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Algérie : la mort d’un jeune homme dans un puits déclenche la colère contre les autorités

Les autorités algériennes sont accusées d’incompétence par l’opinion publique après l’échec du sauvetage, durant six jours, d’un jeune villageois tombé dans un puits
Les équipes de secouristes ont tenté de creuser autour du petit puits pour tenter de sauver le villageois (capture d’écran)
Par MEE

Son prénom est sur toutes les lèvres en Algérie en cette fin d’année. Ayache, 26 ans, est mort coincé au fond d’un puits après six jours de calvaire. Six jours de tentatives de secours suivies par l’opinion publique sur les chaînes d’informations et les réseaux sociaux.

D’après la protection civile, il leur a été impossible de sauver Ayache Mehdjoubi, qui s’est retrouvé piégé, après une chute accidentielle, dans un puits de forage à 30 mètres de profondeur dans le village de Oum Echemel, près de la ville de M’sila, à 200 km au sud d’Alger.

Traduction : « Les explications de la protection civile sur la mort du jeune Ayache »

Les sapeurs-pompiers ont tenté de creuser autour du puits, pompant l’eau à mesure qu’ils s’enfonçaient en profondeur et sectionnant les parois du puits en métal. En vain.

Durant ces six journées d’angoisse, les habitants des régions alentours ont accouru pour porter assistance, aidant les pompiers à creuser autour du puits. Selon des médias locaux, certains, venus de plus loin encore, ont apporté leur propre matériel de forage.

« Si l’opération a pris autant de temps, c’est que l’eau a remonté durant le forage, nécessitant son évacuation. Des engins sont également tombés en panne, ce qui a poussé les autorités à en mobiliser d’autres, dont ceux appartenant à des civils », écrit le Huffington Post Algérie, qui souligne l’exaspération des Algériens face aux lenteurs et « ratages » des secours. 

Traduction : « Nous n’avons pas pu sauver Ayache, alors comment pourrait-on sauver l’Algérie du puits de corruption où elle est coincée ? »

Sur Twitter, le hashtag « #SauvezAyache » s’est répandu à grande vitesse. Souvent, les internautes reprochaient aux autorités leur incompétence et le manque de moyens de la protection civile.

« Sous d’autres cieux, des moyens colossaux auraient été mobilisés pour sauver une vie humaine, dénonce le site d’information Dernières nouvelles d’Algérie. Pis encore, le corps de la victime n’est toujours pas retiré, c’est à se demander où est passé l’argent que dégage l’État pour les wilayas [préfectures] et les collectivités locales. »

Le chroniqueur du journal Le Carrefour d’Algérie va plus loin en commentant le drame : « Si quelques-uns de nos chers ‘’concitoyens’’ aimeraient sagement répéter que tout est cher en Algérie, sauf bien sûr le citoyen et sa dignité humaine, ils n’ont pas tout à fait tort ».  

Les critiques se sont concentrées sur le wali (préfet) de M’sila, Hadj Mokdad. Les médias ont d’abord souligné qu’il ne s’était présenté sur les lieux du drame que tardivement. En outre, un échange entre le frère de la victime et le wali, filmé non loin du puits où agonisait Ayache, a alimenté encore davantage la polémique.

Traduction : « Ayache a accompli son devoir pour la patrie, celle-ci ne l’a pas fait pour Ayache »

« Le frère d’Ayache a eu face à lui un wali qui était venu bien trop tard sur les lieux pour faire de la politique. Un wali bien trop occupé à s’adresser aux caméras pour essayer de brandir l’illusion que l’État avait mis tous les moyens à disposition », regrette un journaliste du site TSA, qui n’hésite pas à titrer : « L’interaction entre le wali et le frère de Ayache, symbole de la défaillance de l’État ».

Apprenant la nouvelle du décès du jeune Ayache, le wali Hadj Mokdad est retourné sur les lieux du drame, mais, selon le site Alg24, « le responsable a essuyé une série d’insultes. Sa voiture a été même été caillassée. Car pour les citoyens, il a surtout brillé par son absence ».

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