Turquie : le coup d’État évité, plus de 200 morts
ISTANBUL, Turquie – Les débris de sérieux combats jonchent certains lieux centraux des majeures villes de Turquie ce samedi matin alors que le pays se réveille devant des scènes dont il n’avait pas été témoin depuis plus de quarante ans.
Les derniers chiffres font état de 1 563 personnes arrêtées jusqu’à présent pour leur participation dans une tentative de coup d’État menée cette nuit, selon le porte-parole du Parlement İsmail Kahraman qui s’est s’exprimé en direct de l’hémicycle à Ankara, la capitale.
Des sources officielles indiquent qu’au moins 90 personnes sont mortes et plus de 1 000 blessées suite aux affrontements qui ont fait rage entre des soldats soutenant le coup d’État et des manifestants pro-gouvernement.
La confusion demeure quant à l’identité de la personne qui dirige l’armée à l’heure actuelle.
Le général Hulusi Akar, chef d’état-major, aurait été pris en otage pendant la nuit puis libéré. Un officiel turc a indiqué que le général Ümit Dündar, commandant de la Première armée, avait été nommé chef d’état-major par intérim.
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan serait toujours à l’aéroport Atatürk d’Istanbul. L’aéroport, également occupé par les soldats putschistes, a été restitué aux autorités civiles après que des foules sont venues manifester sur les lieux contre le coup d’État.
Les chaîne de télévision ont montré des douzaines de soldats ayant soutenu le coup capituler sur un pont d’Istanbul surplombant le Bosphore qui avait été occupé pendant la nuit et avait été la scène de quelques-uns des affrontements les plus violents.
Les officiers putschistes, vêtus de leur tenue complète de camouflage, sont sortis des tanks avec les mains en l’air. L’agence de presse étatique Anadolu a indiqué que 50 soldats avaient été arrêtés.
Les télévisions ont diffusé des images de manifestants en liesse escaladant l’un des tanks abandonnés par les soldats tout en applaudissant, en faisant le signe de la victoire et en agitant le drapeau turc.
La situation au centre de commandement militaire demeure fluide bien que des rapports indiquent que des combats ont toujours lieu.
Soixante tanks, loyaux au président, se dirigent vers Istanbul depuis leur base à Tekirdağ pour restaurer totalement l’ordre dans la ville, a déclaré un officiel turc.
Des avions de chasse continuent de survoler le palais présidentiel à Ankara, où les rapports sont conflictuels : alors qu’un représentant du gouvernement a indiqué que les F-16 protégeaient le palais, d’autres rapports affirment que le lieu était en fait attaqué par ces avions.
Plus tôt dans la nuit, les Turcs étaient descendus dans les rues par dizaines de milliers pour manifester contre le coup d’État lancé dans la nuit de vendredi.
On pouvait voir sur les chaînes de télévision locales des images de foules de plus en plus nombreuses dans les rues d’Ankara et d’Istanbul, malgré le couvre-feu imposé par l’armée.
Des mosquées d’Istanbul avaient également utilisé leurs haut-parleurs pour exhorter les gens à aller manifester contre le coup d’État.
Samedi, Erdoğan a vivement condamné cette tentative de coup d’État, la qualifiant de « trahison » et accusant les partisans de son ennemi juré, le dignitaire religieux turc basé aux États-Unis Fethullah Gülen.
« C’est une trahison et une rébellion. Ils paieront le prix lourd pour cet acte de trahison », a déclaré Erdoğan à l’aéroport Atatürk d’Istanbul.
« Ils essaient de renverser un gouvernement porté au pourvoir par le vote du peuple. Nous sommes disposés à sacrifier nos vies sur cette voie que nous avons choisie », a-t-il ajouté.
Traduit de l’anglais (original).
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