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Comment la Ligue arabe a contribué à la dissolution de la question palestinienne

Créée il y a 75 ans, la ligue est devenue méconnaissable dans la plupart de ses aspects, si ce n’est son rôle majeur de serviteur des intérêts impériaux
L’Égyptien Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe (AFP)

Alors que les États du Golfe se succèdent pour nouer des liens formels avec Israël, certains se sont tournés vers la Ligue arabe pour condamner cette normalisation. Mais pour comprendre pourquoi la ligue ne fera rien, il faut revenir à sa fondation. 

La Ligue des États arabes a été fondée en 1945 à l’instigation de la Grande-Bretagne dans le but de protéger ses intérêts impériaux.

Les Britanniques firent en sorte que la question palestinienne soit sous-traitée aux États arabes indépendants pour se délester de toute responsabilité pour ce qu’ils avaient provoqué dans le pays

Les Britanniques firent en sorte que la question palestinienne soit sous-traitée aux États arabes indépendants pour se délester de toute responsabilité pour ce qu’ils avaient provoqué dans le pays. Soixante-quinze ans plus tard, la ligue est méconnaissable dans la plupart de ses aspects, si ce n’est son rôle majeur consistant à servir les intérêts impériaux. 

Après la révolte palestinienne de 1936-1939, au cours de laquelle les Britanniques tuèrent 5 000 Palestiniens et exécutèrent ou exilèrent plusieurs de leurs leaders, l’hostilité envers la Grande-Bretagne grandissait aux quatre coins de l’Orient arabe. Cela se manifesta plus clairement lors du coup d’État d’avril 1941 initié en Irak par Rachid Ali al-Gillani, que les Britanniques réussirent à renverser un mois plus tard.

En juin et juillet 1941, les Britanniques envahirent la Syrie et le Liban pour y mettre fin à la domination de la France de Vichy, qui avait envoyé une aide militaire à Rachid Ali al-Gillani au printemps. La défaite de Vichy poussa le général de Gaulle en exil à accorder l’indépendance à la Syrie et au Liban en 1943. La Grande Syrie, l’Irak, l’Égypte et la péninsule Arabique passèrent ainsi sous le contrôle impérial britannique avant même la fin de la guerre.

Cependant, après avoir pris conscience du fait que la calamité qu’ils avaient infligée aux Palestiniens en parrainant le projet sioniste de colonisation hanterait les Britanniques dans un avenir prévisible, ce à quoi s’ajoutait la montée d’un sentiment populaire antibritannique à travers la région, Londres commença à réfléchir au meilleur moyen d’assurer le maintien de l’hégémonie impériale britannique après la guerre : le projet de soutien à une certaine forme d’« unité » arabe.

Le roi Abdallah de Transjordanie (à droite) s’entretient avec le secrétaire général de la Ligue arabe Abdel Rahman Azzam (à gauche) et le prince irakien Abdelilah ben Ali, le 13 mai 1948.
Le roi Abdallah de Transjordanie (à droite) s’entretient avec le secrétaire général de la Ligue arabe Abdel Rahman Azzam (à gauche) et le prince irakien Abdelilah ben Ali, le 13 mai 1948

En plus de mettre fin à toute influence que la France, rival historique de la Grande-Bretagne, aurait encore pu avoir dans l’Orient arabe, cette mesure allait permettre de fortifier les intérêts britanniques contre une menace soviétique potentielle vis-à-vis du pétrole de la péninsule Arabique et de sous-traiter la gestion de la Palestine à cette unité arabe émergente. 

L’unité arabe

La conquête britannique de la Syrie et du Liban fut l’étape inaugurale cruciale de ce plan. L’Irak hachémite parraina les premiers efforts de ce projet d’unité via une alliance (teintée de rivalité) avec le dirigeant hachémite de Transjordanie, l’émir Abdallah.

Abdallah projetait de devenir roi de la Grande Syrie depuis la Première Guerre mondiale et espérait que le nouveau plan impérial britannique concrétiserait ses ambitions. Ce ne fut pas le cas ; cependant, il put conclure un accord avec les sionistes pour s’emparer des parties centrale et orientale de la Palestine en 1948, dont il se déclara roi.

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Les Syriens et les Libanais étaient engagés dans des régimes républicains. Étant donné la rivalité historique entre les Hachémites et les Saoud, ces derniers s’opposèrent aux plans d’Abdallah. Le roi Farouk d’Égypte, pour sa part, s’inquiétait de l’hégémonie irakienne et hachémite et était hostile aux Saoudiens, avec qui l’Égypte était entrée en guerre au XIXe siècle. Farouk insista pour que l’Égypte prenne la tête de l’unité arabe naissante. 

