Un réalisateur iranien dissident remporte un prix au festival de Cannes
Un film réalisé par un Iranien qui a été emprisonné pour son travail a remporté la catégorie « Un certain regard » du festival de Cannes samedi, renforçant la réputation des réalisateurs iraniens de défier la censure pour produire des films de haute qualité.
« Un homme intègre », filmé en Iran mais qui ne va sans doute jamais y être diffusé étant donné la censure, est un drame tendu qui raconte l’histoire d’un homme persécuté par de puissantes forces économiques et politiques, et qui refuse de verser des pots-de-vin pour éviter les ennuis.
L’auteur et réalisateur Mohammad Rasoulof, 45 ans, a été arrêté aux côtés du réalisateur reconnu Jafar Panahi en 2010 et condamné à de la prison. Il a été libéré sous caution et continue de réaliser des films qui explorent la corruption morale et politique.
En serrant le prix qui venait de lui être remis, Rasoulof a déclaré qu’il espérait que le prix lui faciliterait la réalisation de films en Iran.
« J’aime l’Iran, mais c’est comme un père alcoolique, parfois il me frappe », a-t-il déclaré à Reuters.
La victoire de Rasoulof intervient trois mois après qu’Asghar Farhadi a remporté l’Oscar du meilleur film en langue étrangère pour son film « Le Client », également tourné en Iran, qui le hisse en tant que force majeure du cinéma international.
Traduction : « Un directeur iranien remporte un prix prestigieux à Cannes »
« Le soutien international a réellement aidé tous les réalisateurs et surtout moi, pour avoir mis fin à la pression [des autorités] », a déclaré Rasoulof à Reuters lors d’une interview au festival.
Selon Rasoulof, les autorités iraniennes lui ont donné l’autorisation de tourner « Un homme intègre » mais seulement après avoir signé un papier qui promettait que le film ne serait pas « trop sombre ». Il n’a pas reçu l’autorisation de projeter son film en Iran. Il y a peu de chances que le film, comme ses cinq autres, soit diffusé à part à l’aide de copies non autorisées.
Le magazine Variety a déclaré à propos d’« Un homme intègre » qu’il s’agissait d’« un drame tendu, furieux à propos de la corruption et de l’injustice… une critique cinglante de la société contemporaine iranienne… [qui] permet de résonner a des niveaux spécifiques et universels ».
La catégorie « Un Certain Regard » récompense les talents plus jeunes et les réalisations innovantes.
Rasoulof a remporté le prix de la mise en scène dans la catégorie « Un certain regard » à Cannes il y a six ans, pour son film « Au Revoir », alors qu’il était assigné à résidence.
Il a été condamné à six ans de prison en 2010 pour avoir effectué un documentaire sur les manifestations qui ont suivi la réélection controversée du président iranien de l’époque Mahmoud Ahmadinejad.
Il lui a également été interdit de réaliser des films pendant 20 ans. La sentence a toutefois été réduite à un an en cour d’appel.
Un autre de ses films, « Manuscripts don’t burn », sur les auteurs et les activistes tués dans les années 80 et 90, a été présenté à Cannes en 2013.
Traduit de l’anglais (original).
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