EN IMAGES : Le droit des Palestiniens à une « vie digne »
En 2006, les forces israéliennes ont abattu mon cousin Wafa, transperçant ses poumons alors qu’il avançait vers sa mère à la porte de leur maison à Naplouse. Son père l’a transporté dans sa voiture et l’a conduit au check-point entre leur domicile et l’hôpital, où on ne les a pas laissés passer au motif qu’ils n’étaient pas Israéliens. Sur la banquette arrière de la voiture, il est mort dans les bras de son père.
Personne n’a jamais fait l’objet d’une enquête, n’a jamais été inculpé, n’a jamais été poursuivi, ou quoi que ce soit. Et personne ne le sera jamais. Wafa est devenu une statistique. Une hausse du nombre de Palestiniens assassinés par nos occupants. C’est à ce moment que j’ai appris ce que signifiait être Palestinien.
De temps à autre, la Palestine fait un caméo dans les gros titres de la presse internationale. Ces moments où le monde nous prêtait attention me donnaient de l’espoir ; l’espoir qu’après avoir montré notre humanité au monde pendant si longtemps, et avoir essayé par tous les moyens possibles de susciter l’empathie et le soutien du monde pour notre liberté, les gens verraient davantage que ce à quoi le discours orientaliste nous réduit.
Mais cela ne fait qu’empirer.
Ils consomment notre souffrance le temps d’un cycle d’actualités et la Terre continue de tourner.
Des familles entières ont été effacées de l’état civil. En l’espace de quelques jours, en l’espace d’un instant, ils ont cessé d’exister. Nous n’avons pas le privilège de nous poser et d’envisager l’amplitude de ces pertes. Comment les Palestiniens peuvent-ils faire leur deuil alors que depuis 75 ans, nous continuons notre valse entre la condamnation, le malheur et les résolutions de l’ONU nous concernant ?
Israël a émis des ordres d’évacuation aux hôpitaux du nord de Gaza. L’Organisation mondiale de la santé qualifie cela de « peine de mort pour les malades et les blessés ». À l’hôpital al-Chifa près de la ville de Gaza, les médecins et le personnel refusent d’abandonner les patients qui ne peuvent pas être évacués, sachant pertinemment que l’hôpital est une cible, malgré l’effondrement total de l’ensemble des opérations hospitalières.
Nous ne les quitterons pas. Nous mourrons avec eux.
Des soignants, des journalistes, des enfants, des personnes handicapées, tous les Palestiniens sont soumis à la ségrégation et à la discrimination omniprésentes imposées par Israël. Du système d’apartheid en Cisjordanie occupée au blocus suffocant de Gaza, nous vivons de manière humiliante et nous sommes tués aveuglément.
Cette campagne de sanctions collectives n’a pas commencé le 7 octobre ; Israël a clairement répété encore et encore que la sécurité des civils, les infrastructures civiles et l’accès aux soins n’étaient pas des choses auxquelles nous, Palestiniens, avions droit. Nous ne sommes pas dignes de vivre.
Au moment où j’écris ceci, les Palestiniens de Gaza arriveront à court de biens de première nécessité pour survivre et continueront de mourir de faim, de soif et de maladie. Deux millions de personnes continueront de vivre sous un tapis de bombes chez elles, dans les écoles et dans les hôpitaux où elles ont tenté de trouver refuge. Un autre enfant rejoindra la liste des quelque 5 000 enfants assassinés jusqu’à ici. Je n’arrive pas à joindre mes proches.
Mais nous sommes là, assis à continuer d’en appeler au sens moral de la population qui nous oppresse.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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