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La CIA « s’est servie d’un île britannique pour interroger des suspects de terrorisme »

Lawrence Wilkerson est le dernier d’une série d’officiels américains à indiquer que le territoire britannique aurait été utilisé par la CIA dans le cadre de son programme d’interrogatoire de détenus
Porte-avion de la marine américaine mouillant aux abords de la base navale britannique de Diego Garcia, 16 novembre 1987 (USN).
Par MEE

L’île de Diego Garcia, sous contrôle britannique, a été utilisée dans le cadre du programme d’enlèvement et de transfert de prisonniers post-11 septembre 2001 de la CIA, connu sous le nom de « programme de rendition », selon un ancien conseiller de l’administration Bush. Cette déclaration vient s’ajouter aux pressions exercées sur le gouvernement britannique afin qu’il clarifie le rôle joué par le territoire dans ce programme.

Selon le Guardian, Lawrence Wilkerson aurait expliqué que la CIA a utilisé le territoire britannique isolé comme site de transit et d’interrogatoire de suspects. 

Cette île de l’océan Indien a été utilisée par la CIA pour mener des « activités infâmes », aurait déclaré Wilkerson, ancien chef de cabinet de Colin Powell. Il est le dernier d’une série d’anciens officiels de l’administration Bush à avoir officiellement déclaré que l’île constitue l’un des sites secrets de détention et de torture de prisonniers.

« Ce que j’ai entendu était plus ou moins que l’endroit était utilisé comme site de transit lorsque d’autres sites étaient peut-être au complet ou considérés comme trop dangereux, risqués ou indisponibles à un moment donné », a expliqué Wilkerson à Vice News.

« Donc il arrivait que vous utilisiez tout simplement une structure de Diego Garcia pour un mois, deux semaines ou autant que vous vouliez pour y pratiquer vos activités infâmes », a-t-il ajouté.

Il précise que les résidents britanniques de l’île pouvaient difficilement ignorer ce qui s’y passait.

« Il est impossible qu’un hélicoptère atterrisse sur l’île sans que ses habitants ne s’en rendent compte. »

La révélation de l’usage de l’île par les Etats-Unis dans le cadre de leur programme de « rendition extraordinaire » remonte à 2008.

Des rapports avaient indiqué qu’un dénommé Hambali, un membre d’al-Qaïda suspecté d’être impliqué dans l’attentat de Bali de 2002 ayant coûté la vie à 202 personnes, avait été déporté à Diego Garcia pour y être interrogé en 2003. Un article du Time magazine citait un responsable des services de renseignements de la région disant qu’Hambali y avait subi deux mois d’interrogatoire suite à son arrestation.

A l’époque, l’ancien Premier ministre Tony Blair et son secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Jack Straw avaient nié l’usage de l’atoll au cours du programme de rendition. Toutefois, ces démentis avaient été contredits en février 2008 par David Miliband, l’un des successeurs de Straw, qui avait annoncé au Parlement qu’une information indiquant que deux vols de rendition avaient fait halte sur l’île pour se ravitailler en carburant avait « juste été découverte ».

En décembre 2014, la possible implication du Royaume-Uni a de nouveau été évoquée suite à la publication par le Sénat américain d’un rapport accablant sur la gestion brutale de détenus par la CIA au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.

Suite aux récentes découvertes, le gouvernement britannique fait à nouveau l’objet de pressions l’exhortant à répondre aux allégations selon lesquelles la CIA aurait interrogé des prisonniers sur le sol britannique.

Sir Menzies Campbell, membre du comité du Parlement britannique chargé des questions de renseignements et de sécurité, a déclaré que les récentes allégations relatives à Diego Garcia devaient faire l’objet d’une investigation « parfaitement rigoureuse ».

Julia Hall, experte en droits de l’homme et contre-terrorisme à Amnesty International, a indiqué dans un communiqué publié vendredi par l’organisation que « Le Royaume-Uni a toujours évité la question de Diego Garcia. Cette nouvelle information doit finalement provoquer une réponse sincère des autorités britanniques ».

Un accord d’une durée de cinquante ans autorisant les Etats-Unis à administrer une vaste base militaire sur l’île de Diego Garcia prend fin en 2016.

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