la création de bijoux inspirés de la splendeur des premières civilisations méditerranéennes. Sa patte artistique lui confère une reconnaissance aussi bien au Liban qu’à l’étranger. (Marie Munier, LMN/8-18, 2020, sculpture lumineuse artisanale en laiton et verre coloré, 200 cm x 100 cm x 5,5 cm – galerie Marie Munier, Beyrouth, Liban)
Malgré les difficultés économiques et politiques que rencontre le pays depuis quelques années, la scène artistique libanaise reste particulièrement active. L’artiste émergente Yasmina Hilal l’illustre bien. Photographe, elle expérimente plusieurs techniques, comme l’impression ou la manipulation d’images. Son art, à la fois mouvant et statique, propose de s’attarder sur des images de paysages tant visuels qu’émotionnels. « Zalfa Halabi Art Gallery revient avec Yasmina Hilal, qui avait été exposée en solo show à Bruxelles. Pour cette édition, elle exposera en group show avec des artistes libanais », précise Joanna Chevalier. (Yasmina Hilal, Skinny, 2022, cyanotype, 65 x 47 cm – Zalfa Halabi Art Gallery, Beyrouth, Liban)
De jeunes galeristes parisiennes vont aussi exposer leurs artistes ; c’est le cas de Revie Projects et Myra Myra. « Nous allons également accueillir une artiste que j’ai découverte grâce aux galeries Revie Projects et Myra Myra, il s’agit de Liên Hoàng-Xuân, une artiste tunisienne vietnamienne », annonce Joanna Chevalier.
Au total, ce sont trente-et-une galeries présentes dans onze pays ainsi que six fondations et institutions qui viendront exposer à la Menart Fair pour célébrer les expressions artistiques de la région. « Il y a de nombreuses initiatives formidables qui ont lieu dans nos régions, la Menart Fair est un prisme à travers lequel nous pouvons montrer ce qui s’y passe », s’enthousiasme sa directrice artistique. (Liên Hoàng-Xuân, Haïku n° 10, bois de peuplier gravé, doré à la feuille, peint à l’acrylique et à l’encre, vernis, 120 x 80 cm – galerie Revie Projects, Paris, France)
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