Par conséquent, le projet d’unification de la Syrie et de l’Irak fut abandonné et même toute forme de fédéralisme entre ces États fut considérée comme une menace pour l’indépendance et la souveraineté des dynasties au pouvoir.

Seule la Syrie soutenait l’unification totale. Conformément aux plans britanniques, une réunion qui se tint en octobre 1944 à Alexandrie permit d’élaborer un protocole, qui fut encore dilué dans le pacte final que les États arabes adoptèrent comme base pour la fondation de la Ligue des États arabes en mars 1945. L’Arabie saoudite, l’Égypte, la Syrie, le Liban, la Transjordanie et le Yémen en furent les membres fondateurs, tout comme la Palestine, représentée par le dirigeant palestinien Moussa al-Alami. 

L’article deux du pacte stipulait que la ligue avait pour objet « le resserrement des rapports entre les États membres et la coordination de leur action politique, en vue de réaliser une collaboration étroite entre eux, de sauvegarder leur indépendance et leur souveraineté ». 

Traduction : « La normalisation ? C’est tout donner à Israël sans en demander un quelconque prix, c’est jeter dans l’abîme les Palestiniens et leurs 72 ans de souffrance. »

Il comprenait également une annexe spéciale portant sur la Palestine : « C’est sur la base de la reconnaissance de son indépendance que le Pacte de la Société des Nations de 1919 a réglé [le statut de la Palestine]. Son existence et son indépendance internationale ne sauraient donc de jure être mises en question pas plus que ne saurait l’être l’indépendance des autres pays arabes. […] En attendant que ce pays puisse exercer tous les attributs effectifs de son indépendance, il appartiendra au Conseil de la Ligue de désigner un représentant arabe pour la Palestine qui participera à ses travaux. »

En adoptant la Palestine, la ligue déchargea pour l’essentiel les Britanniques de toute responsabilité pour ce qui allait arriver au pays par la suite. La ligue était désormais prête à servir tous les intérêts que la Grande-Bretagne lui avait fixés. 

Le programme anti-impérial de Nasser

Alors que l’influence britannique était remplacée par les intérêts impériaux américains dans les années 1950, l’ascension de Gamal Abdel Nasser et des autres régimes arabes de gauche dans les années 1950 et 1960 subvertit les engagements fondamentaux de la ligue dans l’intérêt d’un programme anti-impérial.

L’ascension de Nasser et d’autres régimes arabes de gauche dans les années 1950 et 1960 subvertit les engagements fondamentaux de la ligue dans l’intérêt d’un programme anti-impérial

Les dirigeants arabes au service de l’Occident combattirent cela bec et ongles jusqu’à leur victoire au lendemain de la défaite de 1967. Durant l’apogée du pouvoir de Nasser, la ligue fonda en 1964 l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), principal organe représentatif du peuple palestinien. Le roi Hussein de Jordanie, qui avait renforcé au milieu des années 1960 l’amitié et l’alliance clandestines de son régime avec les Israéliens, initiées par son grand-père Abdallah dans les années 1920, ne cessa de remettre en question le rôle de représentation de l’OLP.  

L’engagement symbolique de la ligue envers la Palestine fut formalisé en 1974 lorsqu’elle reconnut l’OLP comme « le seul représentant légitime du peuple palestinien » et força Hussein à accepter cette nouvelle décision. L’idée était d’éloigner lentement l’OLP de la politique révolutionnaire et de l’amener à un compromis avec les États-Unis et Israël.

Le roi Fayçal d’Arabie saoudite, Gamal Abdel Nasser et le roi Hassan II du Maroc participent au premier sommet de la Ligue arabe organisé à Rabat, en décembre 1969 (AFP)
Le roi Fayçal d’Arabie saoudite, Gamal Abdel Nasser et le roi Hassan II du Maroc participent au premier sommet de la Ligue arabe organisé à Rabat, en décembre 1969 (AFP)

L’accord de paix de Camp David conclu par le défunt président égyptien Anouar al-Sadate avec Israël en 1979 était considéré comme prématuré et l’on craignait que ses initiatives prises sans consultation avec la ligue n’eussent affaibli les efforts déployés par cette dernière pour concrétiser les plans américains pour la région.  

Le programme initial de la ligue

La ligue suspendit immédiatement l’adhésion de l’Égypte et imposa des sanctions ainsi qu’un boycott du pays. Les États arabes rompirent les relations diplomatiques avec l’Égypte et rappelèrent leurs ambassadeurs. La ligue déplaça son siège à Tunis et choisit un Algérien au poste de secrétaire général, occupé exclusivement par des Égyptiens depuis 1945.

