Selon un sondage, les Syriens croient en la résolution de la guerre civile
La grande majorité des Syriens sont contre la division du pays et croient qu’une solution politique du conflit est encore possible, d’après un nouveau sondage.
En dépit d’un carnage sans fin et d’une crise de réfugiés qui va en s’aggravant, le sondage effectué par ORB International a indiqué que 64 % des Syriens pensent qu’une solution politique est toujours à portée de main « malgré les divergences qui existent entre les Syriens ».
L’enquête a également révélé que 70 % des Syriens sont contraires à la division du pays. Seuls les Kurdes sont divisés à ce sujet, se partageant de manière égale à 48 % entre ceux qui y sont favorables et ceux qui sont contre.
Le sondage, qui a été mené auprès d’une population transversale de 1 365 personnes à travers l’ensemble des 14 gouvernorats syriens – y compris les zones contrôlées par le groupe État islamique – a indiqué également que le président syrien Bachar al-Assad est légèrement plus populaire que n’importe quel groupe d’opposition chez les Syriens ordinaires, bien qu’aucun acteur de la crise actuelle n’ait été jugé par ces derniers de façon clairement positive.
« C’est vraiment une question locale – si l’on regarde les données dans les détails on se rend compte qu’elles différent énormément d’une région à l’autre », a expliqué à Middle East Eye Johnny Heald, directeur général d’ORB International.
« Actuellement, on peut dire que l’opposition en Syrie n’est pas aussi forte qu’elle l’était. Elle est divisée en deux et a été infiltrée par différents types de milices. Par conséquent, dans certains secteurs de la société Assad est la solution préférée, alors que dans d’autre il ne l’est absolument pas ».
À Tartous, un bastion Alawite contrôlé par le gouvernement, seulement 11 % des personnes interviewées considèrent négativement l’influence d’Assad, le taux le plus bas du pays. Inversement, c’est à Idleb qu’on registre le record d’opinions négatives sur Assad, avec 90 %.
Les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Arabie saoudite ont tous affirmé plusieurs fois qu’il n’y aura pas de place pour Assad dans la Syrie de l’après-guerre – quoique le Royaume-Uni ait récemment admis qu’Assad pourrait rester au pouvoir durant une phase de transition.
Cependant, de nombreux observateurs ont indiqué que le manque d’unité de l’opposition et la montée en puissance de groupes liés à ou s’inspirant d’al-Qaïda, tels Daech (État islamique) et le Front al-Nosra, ont poussé les États-Unis à être plus prudents quant aux forces qui prendront le pouvoir après la chute d’Assad.
Le sondage montre également qu’il y a davantage d’hommes que de femmes (53 % contre 43 %) qui considèrent l’influence de Daech en Syrie « complétement négative », bien que globalement le groupe soit jugé négativement par les deux sexes.
Dans l’ensemble, 22 % des Syriens estiment que Daech a une influence positive sur le pays.
La collecte de données auprès de la population syrienne est difficile depuis le début de la guerre civile en 2011, à la fois à cause de la répression du gouvernement sur les médias et les ONG et de la violence croissante.
Heald a affirmé qu’ORB International opérait déjà en Syrie avant la guerre civile et qu’une « équipe d’enquêteurs et de coordinateurs était déjà sur le terrain ».
Employer des Syriens, selon Heald, est la seule manière efficace d’obtenir des informations dans les zones contrôlées par Daech.
« Le responsable des interviews à Raqqa [bastion de Daech] est originaire de Raqqa », a-t-il expliqué à MEE. « On n’envoie pas des gens dans ces zones s’ils n’en sont pas originaires. En gros, tant que l’on ne travaille pas pour un média occidental et qu’on ne sort pas une caméra, on peut aller dans ces zones et parler avec la population. »
Le sondage a indiqué que la très grande majorité des Syriens (81 %) considèrent que Daech est une création des États-Unis et d’autres pays occidentaux.
Traduction de l'anglais (original) par Pietro Romano.
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