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Les États-Unis et le Royaume-Uni bombardent les Houthis au Yémen

Selon un porte-parole militaire des Houthis, les frappes américano-britanniques au Yémen ont fait cinq morts et six blessés
Des panaches de fumée s’élèvent d’un bâtiment près de l’aéroport international de Sanaa dans la capitale yéménite, le 11 janvier 2023, à la suite d’une frappe aérienne présumée (capture d’écran)
Par AFP

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené dans la nuit des frappes aériennes contre les rebelles Houthis au Yémen qui multiplient depuis des semaines les attaques contre le trafic maritime international en mer Rouge en « solidarité » avec les Palestiniens de Gaza, territoire soumis depuis trois mois à une offensive israélienne sans précédent.

Les frappes américano-britanniques ont visé des sites militaires dans plusieurs villes contrôlées par les Houthis, a indiqué la chaîne de télévision de ce groupe rebelle membre de « l’axe de la résistance », regroupement de mouvements armés hostiles à Israël et établis par l’Iran qui comprend également le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais.

La capitale Sanaa et la ville portuaire de Hodeida, où les correspondants de l’AFP ont dit avoir entendu plusieurs explosions, ainsi que Ta’izz et Saada ont été visées.

L’opération américano-britannique a été menée « avec succès » en réponse « directe aux attaques sans précédent des Houthis sur des navires internationaux en mer Rouge », a affirmé le président américain Joe Biden, évoquant une action « défensive » pour protéger notamment le commerce international.

Peu après le début de la guerre le 7 octobre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, les rebelles Houthis du Yémen ont multiplié les attaques par missiles et par drones en mer Rouge, poussant de nombreux armateurs à contourner la zone, ce qui fait grimper les coûts et les temps de transport entre l’Europe et l’Asie.

En réponse, les États-Unis avaient déjà déployé des navires de guerre et mis en place en décembre une coalition internationale pour protéger le trafic maritime dans cette zone par où transite 12 % du commerce mondial.

« Message clair »

Mardi, dix-huit drones et trois missiles avaient été abattus par trois destroyers américains, un navire britannique et par des avions de combat déployés depuis le porte-avions américain Dwight D. Eisenhower.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, en tournée cette semaine au Moyen-Orient pour tenter d’éviter une escalade régionale du conflit entre Israël et le Hamas, avait lancé un avertissement aux Houthis, tandis que le Conseil de sécurité de l’ONU avait exigé l’arrêt « immédiat » de leurs attaques.

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Mais jeudi, les Houthis ont lancé un autre missile antinavire en mer Rouge. Et tôt vendredi, les États-Unis et le Royaume-Uni ont frappé des positions des Houthis, le président américain prévenant qu’il « n’hésiterait pas » à « ordonner d’autres mesures » si nécessaire.

« Ces frappes ciblées sont un message clair [indiquant] que les États-Unis et nos partenaires ne toléreront pas les attaques sur nos troupes [et] ne permettront pas à des acteurs hostiles de mettre en danger la liberté de navigation à travers l’une des routes commerciales les plus importantes du monde », a ajouté le président américain.

Les Houthis, proches de l’Iran et qui contrôlent une grande partie du Yémen, ont mené depuis le 19 novembre 27 attaques de missiles et de drones près du détroit stratégique de Bab el-Mandeb séparant la péninsule Arabique de l’Afrique, selon l’armée américaine.

Ils disent cibler les navires commerciaux qu’ils soupçonnent d’être liés à Israël, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

« Malgré les avertissements répétés de la communauté internationale, les Houthis ont continué de mener des attaques en mer Rouge […] Nous avons donc pris des mesures limitées, nécessaires et proportionnées en état de légitime défense », a déclaré de son côté le Premier ministre britannique Rishi Sunak.

Les frappes ont été menées à l’aide d’avions de combat et de missiles Tomahawk, ont indiqué plusieurs médias américains, Washington disant avoir bénéficié aussi du soutien de l’Australie, du Canada, des Pays-Bas et de Bahreïn. De son côté, Londres a dit avoir déployé quatre avions de combat Typhoon FGR4 pour frapper avec des bombes guidées au laser les sites de Bani et Abbs, d’où les Houthis « lancent » des drones.

« Prix fort »

Selon un porte-parole militaire des Houthis, les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené vendredi 73 frappes au Yémen, faisant cinq morts et six blessés.

« L’ennemi américano-britannique […] a mené 73 raids, ciblant la capitale Sanaa, et les gouvernorats de Hodeida, Ta’izz, Hajjah et Saada. Ces raids ont entraîné la mort de cinq martyrs et blessé six autres membres de nos forces armées », a déclaré Yahya Saree sur son compte X, ajoutant : « [Cette] agression [...] ne restera pas sans réponse. »

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« Notre pays fait face à une attaque massive par des navires américains et britanniques, des sous-marins et des avions », avait auparavant réagi le vice-ministre des Affaires étrangères des Houthis, Hussein al-Ezzi, cité par les médias du mouvement.

« Les États-Unis et le Royaume-Uni doivent se préparer à payer un prix fort et supporter les lourdes conséquences de cette agression », a-t-il menacé.

De son côté, l’Iran a condamné vendredi les frappes aériennes américaines et britanniques, y voyant une « action arbitraire » et une « violation flagrante de la souveraineté » du Yémen.

Le Hamas a également réagi dans un communiqué publié sur sa chaîne Telegram. « Nous condamnons vigoureusement la flagrante agression américano-britannique sur le Yémen. Nous les tenons pour responsables des répercussions sur la sécurité régionale », a averti le groupe palestinien. 

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a pour sa part dénoncé une réponse « disproportionnée ». « Toutes ces actions constituent un usage disproportionné de la force », a déclaré le chef de l’État turc en accusant les Occidentaux de vouloir « créer un bain de sang en mer Rouge ».

Depuis le début de la guerre à Gaza, les tensions se sont aussi multipliées le long de la frontière libano-israélienne, avec des échanges de tirs quasi quotidiens entre le mouvement islamiste libanais Hezbollah et l’armée israélienne et l’élimination début janvier à Beyrouth, dans une frappe attribuée à Israël, du numéro 2 du Hamas, Saleh al-Arouri.

Dans la nuit, l’Arabie saoudite a dit suivre avec « beaucoup d’inquiétude » les développements au Yémen voisin et appelé « à la retenue et à éviter l’escalade ».

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