Sadate rejeta la décision de la ligue, gela l’intégralité de ses 43 millions de dollars d’actifs financiers dans les banques égyptiennes, confisqua ses archives stockées dans les bâtiments de la ligue et interdit à son personnel égyptien de partir à Tunis. Les services de sécurité égyptiens « procédèrent à des fouilles personnelles sur des responsables », dont l’Irakien Abdel Hassan Zalzala, secrétaire général adjoint aux affaires économiques, avant de les autoriser à quitter le Caire. 

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En août 1981, le prince héritier saoudien Fahd ben Abdelaziz décida que le moment était opportun pour faire avancer le programme initial de la ligue. Il dévoila son plan (connu sous le nom de plan Fahd) pour la reconnaissance arabe d’Israël en échange du retrait israélien aux frontières antérieures à juin 1967 et de la création d’un État palestinien dirigé par l’OLP, un plan qui comprenait des conditions légèrement meilleures que celles de l’accord conclu par Sadate en 1979, lequel n’incluait qu’une certaine forme d’autonomie locale pour la Cisjordanie et Gaza. 

Dans le même temps, alors que les Américains et les Israéliens avaient neutralisé l’Égypte, Israël avait désormais carte blanche pour envahir le Liban et détruire les forces militaires de l’OLP. Il envahit le pays en 1978 et de nouveau en 1982, triomphant de l’OLP à la fin de l’été.

Après la défaite de l’OLP, les Américains annoncèrent le 1er septembre 1982 le plan Reagan, qui insistait sur le fait que seule une restauration du contrôle jordanien sur la Cisjordanie avec une représentation sous une forme confédérale excluant l’OLP serait acceptable, conférant aux Palestiniens une certaine autonomie mais pas l’indépendance.

Le plan Reagan

La Ligue arabe réunie à Fès du 6 au 9 septembre de cette même année contra les Américains en adoptant officiellement le plan Fahd (Fahd était devenu roi entre-temps) comme base de la « paix » avec Israël. Le roi Hussein, aussi désireux que son grand-père de priver les Palestiniens de leur indépendance, annonça son soutien au plan Reagan le 14 septembre 1982.

Les Saoudiens, avant tout inquiets de la menace révolutionnaire iranienne pour leur régime, cherchèrent à obtenir l’approbation de Yasser Arafat pour une version modifiée du plan Reagan et voulaient qu’il ramène l’Égypte dans le giron arabe. Arafat accéda à leur demande ; il commença immédiatement à négocier avec Hussein et envoya une délégation de l’OLP au Caire en octobre 1982 pour des pourparlers, rompant ainsi le boycott officiel de l’Égypte par les États arabes.

L’opposition au sein de l’OLP et du Fatah, son plus grand groupe de guérilla, fut rapide, surtout lorsqu’en mars 1983, Arafat accepta avec Hussein les conditions de Reagan excluant les responsables de l’OLP de la délégation conjointe jordano-palestinienne. Le Comité central du Fatah rejeta cet arrangement et interdit à Arafat de le poursuivre. Son plan visant à servir les intérêts américains ayant échoué, Hussein répudia Arafat et mit fin à tous les pourparlers avec lui. 

Des manifestants palestiniens portent un cercueil de fortune comportant l’inscription « Les décisions de la Ligue arabe » (AFP)
Des manifestants palestiniens portent un cercueil de fortune comportant l’inscription « Les décisions de la Ligue arabe » (AFP)

Une révolte contre Arafat au sein du Fatah soutenue par les gouvernements syrien et libyen s’ensuivit et donna lieu à des affrontements entre dissidents et fidèles d’Arafat. Battu à nouveau, Arafat fut finalement chassé du Liban en décembre 1983, protégé des Israéliens par la marine française.

En route vers Tunis, il fit escale en Égypte, où il prit dans ses bras le président égyptien Hosni Moubarak et inaugura le processus de réhabilitation de l’Égypte, même si les liens étroits entre Moubarak et les Israéliens n’avaient jamais faibli. 

La menace iranienne

Arafat ayant ouvert la voie, le sommet de la ligue organisé à Amman en 1987 aboutit à la décision selon laquelle chaque État était libre de relancer ses relations diplomatiques avec l’Égypte. Le raisonnement officiel reprenait l’insistance saoudienne sur les dangers de la « menace » iranienne pour le monde arabe, que l’invasion de Saddam, lancée sur ordre des Saoudiens et des familles pétrolières du Golfe, ne parvenait pas à neutraliser depuis 1980.

La Ligue arabe remplit manifestement à merveille ses obligations impériales depuis sa fondation en 1945

Les Saoudiens, au nom des Américains, martelaient que la réhabilitation de l’Égypte était essentielle pour contrer la menace iranienne, même si l’Égypte était alors alliée à Israël. Soutenant les Saoudiens, la Jordanie, l’Irak et les Émirats arabes unis appelèrent ouvertement au retour de l’Égypte. Arafat expliqua que les dirigeants arabes resserraient les rangs face aux menaces iraniennes. L’Égypte fut réintégrée à la ligue en 1989 et son siège rapatrié au Caire en 1990. 

