Les limogeages massifs commencent sous l’état d’urgence en Turquie
ISTANBUL, Turquie – Les médias turcs et les forces armées du pays ont été ciblés par le gouvernement mercredi pour la première fois depuis que l’état d’urgence a été instauré le 20 juillet, cinq jours après la tentative de coup d’État.
Plus d’une centaine d’officiers supérieurs et des centaines de subalternes ont été renvoyés pour conduite déshonorante, marquant la plus grande purge des forces armées turques depuis la création de la République turque en 1923.
Un décret publié dans le journal officiel mercredi soir a également annoncé la fermeture de dizaines de médias.
Sur la base des informations disponibles, la répartition des renvois pour conduite déshonorante dans les forces armées est la suivante :
· Armée de terre : 87 généraux, 726 officiers et 256 officiers subalternes.
· Armée de l’air : 30 généraux, 314 officiers et 117 officiers.
· Marine : 32 amiraux, 59 officiers et 63 officiers subalternes.
La Turquie a également fait fermer plus d’une centaine de médias :
· 3 agences de presse
· 16 chaînes de télévision
· 23 stations de radio
· 45 journaux
· 15 magazines
· 29 éditeurs et distributeurs
La plupart des médias fermés par ce décret sont des publications locales et régionales, mais d’importants journaux traditionnels comme le quotidien Taraf, qui a une grande circulation, ont également été inclus. Taraf a gagné en importance vers la fin des années 2000 comme journal antimilitariste axé sur la révélation des éléments secrets de l’armée.
Un responsable du gouvernement avait indiqué précédemment que les fermetures de médias résultaient de liens entre ces organisations, et leur personnel, et le mouvement Hizmet de Fetullah Gülen.
Aux termes de ce décret, la gendarmerie et la garde côtière ont été arrachées au contrôle de l’armée et placées sous l’égide du ministère de l’Intérieur, et 114 entreprises soupçonnées de liens avec Gülen (notamment les médias) ont été fermées.
Gülen, un prédicateur musulman turc qui vit en exil auto-imposé aux États-Unis, est accusé par les autorités turques d’être derrière le coup d’État manqué. Ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdoğan et de son parti de la Justice et du Développement, il est devenu son ennemi juré en 2013 quand de présumés partisans de Hizmet ont lancé une enquête pour corruption contre Erdoğan et ses proches collaborateurs.
L’état d’urgence donne des pouvoirs extraordinaires au gouvernement et tout décret qu’il rend a force de loi. Il doit être approuvé par une majorité simple au Parlement, obtenue le 21 juillet. L’état d’urgence accorde des pouvoirs extraordinaires au ministère de l’Intérieur et aux gouverneurs. Les mandats de perquisition et d’arrêt sont plus faciles à obtenir, les gardes-à-vue peuvent durer jusqu’à 30 jours et la police dispose de davantage de droits pour mener des fouilles.
Les détenus peuvent également se voir refuser une audience avec un avocat.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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