Assad et la Russie intensifient la guerre aérienne après l’attaque au gaz
Les attaques aériennes du gouvernement syrien et de la Russie ont augmenté de 20 % cette semaine depuis que les États-Unis ont frappé une base aérienne syrienne, selon les chiffres du Réseau syrien des droits de l’homme (SNHR), et tué au moins 98 civils.
Vendredi dernier, les États-Unis ont frappé une base aérienne au centre de la Syrie avec 59 missiles de croisière Tomahawk, dans un acte de représailles après l’attaque chimique du 4 avril qui a tué au moins 87 civils.
L’attaque sur Khan Sheikhun, ville de la province d’Idleb, a été attribuée par l’Occident au régime du président syrien Bachar al-Assad, mais le gouvernement syrien et son allié russe ont démenti.
« Les avions n’ont pas quitté les cieux de Khan Sheikhun une seule seconde depuis l’attaque chimique » - un habitant, anonyme
Tandis que l’action des États-Unis a été favorablement accueillie par une grande partie des gouvernements occidentaux, les habitants de la ville sont sceptiques quant au fait que quoi que ce soit ait changé.
« Les avions n’ont pas quitté les cieux de Khan Sheikhun une seule seconde depuis l’attaque chimique », a déclaré à MEE par téléphone un habitant qui a désiré rester anonyme.
Dans les six jours qui ont suivi la frappe aérienne de l’armée américaine, les frappes russes ont tué 56 civils – dont dix enfants et huit femmes – et le gouvernement syrien a tué au moins 42 civils, dont quatorze enfants et sept femmes, selon les chiffres du SNHR.
« C’est comme si nous étions ceux qui paient pour l’attaque chimique, et non pas le régime ou la Russie », a ajouté l’habitant de Khan Sheikhun, qui a été déplacé à l’intérieur du pays et venait d’Alep.
Punition collective
« Le bombardement en continu de Khan Sheikhun est une punition collective pour les gens de la ville », a-t-il ajouté.
« Jusqu’à quand devrons-nous payer avec nos maisons ? Nos enfants ? Jusqu’à quand ? »
En comparant avec les semaines précédentes, le nombre de frappes aériennes effectuées par le gouvernement syrien et ses alliés a augmenté de 20 % cette semaine, selon les chiffres du SNHR, et il y a eu aussi au moins une attaque chimique.
« En cinq jours, l’alliance Syrie-Russie a tué 98 civils, et cela n’est que ce que nous avons été en mesure de documenter. De plus, nous avons observé une hausse des taux d’utilisation de munitions à fragmentation, d’armes incendiaires, et de bombes barils », explique le rapport.
Le secrétaire de presse de la Maison Blanche a déclaré lundi que le gouvernement syrien devrait s’attendre à une réponse des États-Unis si des armes chimiques ou des bombes barils étaient à nouveau utilisées.
Il a plus tard repris ce dernier commentaire, et précisé qu’il parlait de bombes barils chargées de gaz chloré ou autres produits chimiques.
Depuis la frappe aérienne américaine sur la Syrie la semaine dernière, 162 bombes barils ont été larguées par des hélicoptères du gouvernement syrien, selon le rapport.
Des armes chimiques ont toutefois été également à nouveau utilisées, selon le rapport.
« Défiant clairement la communauté internationale, le régime syrien… a utilisé des armes chimiques pour la deuxième fois dans une attaque sur le quartier d’al-Qabou dans la capitale Damas, 72 heures après avoir utilisé les mêmes armes à Khan Sheikhun. »
Le rapport ne décrit pas exactement quel gaz a été utilisé, mais les rebelles et les activistes ont également rapporté l’utilisation de gaz chloré cette semaine en Syrie, ce qui n’est techniquement pas interdit par la convention des armes chimiques, car ce gaz peut être également utilisé dans le commerce.
Des membres de la défense civile et des infirmiers sur place en Syrie ont déclaré à MEE qu’ils se préparaient à de nouvelles attaques chimiques effectuées par leur gouvernement. Ils cherchent désespérément à trouver des masques à gaz pour autant de civils que possible.
Du phosphore blanc a également été utilisé par le gouvernement à Idleb cette semaine, au moins à deux reprises, selon des membres de la Défense civile et le rapport du SNHR.
« Si quelqu’un vous attaque avec des armes chimiques, seriez-vous tristes s’ils étaient attaqués ? », a demandé sur ton sarcastique à MEE Adel, un commerçant local.
Adel a gardé le sens de l’humour quant à la tragédie de la situation, tandis que sur place il y a beaucoup d’inquiétudes quant aux intentions réelles des États-Unis.
En rigolant, et en résumant le sentiment de nombreux Syriens envers la frappe américaine sur la base aérienne de Shayrat, il a déclaré : « Nous voulons que quelqu’un attrape ce salaud ! »
Traduit de l’anglais (original).
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