Les pays de l’UE ne doivent pas refuser les réfugiés musulmans, soutient Angela Merkel
Le refus de certains pays de l’UE d’accueillir des réfugiés musulmans est « inacceptable », a déclaré dimanche la chancelière Angela Merkel alors que l’Allemagne a demandé l’établissement de quotas pour répartir l’afflux de réfugiés dans l’ensemble de l’Union.
« Ça ne va pas du tout que certains pays disent que ‘’de manière générale, nous ne voulons pas avoir de musulmans dans nos pays’’ », a déclaré Merkel à la chaîne de télévision publique allemande ARD.
Soutenant l’idée d’un système de quotas pour l’accueil de migrants, la dirigeante allemande a souligné que « chacun devait faire sa part » et qu’« une solution commune devait être trouvée ».
Une politique européenne commune concernant l’immigration est une question très controversée, qui sera à l’ordre du jour d’un sommet de l’UE le mois prochain, avec les membres d’Europe de l’est – la République tchèque, la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie – qui refusent d’accueillir des réfugiés en vertu d’un système de quotas à l’échelle européenne défendu par Berlin.
Le président slovaque Robert Fico s’est engagé à ne « jamais faire entrer un seul musulman » dans son pays.
Traduction : « Merkel : ‘’Inacceptable’’ pour les membres de l’UE de fermer leurs portes aux migrants parce qu’ils sont musulmans… http://goo.gl/fb/w9uFqQ » – Turkish News (@TurkishNews7)
En 2015, l’Allemagne a accueilli environ un million de demandeurs d’asile, originaires pour la plupart de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan, et cette année, elle en attend jusqu’à 300 000 de plus, a déclaré dimanche l’Office fédéral pour les migrants et les réfugiés (BAMF).
« Nous pouvons assurer des services optimaux pour 300 000 personnes maximum. S’il y a davantage d’arrivées, nous serions sous pression et nous passerions alors en mode dit de crise. Quand bien même, nous ne retrouverions pas les conditions que nous avons connues l’année dernière », a déclaré le président du BAMF Frank-Jürgen Weise au journal Bild am Sonntag.
La décision de Merkel d’ouvrir la porte aux demandeurs d’asile en septembre dernier a été considérée dans de nombreux pays européens, notamment ceux de l’est, comme un appel d’air à de nouvelles vagues de migrants.
Certains dirigeants, comme le président slovaque, ont exprimé leurs craintes de voir émerger une importante communauté musulmane dans leur pays.
Mardi, le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka a déclaré qu’il ne voulait pas d’une « une large communauté musulmane […] compte-tenu des problèmes que nous observons » et que chaque membre de l’UE devait être en mesure de choisir le nombre de migrants qu’il accepte.
L’Allemagne va absorber les nouveaux arrivants
Le président du BAMF Frank-Jürgen Weise a déclaré au journal Bild am Sonntag que l’économie prospère et l’amélioration des services aux réfugiés en Allemagne au cours de la dernière année signifiait que le pays était bien placé pour absorber les nouveaux arrivants, d’autant plus que leur nombre a baissé.
« Nous nous préparons à accueillir entre 250 000 et 300 000 réfugiés cette année », a-t-il indiqué.
Près d’ 1,1 million de demandeurs d’asile sont arrivés en Allemagne, la plus grande puissance économique européenne, l’année dernière, mettant une pression énorme sur la bureaucratie du pays concernant le traitement des demandes et mettant à l’épreuve la confiance dans le gouvernement de coalition droite-gauche de la chancelière Angela Merkel.
La fermeture de la « route des Balkans » et l’accord controversé de l’UE avec la Turquie pour empêcher les migrants d’atteindre la Grèce – principal point d’entrée dans l’Union – a entraîné une baisse des arrivées en provenance du Moyen-Orient et d’Afghanistan.
Weise a déclaré que son agence avait fait de grands progrès dans l’examen des demandes d’asile mais qu’elle ne parviendrait pas à traiter les 530 000 cas restants d’ici la fin de l’année.
Il a ajouté que l’intégration sur le marché du travail des migrants autorisés à rester en Allemagne serait un processus « fastidieux et coûteux ».
Weise était néanmoins optimiste sur les perspectives à long terme.
« Nous pouvons le faire », a-t-il assuré, faisant écho au slogan de Merkel pendant la crise.
« Nous avons finalement réussi à plutôt bien gérer ce qui allait mal au début de cette crise [il y a un an]. Et l’économie en Allemagne est si bonne que, Dieu merci, nous pouvons assumer ça. »
L’opinion publique est néanmoins nettement divisée concernant Angela Merkel, qui n’a pas encore dit si elle briguera un quatrième mandat lors des élections législatives prévues en septembre ou octobre prochain.
Bild am Sonntag a cité un sondage réalisé par le bureau de sondage indépendant Emnid selon lequel 50 % des répondants sont opposés un nouveau mandat de quatre ans de la chancelière, tandis que 42 % ont répondu qu’ils voulaient qu’elle reste en fonctions.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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