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Amman interdit la couverture médiatique indépendante de la famille royale jordanienne

Les défenseurs de la liberté de la presse mettent en garde contre un glissement vers la censure alors que seuls les reportages basés sur les communiqués de la cour royale sont désormais autorisés
La dernière interdiction inclut tous les reportages sur le roi Abdallah II de Jordanie et l’ensemble de la famille royale (Reuters)
Par MEE

Le gouvernement jordanien a interdit ce jeudi à la totalité des organes de presse du pays de rapporter des informations concernant le roi ou la famille royale à moins que celles-ci ne s’appuient sur des communiqués de presse officiels de la cour.

Un communiqué lapidaire de 25 mots publié par l’autorité des médias de Jordanie a indiqué que seules les informations publiées par la cour royale hachémite du roi Abdallah II seront autorisées. Il ne précise pas la date du début d’application de cette mesure ni ne donne de détails sur les sanctions.

Le gouvernement jordanien a publié un nombre croissant d’ordonnances de non-publication adressées aux médias au cours des derniers mois afin de couper court aux discussions portant sur des sujets sensibles ou controversés. La semaine dernière, il a interdit à toutes les publications, y compris sur les réseaux sociaux, de discuter du cas d’un érudit musulman détenu depuis juin pour des accusations comprenant le fait de « faire porter un risque à la sécurité du royaume ».

Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), un groupe indépendant de défense de la liberté de la presse basé à New-York, a déclaré mercredi que le nombre croissant d’ordonnances de non-publication en Jordanie rendait les journalistes « sceptiques » vis-à-vis de l’engagement affiché par le gouvernement en faveur de réformes dans le domaine des médias.

La Jordanie se trouve actuellement au 135e rang sur 180 pays dans l’index de la liberté de la presse publié chaque année par l’ONG Reporters sans frontières.

Les journalistes y sont sujets à une « surveillance rapprochée de la part des services de renseignement jordaniens », selon le groupe, et sont vulnérables à des poursuites judiciaires sur la base d’une loi antiterroriste « extrêmement vague » adoptée l’année dernière sous le feu des critiques.

Plus tôt ce mois-ci, le procureur général a publié une ordonnance de non-publication concernant le cas d’un citoyen égyptien gravement blessé lors d’une agression dans la capitale jordanienne Amman.

L’ordre de censure faisait suite à la publication d’une vidéo virale montrant la victime, un videur de boîte de nuit, avec les bras et les jambes plâtrés après avoir subi quatre opérations.

En juin, le gouvernement avait également ordonné aux médias jordaniens de ne rien publier sur une fusillade qui avait eu lieu dans un bureau de l’agence de renseignements situé près d’Amman et lors de laquelle cinq personnes avaient été tuées.

Traduit de l’anglais (original).

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