Après l’attentat de Tiaret, l’Algérie en alerte face au retour des combattants de l’EI
ALGER – Selon les informations recueillies par Middle East Eye, les services de sécurité algériens ont diffusé une liste de 21 noms de combattants du groupe État islamique (EI) revenus d’Irak et de Syrie dans la région Algérie-Tunisie-Mali.
« La plupart d’entre eux sont des Tunisiens », souligne une source sécuritaire à MEE. « Les plus dangereux sont Hassan Zitouni, alias Barrae el Kayraouani (de Kairouan, au centre de la Tunisie) et Idris Djellad, alias Abou Mayssara Attounsi. Le premier est soupçonné d’être le responsable des combattants étrangers de l’EI en Algérie. »
Cette liste de noire a été diffusée après l’attaque du 31 août à Tiaret (à 350 km au sud-ouest d’Alger). Ce jeudi-là, alors qu’il essayait d’entrer dans le quartier-général de la police, un kamikaze a déclenché sa ceinture d’explosifs, tuant les deux policiers qui tentaient de l’empêcher d’entrer.
Cet attentat suicide, revendiqué par le groupe État islamique (EI) est le deuxième depuis le début de l’année.
En février, l'EI avait revendiqué une attaque suicide avortée contre un commissariat de Constantine (à quelque 400 km à l'est d'Alger). Là encore, un kamikaze avait tenté de pénétrer dans un commissariat mais en avait été empêché par les tirs d'un policier qui avaient déclenché les explosifs que l'assaillant portait sur lui.
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« Depuis le mois de mai, plusieurs rapport sécuritaires s’alarment du risque que représente le retour des djihadistes de l’EI, défaits au Moyen-Orient », confie une source militaire à MEE. « Aujourd’hui, nous avons la preuve que ce risque est réel, que l’EI cherche à réactiver les cellules démantelées ou dormantes dans la région. »
Le kamikaze, identifié par la police comme Bousseta ben Aïssa, alias Abou Djihad, avait été recruté par un « repenti » (nom donné aux islamistes armés ayant accepté de déposer les armes dans le cadre du dispositif de réconciliation nationale) remonté au maquis pour rejoindre al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) puis l’EI.
« Le kamikaze et son recruteur sont des Algériens mais la technique utilisée – la ceinture d’explosifs – n’est pas celle des terroristes algériens », précise la source sécuritaire. « Avant que l’EI ne revendique, nous savions déjà que c’était la signature de l’organisation. »
Quelques jours avant l’attaque, les services de sécurité, prévenus de l’imminence d’une attaque, avait perquisitionné la maison du kamikaze. « Nous avions des informations selon lesquelles une attaque était en préparation contre une école de transmission de l’armée, sur les hauteurs de Tiaret. Les pertes auraient pu être beaucoup plus importantes », se console notre interlocuteur.
Malgré des débuts spectaculaires – avec l’enlèvement et l’assassinat d’Hervé Gourdel en septembre 2014 et la défection de nombreux cadres d’AQMI – l’EI n’a finalement pas réussi développer sa wilaya (province) al-Djazaïr, nom donné par l’EI à l’ensemble de ses cellules dormantes urbaines et sections armées actives dans les maquis algériens.
Traqués par les services de renseignements et l’armée, ils sont nombreux à avoir été tués, mais des combattants restent actifs dans une zone d’influence allant des Bibans (chaîne de montagnes au nord de l’Algérie entre Bordj Bou Arreridj et Bouira) et le sud du Djurdjura (la plus longue chaîne montagneuse de Kabylie).
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« Un haut cadre d’al-Qaïda en Afghanistan avait un jour classé l’Algérie parmi les pays les plus propices à l’installation des groupes armés, en raison de ses massifs montagneux. Il existe toujours des endroits où l’armée ne peut pas pénétrer », rappelle un cadre de la lutte antiterroriste en faisant référence à Abdelmalek Droukdel, l’émir d’AQMI supposé caché dans les montagnes de Kabylie.
Selon un cadre du renseignement, les premières informations évoquant des « retours » de combattants du Moyen-Orient et un passage d’Algérie en Tunisie par les frontières remontent à 2016. « La tendance va en s’accentuant », conclut-il. « Il faut donc s’attendre à de nouvelles attaques dans la région dans les mois à venir. »
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