La Palestine perd 251 millions d’euros par an en raison d’accords désuets avec Israël
L’économie palestinienne perd chaque année des centaines de millions de dollars en raison d’accords fiscaux dépassés ou insuffisamment appliqués avec Israël, a révélé lundi un rapport de la Banque mondiale.
Cette perte de revenus de 251 millions d’euros par an équivaut à 2,2 % du produit intérieur brut palestinien, selon le rapport préparé en vue de la réunion semestrielle du Comité de liaison ad hoc (AHLC) qui coordonne l’aide internationale aux Palestiniens.
À propos de l’accord de 1994 qui régit les relations économiques entre Israël et les territoires palestiniens, le rapport indique que l’Autorité palestinienne (AP), basée à Ramallah, « souffre de pertes de recettes substantielles au titre du régime actuel de partage des revenus défini par le Protocole de Paris ».
Il est précisé que la plupart des pertes sont le résultat de « fuites fiscales concernant le commerce bilatéral avec Israël, en plus de la sous-évaluation des importations palestiniennes en provenance des pays tiers ».
La Banque mondiale note également que les frais de manutention appliqués par Israël sur les importations à destination des Palestiniens, actuellement à 3 %, « dépassent considérablement les coûts engagés par [Israël] pour gérer les importations palestiniennes » et recommande que ce taux soit réduit à 0,6 %.
Par ailleurs, la banque indique être dans l’impossibilité de quantifier les pertes de l’Autorité palestinienne en raison d’un manque d’accès aux données israéliennes.
L’AP n’a jusqu’à présent pas créé de « fonds dédié » pour recevoir 590 millions d’euros en cotisations retraite perçues par le gouvernement israélien pour les Palestiniens travaillant en Israël.
La Banque mondiale a constaté de récentes réunions entre les ministres des Finances israélien et palestinien sur ces questions et l’engagement d’Israël à transférer 113 millions d’euros pour « compenser une partie des pertes de l’AP », qualifiant cela de « première étape très encourageante ».
« Relancer le Comité économique mixte israélo-palestinien, fondé initialement pour surveiller la mise en œuvre du Protocole de Paris et pour résoudre les questions en suspens, pourrait améliorer considérablement la coopération économique et financière entre les parties », selon un communiqué.
Résoudre les « problèmes » financiers en suspens entre Israël et les Palestiniens pourrait non seulement « soulager la pression financière sur l’AP » et améliorer son économie, mais pourrait même « faciliter les progrès sur le front politique », estime le rapport.
Le ministère des Finances israélien a déclaré veiller à la mise en œuvre des accords de Paris et avoir réduit ses frais de manutention totalisant environ 18,5 millions d’euros.
« Nous regrettons que le rapport de la Banque mondiale présente une analyse exagérée et partiale des dommages aux revenus de l’AP », a-t-il écrit en réponse à une requête de l’AFP.
« Le ministère des Finances continue de maintenir un dialogue positif avec l’Autorité palestinienne au bénéfice des deux parties. »
Plus tôt ce mois-ci, les responsables israéliens et palestiniens ont convenu de mettre fin à plusieurs jours de coupures d’électricité en Cisjordanie occupée en rapport à environ 400 millions d’euros d’arriérés pour l’électricité fournie par Israël, selon ce dernier.
Le rapport de la Banque mondiale doit être présenté à l’AHLC mardi à Bruxelles.
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.
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