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« Crise » au Liban pour les enfants syriens déscolarisés

Un rapport publié par Human Rights Watch indique que les enfants de réfugiés syriens ont peu accès à l’éducation
Une jeune réfugiée syrienne se dirige vers l’école dans un camp de réfugiés non-officiel de la ville libanaise de Bar Elias, dans la vallée de la Bekaa (AFP)
Par AFP

Mariam Khatib (15 ans), réfugiée syrienne au Liban, explique qu’elle n’a qu’un souhait dans la vie : pouvoir retourner à l’école.

« Les gens ne sont rien sans éducation », a estimé l’adolescente timide, qui n’est pas retournée dans une salle de classe depuis que sa famille a fui la province syrienne méridionale de Deraa il y a trois ans et demi.

« Je souhaite que Dieu nous accorde un souhait à moi et mes frères et sœurs, qu’il nous ouvre la porte nous permettant d’aller à l’école », a-t-elle déclaré à l’AFP.

Mariam et ses frères et sœurs comptent parmi les plus de 250 000 enfants réfugiés syriens au Liban qui ne sont pas scolarisés, selon un rapport publié par Human Rights Watch (HRW) mardi.

« Le très grand nombre d’enfants encore non scolarisés représente une crise immédiate », a mis en garde l’organisation basée à New York.

« Certains n’ont jamais mis les pieds dans une salle de classe. »

Ce problème est particulièrement grave chez les enfants âgés de 15 à 18 ans, dont seuls 3 % étaient inscrits dans les écoles publiques du Liban au cours de l’année scolaire 2015-2016, selon HRW.

Et la crise perdure en dépit des efforts déployés par le gouvernement libanais et les donateurs internationaux pour accroître les effectifs parmi les plus d’un million de Syriens qui ont trouvé refuge dans le pays depuis que la guerre a commencé en mars 2011.

À Qab Elias, dans l’est de la vallée de la Bekaa au Liban, des dizaines de camps de réfugiés informels sont bondés d’enfants qui ne reçoivent aucune éducation.

« Je ne peux pas décrire à quel point c’est dur. C’est vraiment difficile », a déclaré le frère de Mariam, Ismaël, âgé de 18 ans et qui n’a pas été à l’école depuis la quatrième.

« Il me tarde de retourner à l’école… mes amis et les enseignants me manquent vraiment. »

« Peur pour leur avenir »

Leur père, Imad al-Din, a confié qu’il ne pouvait tout simplement pas se permettre d’envoyer ses enfants à l’école.

« Nous sommes au Liban depuis trois ans et demi, et aucun de mes enfants n’a été scolarisé ici », a-t-il indiqué.

« Notre situation financière ne le permet pas et, jusqu’à présent, je n’ai reçu l’aide de personne. »

« Ma femme et moi nous sentons mal de ne pas être parvenus à les envoyer à l’école », a-t-il ajouté.

« J’ai tellement peur pour leur avenir s’ils ne reçoivent pas d’éducation. »

Beaucoup de réfugiés au Liban mentionnent les frais comme un obstacle à l’inscription de leurs enfants, bien que le gouvernement libanais ait renoncé aux frais d’inscription pour les enfants à l’école primaire.

Cela illustre ce que HRW désigne comme un problème essentiel : les politiques du gouvernement libanais visant à accroître le taux de scolarisation des réfugiés sont appliquées de manière inégale et, dans certains cas, ignorées.

Le gouvernement a permis aux réfugiés de s’inscrire dans les écoles sans preuve de résidence, renoncé aux frais de scolarité pour le primaire et ouvert l’après-midi des « seconds créneaux » pour les enfants syriens.

Mais les réfugiés rapportent que des administrateurs scolaires exigent des documents ou des frais qu’ils ne peuvent fournir, ou refusent de mettre en place les équipes pour le second créneau.

Multiples obstacles à l’éducation

HRW a également documenté une série d’obstacles supplémentaires, notamment le coût du transport pour les étudiants, l’intimidation et le harcèlement, ainsi que des espaces et des enseignants insuffisants pour accueillir les réfugiés syriens.

De nombreuses familles sont également limitées par leurs permis de séjour expirés, lesquels sont coûteux à renouveler.

Sans papiers, ils ont peur de se déplacer ou d’envoyer leurs enfants à l’école par crainte d’arrestation.

L’ONG a également noté que le gouvernement libanais continuait à empêcher les enseignants syriens de travailler, en dépit d’une pénurie d’enseignants libanais.

Abdulkarim al-Salem, un responsable local dans un camp informel de Qab Elias, estime que le Liban devrait ouvrir des écoles juste pour les réfugiés à l’intérieur des camps.

« Dans ce seul camp, il y a 180 enfants qui ne vont pas à l’école parce qu’il n’y a pas d’écoles qui peuvent en accueillir autant », a-t-il déclaré à l’AFP.

« Même s’ils pouvaient s’inscrire dans les écoles locales, la route de l’école passe le long d’une route importante et ce n’est pas sûr. »

Human Rights Watch a exhorté le gouvernement libanais à assurer une meilleure application de ses politiques existantes, mais a également demandé des mesures supplémentaires, notamment étudier la possibilité d’embaucher des enseignants syriens et de permettre aux Syriens de renouveler gratuitement leurs titres de séjour expirés.

Il a exhorté les donateurs à fournir des fonds supplémentaires pour l’expansion et la réhabilitation des écoles, le recrutement d’enseignants et pour subventionner le transport des élèves.

« Le droit à l'éducation des enfants syriens ne se concrétisera pas tant que le Liban n'entreprendra pas des réformes allant au-delà de ses politiques actuelles et sans un financement accru des donateurs », a déclaré HRW.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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