Une nouvelle ère commença au cours de l’année même qui allait altérer les fonctions de la ligue. Lorsque les États-Unis décidèrent d’envahir la péninsule Arabique pour chasser l’Irak du Koweït au début de l’année 1991, la Ligue arabe avait cessé d’exister en tant qu’organe délibérant au service des intérêts impériaux occidentaux et était désormais chargée d’exécuter les ordres et les commandements américains sans délibération.

Dans le giron israélien

Pendant ce temps, l’OLP, déjà vaincue militairement depuis 1982, fut vaincue financièrement lorsque les États du Golfe mirent un terme à leur soutien financier en raison de la position d’Arafat vis-à-vis de l’invasion américaine de la péninsule Arabique, mais aussi diplomatiquement suite à l’effondrement de l’Union soviétique et du camp socialiste en 1991.

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Depuis la défaite de Saddam Hussein en 2003, les Saoudiens et les autres pays du Golfe ont intensifié leur campagne contre la prétendue menace iranienne pesant sur leurs régimes, une menace qui justifie une alliance avec Israël, insistent-ils.

Si l’Égypte est revenue dans le giron arabe à la fin des années 1980 en tant qu’alliée d’Israël pour faire face à la menace iranienne, les régimes du Golfe parrainés par les États-Unis insistent aujourd’hui pour que même Israël entre dans ce giron, ou peut-être plus précisément pour que le monde arabe entre dans le giron israélien.

Le fait que l’OLP et Arafat aient été employés par les Saoudiens et les Américains pour réhabiliter l’Égypte dans les années 1980 n’est guère ironique, étant donné que l’OLP a ensuite vendu les intérêts palestiniens à Oslo en 1993. 

Néanmoins, l’OLP et l’Autorité palestinienne (AP), qui collaborent depuis le début des années 1980 avec les Américains, le roi Hussein, les régimes du Golfe et les occupants israéliens dans le cadre du programme impérial visant à faire tomber l’Iran, ont été pris de court ces dernières semaines en découvrant qu’on n’avait désormais plus besoin de leurs services.

À la botte des États-Unis

Lors de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères qui s’est tenue la semaine dernière, les membres de la ligue ont refusé d’examiner une résolution présentée par le ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne visant à condamner le récent accord de paix entre les Émirats arabes unis et Israël.

La Ligue arabe ne tardera peut-être pas à remplir son ultime obligation en invitant Israël à devenir un membre haut placé d’une nouvelle ligue élargie

La Jordanie, l’Égypte et les Émirats arabes unis ont mené la campagne contre la proposition de l’AP, comme la Jordanie et les Émirats arabes unis l’avaient fait en 1987 pour réhabiliter l’Égypte. L’accord de paix entre Israël et Bahreïn annoncé vendredi dernier s’est déjà attiré les louanges de l’Égypte et un soutien plus modéré de la Jordanie. 

L’engagement antérieur de la ligue visant à « sauvegarder [l’]indépendance et [la] souveraineté » de ses États membres a été rendu caduc lorsque l’indépendance de la Palestine et de l’Irak a été abandonnée avec autant de facilité de manière à servir les intérêts des puissances impériales et coloniales.  

La Ligue arabe remplit manifestement à merveille ses obligations impériales depuis sa fondation en 1945, d’abord en étant parvenue à étouffer les efforts vaillants entrepris par le dirigeant égyptien Nasser pour la mettre au service des peuples arabes, puis en se contentant à partir de 1990-1991 de se soumettre à la volonté des États-Unis.

Elle ne tardera peut-être pas à remplir son ultime obligation en invitant Israël à devenir un membre haut placé d’une nouvelle ligue élargie, ce qui permettrait de dissoudre une fois pour toutes la question palestinienne que la Grande-Bretagne lui avait léguée. 

Joseph Massad est professeur d’histoire politique et intellectuelle arabe moderne à l’Université Columbia de New York. Il est l’auteur de nombreux livres et articles, tant universitaires que journalistiques. Il a notamment écrit Colonial Effects : The Making of National Identity in JordanDesiring Arabs et, publié en français, La Persistance de la question palestinienne (La Fabrique, 2009). Plus récemment, il a sorti Islam in Liberalism. Ses livres et articles ont été traduits dans une douzaine de langues.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

Joseph Massad is professor of modern Arab politics and intellectual history at Columbia University, New York. He is the author of many books and academic and journalistic articles. His books include Colonial Effects: The Making of National Identity in Jordan; Desiring Arabs; The Persistence of the Palestinian Question: Essays on Zionism and the Palestinians, and most recently Islam in Liberalism. His books and articles have been translated into a dozen languages.
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