Préparer la politique palestinienne de l’après-Abbas
À l’aune de la conférence de Madrid de 1991 visant à relancer le processus de paix israélo-palestinien en partant du principe de l'échange de territoires contre la paix, Yasser Arafat, alors président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), avait commencé à faire passer le pouvoir de cette dernière vers l’Autorité nationale palestinienne (AP) naissante.
À cette époque, plusieurs nouvelles institutions et centres d’autorité avaient été créés, comme le parlement et le gouvernement, et les ambassades avaient été transférées sous le mandat du ministère des Affaires étrangères. En outre, plusieurs postes financiers, administratifs et politiques avaient vu le jour.
L’OLP fonctionnait avec des moyens réduits, et sa présence était limitée à un bureau situé sur le côté sud-est de la Muqataa (le siège de l’Autorité palestinienne à Ramallah).
Israël en général, et les gouvernements du Premier ministre Benjamin Netanyahou en particulier, ont réprimé l’autorité de l’AP et ont limité le rôle de ses organes de sécurité, tout en assiégeant ses ministères dans des zones classées « A » – c’est-à-dire, les zones désignées pour être sous le contrôle total de l’Autorité palestinienne en ce qui concerne les questions administratives et sécuritaires. Puis, avec le temps, ils ont commencé à envahir ces zones.
Mais pas seulement. Rapidement, on a atteint une phase où même le laissez-passer du président de l’AP, Abou Mazen (Mahmoud Abbas), a été publié sur les réseaux sociaux. Des ambassadeurs de l’AP se sont aussi vus interdire de quitter le pays et des parlementaires ont été arrêtés.
Quasiment tous les domaines de pouvoir de l’AP ont subi les offensives israéliennes, outre les attaques au niveau économique, la construction d’un mur autour de la Cisjordanie et d’un autre autour de Jérusalem. En conséquence, l’OLP et l’AP sont faibles.
Indépendamment de toutes les déclarations des parties, qu’elles soient faites par des personnes appartenant ou extérieures à l’OLP, concernant la prochaine assemblée du Conseil national de l’OLP le 14 septembre et l’élection d’un nouveau comité exécutif, le président Abbas a décidé de redonner à l’OLP ses pleins pouvoirs et son autorité et de restreindre au maximum l’autorité de l’AP.
La raison à cela tient au fait que l’Autorité palestinienne survit à la merci de l’occupation, alors que l’OLP est le seul représentant légal des Palestiniens. Ses institutions sont présentes partout dans le monde et il est donc impossible pour Israël d’imposer des restrictions ou un contrôle sur son fonctionnement.
Abou Mazen ne veut pas se présenter à l’élection du président du comité exécutif et probablement ne se présentera pas à un autre poste. Je crois qu’il est motivé à rétablir le pouvoir de l’OLP (sans la participation du Hamas) avant de quitter ses fonctions, y compris le poste de président de l’OLP qu’il occupe à l’heure actuelle.
Lorsque nous avons évoqué avec lui cette question, il a souri et dit : « C’est bien d’avoir un ancien président en Palestine [à savoir lui-même]. » Le président a commencé à préparer les dirigeants et les rois arabes à cela.
Enfin, concernant l’existence d’autres factions fortes et l’identité de celui qui succèdera à Abou Mazen comme président, je pense que ce dernier a commencé à rapprocher des amis de Marwan Barghouthi, membre du Conseil central de l’OLP, des cercles de décision.
Afin de garantir que d’autres factions ne prendront pas le contrôle de l’AP et du Fatah (la plus grande faction de l’OLP), il fait entendre clairement que Barghouthi est le facteur commun entre toutes ces factions.
- Nasser Lahham est le rédacteur en chef de l’agence de presse Ma’an, basée en Cisjordanie occupée.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.
Photo : le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pendant son discours lors d’une réunion du Conseil central de l’OLP dans la ville de Ramallah en Cisjordanie le 26 avril 2014 (AFP).
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].