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Algérie : 4 000 militaires traquent les islamistes armés de l’EI et d’AQMI repliés à l’ouest

Près de 200 islamistes armés se seraient réfugiés vers l’ouest du pays pour échapper à la pression militaire à l’est et au centre, et détourner l’attention de la frontière avec la Tunisie et la Libye
Les militaires algériens ont été déployés sur trois zones montagneuses à l'ouest du pays (AFP)

ALGER – L’armée algérienne mobilise depuis samedi 23 septembre quelque 4 000 hommes pour une vaste opération militaire contre des islamistes armés d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et du groupe État islamique (EI) repliés dans l’ouest du pays.

Selon les informations recueillies par Middle East Eye auprès d’une source sécuritaire algérienne, cette opération de ratissage se concentre sur trois zones : la chaîne montagneuse dite « d’Istanbul » (entre Sidi Bel Abbès et Tlemcen à 500 km d’Alger), celle de Dahra (entre Mascara et Relizane à 300 km à l’ouest de la capitale) et celle plus proche, de l’Ouarsenis (entre Aïn Defla et Tissemsilt).

« Ces dix dernières semaines, les rapports des services de sécurité indiquent que les régions de l’ouest sont devenues des zones d’activité terroriste », souligne une source militaire qui estime à un tiers les effectifs des deux groupes ayant quitté les massifs de Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa pour rejoindre l’ouest via les chaînes de montagne communiquant.

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Pour rappel, le 31 août, c’est à Tiaret que deux policiers ont été tués par un kamikaze de l’EI qui cherchait à entrer dans le quartier-général de la police. Selon nos informations, un officier de l’armée aurait également été tué par l’explosion d’une bombe lors d’une opération de ratissage, jeudi, dans les montagnes près de Médéa. L’information n’a pas été donnée par le ministère de la Défense qui a juste communiqué sur l’arrestation d’« éléments de soutien aux groupes terroristes » dans la même région samedi.

Aujourd’hui, le nombre d’hommes ralliés à l’EI – dont principalement le groupe Jund al-Khilafa (Les Soldats du Califat) ne dépasserait pas la centaine. Quant à ceux restés sous l’autorité de l’émir Abdelmalek Droukdel, ils seraient entre 300 et 500.

Abdelmalek Droukdel, l’émir d’AQMI, aurait encore dans ses rangs entre 300 et 500 hommes (capture d’écran)

Deux hypothèses sont avancées pour expliquer le déplacement, depuis le printemps, de ces hommes vers des zones qui étaient autrefois les fiefs de l’ancien Groupe islamique armé (GIA).

La première serait liée aux pertes infligées par les militaires en Kabylie et à l’est : chaque année, l’armée tue en moyenne 200 hommes, selon des chiffres fournis par le ministère de la Défense.

La seconde obéirait à une stratégie des groupes armés qui souhaiteraient « attirer l’attention des services de sécurité à l’ouest pour qu’ils relâchent la pression à l’est, en particulier sur la frontière avec la Tunisie et la Libye, seul point de passage pour ceux qui reviennent du Moyen-Orient », poursuit un cadre de la lutte antiterroriste sollicité par MEE.

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En septembre, MEE avait révélé l’existence d’une liste de 21 noms de combattants de l’EI revenus d’Irak et de Syrie dans la région Algérie-Tunisie-Mali, pour la plupart des Tunisiens.

Selon le quotidien Le Soir d’Algérie, une autre vaste opération de ratissage est également en cours depuis mercredi dans la forêt d’Errich qui s’étend sur les communes de Bouira au nord et Aïn Turck, après le signalement par la population d’un groupe d’hommes armés.

« D’après nos informations, l’endroit ciblé serait le même que celui qui avait abrité un important groupe terroriste en mai 2016 », poursuit le journal.  

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