Abdellah Belakahal, le cerveau de la prise d’otages en Libye, s’est rendu
Nouveau rebondissement dans l’affaire des otages italiens Danilo Calonego, Bruno Cacace, et canadien Frank Poccia, enlevés le 19 septembre dernier dans le sud-ouest de la Libye et libérés dans la nuit du 4 au 5 novembre : le cerveau du kidnapping, Abdellah Belakahal, 40 ans, s’est rendu aux autorités algériennes.
Selon des informations recueillies par Middle East Eye, cet Algérien originaire d’Hassi Gara, oasis au sud d’El Goléa, fiché comme un des cinq plus grands narcotrafiquants de la région, s’est livré aux militaires près d’In Guezzam, à la frontière avec le Niger, avec un de ses frères, Miloud, et son cousin, Djelloul.
« Son dossier a été transféré au ministre algérien de la Justice qui doit ensuite l’envoyer à la Présidence pour une demande de grâce exceptionnelle », précise notre source.
Milliardaire – il possède des stations essence, des usines, des villas et des terrains agricoles et plusieurs de ces biens ont été saisis –, Abdellah Belakahal est bien connu des tribunaux. Il a purgé sa première peine de prison à 22 ans pour contrebande de cigarettes. Poursuivi dans plusieurs affaires, dont certaines liées au trafic de drogue, vol de véhicule ou contrefaçon de papiers, il est sous le coup de plusieurs condamnations à de la prison ferme, allant d’un an à la perpétuité.
Il est aussi connu des services de sécurité algériens pour ses connexions avec les groupes armés de la région et son implication dans l’attaque ratée à la roquette, organisée le 18 mars dernier contre le site gazier de Kherchba, troisième plus grand champ de gaz en Algérie. Cette attaque avait valu à sa famille des pressions de la part des autorités – plusieurs membres de sa famille avaient été interpellés dont une de ses trois femmes – et c’est en réponse à ces pressions qu’il avait décidé d’enlever les ressortissants italiens et canadien près de l’aéroport de Ghat, en Libye, où ils travaillaient.
Quelques jours avant la libération des otages, sept autres Algériens de son groupe s’étaient rendus, dont un autre de ses frères, dans l’espoir de bénéficier du dispositif de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, mesure permettant aux islamistes armés qui se rendent d’être amnistiés et réinsérés dans la société.
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