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L’Arabie saoudite en guerre contre le fléau du captagon

Pays de la région le plus touché par la consommation de captagon, l’Arabie saoudite a entamé une traque sans merci contre cette amphétamine. Riyad accuse le Hezbollah libanais d’inonder le marché
Des agents de la direction du contrôle des stupéfiants du ministère de l’Intérieur saoudien trient des comprimés de captagon saisis lors d’une opération spéciale à Djeddah, le 1er mars 2022 (AFP/Fayez Nureldine)
Des agents de la direction du contrôle des stupéfiants du ministère de l’Intérieur saoudien trient des comprimés de captagon saisis lors d’une opération spéciale à Djeddah, le 1er mars 2022 (AFP/Fayez Nureldine)
Par AFP à DJEDDAH, Arabie saoudite

Sur une table recouverte d’un drap vert, deux policiers saoudiens versent des milliers de cachets blancs d’amphétamine qu’ils viennent de saisir dans un quartier de la ville de Djeddah, dans l’ouest du royaume conservateur particulièrement confronté au fléau de la drogue.

Une équipe de l’AFP a assisté mardi à un raid des forces antinarcotiques, et à  l’arrestation de trois personnes transportant plus de 28 000 comprimés de captagon, un stimulant de type amphétamine répandu au Moyen-Orient.

Guerre déclarée contre ces amphétamines

Cette opération s’inscrit dans le cadre de la guerre déclarée par Riyad contre le trafic de captagon, les responsables saoudiens accusant le mouvement libanais Hezbollah d’en être le principal instigateur.

Liban, Arabie saoudite, et captagon

« Au cours des six dernières années, les autorités du royaume ont déjoué des tentatives de contrebande de plus de 600 millions de pilules d’amphétamine en provenance du Liban », a affirmé le commandant Mohammed al-Nujaidi, porte-parole de la direction générale du contrôle des stupéfiants.

Le captagon est fabriqué notamment au Liban, mais aussi en Irak et en Syrie. Il est principalement destiné à la riche monarchie pétrolière saoudienne.

Ce pays de 35 millions d’habitants, dont plus de la moitié a moins de 35 ans, représente un « marché majeur » pour cette drogue, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Tensions avec le Liban

Mohammed al-Nujaidi accuse le Hezbollah de fabriquer le captagon et de viser « directement » le royaume.

Le mouvement chiite libanais est proche de l’Iran, grand rival régional de l’Arabie saoudite. Dans ce contexte, Riyad a imposé des restrictions commerciales au Liban, déjà confronté à sa pire crise économique, accusé de manque de coopération. 

Le gouvernement saoudien a suspendu en avril 2021 l’importation de fruits et légumes du Liban après la saisie de plus de cinq millions de pilules de captagon dissimulées dans des fruits.

En interdisant les importations depuis le Liban, l’Arabie saoudite accable encore un peu plus l’économie du pays
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Beyrouth est régulièrement critiqué par les pays du Golfe pour ne pas coopérer suffisamment dans la lutte contre le trafic de drogue.

En janvier, le Liban, qui cherche à améliorer ses relations tendues avec les pays du Golfe, a annoncé avoir saisi une grande quantité de captagon dissimulée dans une cargaison de thé à destination de l’Arabie saoudite.

Selon Mohammed al-Nujaidi, plus de 119 millions de pilules d’amphétamine ont été saisies l’année dernière par les autorités saoudiennes avec l’aide d’autres pays, notamment la Malaisie, le Koweït et les Émirats arabes unis

Le captagon touche plus largement plusieurs pays du Moyen-Orient. Selon un décompte de l’AFP, plus de 25 millions de pilules y ont été saisies en seulement quelques semaines depuis le début de cette année.

Par Rania Sanjar.

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