EN IMAGES – Noël en Terre sainte
Les chrétiens représentent près d’un tiers de la population mondiale, c’est le premier groupe religieux au monde devant les musulmans. Mais en Orient, ils sont minoritaires et leur présence est menacée, notamment en Palestine, lieu de naissance du Christ selon les Évangiles.
Alors qu’en Israël, leur population se maintient, elle ne cesse de s’amenuiser en Cisjordanie, à Gaza ou encore à Jérusalem. Plusieurs raisons expliquent cette baisse, en premier lieu les difficultés liées à l’occupation. L’année dernière, les principales Églises chrétiennes de Jérusalem ont dénoncé les tentatives « systématiques » d’Israël pour y « affaiblir [leur] présence ».
Outre les effets de l’occupation et de la colonisation des terres palestiniennes, un manque d’opportunités économiques ou éducatives, une natalité plus faible que les musulmans ou les juifs, l’instabilité sécuritaire mais aussi une mauvaise redistribution des richesses contribuent, entre autres facteurs, à cette diminution progressive du poids démographique de la communauté chrétienne.
Tandis qu’en 2017, les célébrations de Noël avaient été assombries par les tensions conséquentes à la reconnaissance américaine de Jérusalem en tant que capitale d’Israël, cette année, tous les Palestiniens, musulmans comme chrétiens, ont en tête les près de 200 victimes de la répression israélienne à Gaza lors de la Grande marche du retour. Gaza, où de nombreux chrétiens souhaitant passer les fêtes à Bethléem ne peuvent le faire à cause du manque de permis octroyés par les autorités israéliennes, qui imposent un blocus à la bande côtière depuis 2007.
Malgré le contexte politique tendu, et alors que certains se demandent s’il y aura encore des chrétiens palestiniens en Terre sainte dans vingt ans, la communauté à Jérusalem, Nazareth ou ailleurs continue de célébrer Noël, en compagnie de nombreux pèlerins et touristes qui auront la chance cette année de pouvoir admirer les magnifiques mosaïques tout juste rénovées de la basilique de la Nativité. Reportage en images de Cécile Galluccio.
Premier arrêt : Bethléem
Selon la tradition et les Évangiles, Bethléem est le lieu de naissance du Christ. La ville est considérée par les pèlerins comme le berceau du christianisme, ce qui en fait un lieu incontournable pour les chrétiens mais aussi pour les touristes du monde entier. Ils viennent notamment visiter l’église de la Nativité, la plus ancienne utilisée quotidiennement par les fidèles. Ville autrefois chrétienne, Bethléem est aujourd’hui composée à plus de 75 % de musulmans. La population chrétienne a été divisée par trois, au bas mot, depuis le milieu du XXe siècle. Bethléem est aussi connue pour le mur israélien qui l’entoure et la sépare de Jérusalem. Il est sorti de terre en 2003, à la veille de Noël.
L’église de la Nativité sur la place de la Mangeoire où, chaque année, un immense sapin est illuminé. C’est aussi ici que se réunissent les croyants le soir de Noël pour entonner des chants en attendant la messe de minuit.
Tout autour de la place de la Mangeoire, ce vendeur de bonnets de Noël interpelle les conducteurs.
Les couleurs palestiniennes flottent au milieu des nombreuses décorations de Noël.
Le mur israélien qui entoure la ville de Bethléem est dans tous les esprits, y compris en cette période de fêtes.
Majoritaires dans le passé, les chrétiens sont aujourd’hui minoritaires à Bethléem, mais la tradition est restée. En décembre, tout le monde, chrétiens comme musulmans, se met aux couleurs de Noël.
Cette boutique ne vend que des décorations de Noël, reflet d’une présence chrétienne non négligeable, l’une des plus anciennes au monde.
De cet angle, on pourrait croire que le minaret de la mosquée a lui aussi été décoré.
Deuxième arrêt : Jérusalem
À 10 km au nord de Bethléem, au-delà du mur de séparation israélien, se trouve Jérusalem, la ville trois fois sainte, mais aussi le point cardinal du conflit israélo-palestinien depuis la conquête et annexion de la partie orientale de la ville, dont son centre historique, par Israël lors de la guerre des Six Jours en 1967. C’est dans le quartier chrétien de la vieille ville qu’a eu lieu, selon la tradition, la crucifixion et résurrection de Jésus. C’est aussi dans l’église du Saint-Sépulcre que le corps du Christ aurait été déposé après sa mort.
L’entrée de la vieille ville de Jérusalem par la Porte neuve qui donne directement sur le quartier chrétien.
Il n’est pas rare de voir des enfants de confession musulmane se promener dans les ruelles de la vieille ville avec un bonnet de Noël sur la tête.Noël ne serait pas Noël sans ces chalets où se mêlent les odeurs de crêpes et de barbe à papa. Sur ce marché, les vendeurs arabes chrétiens proposent aussi des sandwichs aux falafels.
À l’entrée de la maison du père Noël, où l’on peut obtenir un certificat de bonne conduite ou une photo souvenir, un traineau a été installé et il faut attendre son tour pour avoir le privilège d’y grimper. Si vous avez été sage, un « lutin » active le canon à neige.
À quelques pas de la maison du père Noël se trouve l’Institut Magnificat de la Custodie de Terre Sainte. Une école de musique créée en 1995 qui accueille des écoliers et étudiants sans distinction de foi.
Chaque année, l’école de musique des franciscains propose un spectacle de Noël. Les élèves chantent en italien, en arabe, en anglais et en français.
Leur bonnet de Noël vissé sur la tête, les petits Palestiniens, chrétiens pour la plupart, prennent très à cœur ce spectacle religieux.
Plusieurs passages de la Bible sont réinterprétés par les élèves. Selon les Évangiles, faute de trouver une place à l’auberge, Marie donna naissance dans une étable et plaça Jésus dans une mangeoire à bestiaux.
Le père Noël rencontre parfois les membres du clergé des différentes dénominations chrétiennes de Palestine : Églises orthodoxes (de Jérusalem, russe, roumaine, arménienne, syriaque, copte et éthiopienne), catholiques (Patriarcat latin de Jérusalem, Église grecque-catholique melkite, Église maronite, Église catholique arménienne, syriaque ou encore chaldéenne), ainsi que les diverses branches du protestantisme. Ici, on le voit en compagnie d’un prêtre grec orthodoxe.
Du haut des remparts de la vieille ville, le père Noël admire un lieu à l’intense symbolique politique et religieuse où chaque pierre a une histoire.
Troisième arrêt : Nazareth
Ce n’est toutefois pas à Jérusalem que se trouve la plus grande communauté chrétienne de la région, c’est à Nazareth. Avec environ 22 300 fidèles, la ville occupe une place privilégiée dans le cœur des chrétiens.
Ici, le sapin de Noël trône dans la cour de l’église de l’Annonciation. C’est le lieu où Marie entendit l’appel de l’archange Gabriel, qui lui annonça qu’elle serait la mère de Jésus.
Joyeux Noël à tous !
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