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France : la polémique autour de Rima Hassan provoque l’annulation de la cérémonie pour les « Femmes Forbes »

Critiquée pour ses positions anti-israéliennes, la fondatrice franco-palestinienne de l’Observatoire des camps de réfugiés est accusée d’antisémitisme
Par MEE

Pour des raisons de « sécurité », Forbes France a annulé une cérémonie prévue fin mars à Paris en l’honneur de 40 femmes.

Cet événement, organisé chaque année, a pour objectif de récompenser 40 femmes ayant marqué l’année dans des domaines de compétences très variés, de la science au sport, des arts à l’entrepreneuriat, en passant par la politique ou les médias, et qui ont su « briser le plafond de verre », pour reprendre l’expression du magazine.

« Les conditions ne sont plus réunies pour que la soirée se déroule bien », à l’hôtel Ritz à Paris, a indiqué lundi une porte-parole de la version française du magazine américain.

En cause : la polémique qui accompagne depuis plusieurs jours la militante pro-palestinienne Rima Hassan, désignée parmi ces 40 femmes et critiquée par des personnalités pro-israéliennes pour des déclarations sur le conflit à Gaza.

Rima Hassan, 31 ans, a grandi dans le camp de Neirab en Syrie dans une famille ayant fui au moment de la Nakba, quand en 1948, après la partage de la Palestine, des milliers de Palestiniens ont été tués ou chassés de chez eux par les forces sionistes et des communautés entières ont été déracinées.

Depuis l’âge de 9 ans, elle vit en France, où elle a suivi des études de droit. Elle a obtenu sa nationalité française à l’âge de 18 ans.

En 2019, elle a fondé l’Observatoire des camps de réfugiés, une ONG qui s’est fixé deux missions : le recensement et l’étude des camps dans le monde, et l’étude des dysfonctionnements dans ces camps (conditions de vie et atteintes aux droits).

Elle intervient régulièrement auprès d’organisations de défense des droits de l’homme comme Amnesty International.

Plainte pour diffamation

En 2023, Rima Hassan a rejoint le Conseil consultatif sur la diversité, l’équité et l’inclusion chez L’Oréal – mais ses positions anti-israéliennes lui ont valu, depuis, d’être suspendue – et a été sélectionnée par Forbes parmi « 40 femmes remarquables qui ont marqué l’année ».

Mais à l’approche de la cérémonie annuelle, plusieurs personnalités ont épinglé ce choix, dont le producteur et populaire animateur de télévision français Arthur, qui l’a accusée de « faire l’apologie du terrorisme du Hamas ».

« Si vous voulez être dans le prochain classement Forbes France, le plus simple est de faire l’apologie du terrorisme du Hamas et d’être une antisémite patentée », a-t-il écrit sur Instagram.

« Ne soyez pas étonné d’y voir l’antisémite Rima Hassan mise à l’honneur parmi les 40 femmes de l’année 2023. L’antisémitisme et l’apologie du terrorisme sont les nouveaux symboles de réussite chez Forbes. »

Rima Hassan a fait part de son intention de déposer plainte pour diffamation.

Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) Yonathan Arfi a pour sa part soutenu qu’elle « sui[vait] l’agenda des intégristes du Hamas et justifi[ait] les exactions du 7 octobre ». 

La juriste avait en novembre dernier donné une interview controversée au média Le Crayon, où elle estimait « vrai » que le Hamas menait une action légitime.

Samedi, Rima Hassan a dénoncé sur X l’annulation de la cérémonie « Femmes Forbes » : « C’est intolérable, inacceptable. Merci le patriarcat. » Elle a pointé la responsabilité d’une série de personnalités, Arthur et Yonathan Arfi en tête.

Plus de 500 élus locaux, personnalités politiques nationales et députés européens, dont Mathilde Panot (députée de La France insoumise, LFI, gauche radicale), Manon Aubry (porte-parole d’Oxfam France) ou encore Leila Shahid (ex-déléguée générale de la Palestine en France et ex-ambassadrice de la Palestine), ont signé une tribune le 2 février dans Mediapart pour s’insurger contre le « sort ‘’ignominieux’’ réservé aux figures palestiniennes qui, depuis la France, s’évertuent à défendre la justice et la paix, à l’instar de la juriste franco-palestinienne Rima Hassan ».

Elle « subit un véritable acharnement de la part d’organisations et de personnalités pro-israéliennes. Chacune de ses prises de position déclenche un tombereau d’insultes et de menaces. Des soldats des forces d’occupation coloniales sont allés jusqu’à inscrire, à plusieurs reprises, son patronyme sur des bombes israéliennes », rappellent les signataires.

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