200 000 personnes pourraient fuir Mossoul selon l’ONU tandis que les combats s’intensifient
Les Nations unies ont déclaré jeudi que jusqu’à 200 000 personnes de plus pourraient fuir Mossoul tandis que les forces irakiennes avancent dans les derniers quartiers aux mains des combattants de l’État islamique.
Les autorités irakiennes et les agences d’aide humanitaire ont déjà du mal à faire face au nombre grandissant de déplacements depuis que les forces de sécurité ont ouvert un nouveau front contre les combattants à Mossoul plus tôt ce mois-ci.
Soutenues par une coalition menée par les États-Unis, les forces irakiennes ont délogé l’État islamique (EI) de presque toute la ville – le groupe contrôle environ douze kilomètres carrés de la ville – et cherchent à l’emporter avant le début du Ramadan dans un peu moins de deux semaines.
Les combattants contrôlent toutefois une petite zone dans la vieille ville, à côté de la rive ouest du Tigre, où ils espèrent livrer le dernier combat dans les rues étroites et très peuplées, qui sont impraticables pour les véhicules blindés.
« Tandis que les opérations militaires s’intensifient et se rapprochent de la vieille ville de Mossoul, nous nous attendons à ce que 200 000 personnes en plus fuient », a déclaré Lise Grande, la coordinatrice humanitaire de l’ONU pour l’Irak. Elle a également décrit ces chiffres comme alarmants.
À LIRE : Les Shabaks d’Irak reviennent dans leurs maisons, dévastées pendant la bataille contre l'EI
« Les personnes qui se déplacent sont tellement nombreuses qu’il devient de plus en plus difficile de s’assurer que les civils reçoivent l’aide et la protection dont ils ont besoin. »
Environ 700 000 personnes ont fui Mossoul depuis le début de la campagne pour reprendre la ville en octobre dernier. Ils ont cherché refuge chez des amis, des parents ou dans des camps.
Les familles déplacées sont forcées de revenir
L’avertissement de l’ONU intervient alors que Human Rights Watch (HRW) a déclaré jeudi que l’armée irakienne et d’autres forces locales de sécurité ont forcé plus de 300 familles déplacées à retourner dans des quartiers qui risquent encore d’être attaqués par l’EI.
Les familles, qui avaient fui les camps Hammam al-Alil et Hajj Ali pour personnes déplacées, manquent cruellement d’eau, de nourriture, d’électricité et d’aide médicale, selon les groupes de défense des droits de l’homme.
« Les personnes venant de Mossoul-Ouest y ont fait face à d’intenses combats et ont finalement pu se trouver en sécurité, pour que juste après on les force à revenir dans des zones qui se trouvent toujours sous le feu de l’EI. Ces familles ne devraient pas être forcées à retourner dans des zones non sécurisées et dans des zones qui manquent d’eau de nourriture, d’électricité ou d’installations sanitaires », a déclaré Lama Fakih, directrice adjointe du programme Moyen-Orient de Human Rights Watch.
Les groupes de défense des droits de l’homme ont déclaré qu’un témoin avait vu un officier de l’armée irakienne en train de charger une famille dans un camion et les conduire à la ville ronde de Bagdad, l’entrée sud de la ville, à un petit peu plus de deux kilomètres de la ligne de front, sans les laisser choisir où ils étaient emmenés.
L’attaque sur Mossoul a été soutenue par une campagne de frappes aériennes effectuées par la coalition menée par les États-Unis dans et autour de la ville. Au cours de cette attaque, les commandants irakiens disent avoir détruit plus de 300 véhicules plein d’explosifs, ainsi que 200 tunnels de l’EI et des positions de combat.
Craintes d’une attaque chimique
L’EI ne contrôle plus qu’une poignée de zones autour de la vieille ville, l’un des joyaux de l’héritage du pays. Les rues étroites de la zone et les bâtiments rapprochés la rendent difficile à reprendre par les forces fédérales, car cela leur demande de combattre à pied et non à bord de véhicules, comme ils l’avaient fait auparavant.
Des journalistes à Mossoul ont également dit que les forces irakiennes portaient des masques à gaz, tandis qu’ils craignent que l’EI utilise des armes chimiques pour défendre la ville.
Plus de 250 000 civils seraient toujours piégés à l’intérieur de l’ouest de la ville, tandis que le nombre de ceux qui fuient augmente. Environ 20 000 personnes ont fui Mossoul-Ouest mardi selon le Conseil norvégien pour les réfugiés lors de ce qui était le plus grand déplacement en une journée depuis le début de l’opération.
La présence d’une grande population civile, qui a choisi de ne pas partir ou s’en est trouvée empêchée par l’EI, complique l’assaut final pour sceller la victoire à Mossoul.
Tandis que les frappes aériennes de la coalition ont aidé les forces irakiennes à avancer, elles auraient également fait des centaines de victimes civiles dans la ville.
L’emploi de boucliers humains est devenu une caractéristique centrale de la défense des combattants de l’EI, en minorité, et l’EI ne s’est arrêté a rien pour dissuader les habitants de fuir la ville, ils ont été jusqu’à tuer des personnes qui cherchaient à fuir.
Traduit de l’anglais (original).
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].