Attaques de Tel Aviv : Netanyahou condamne le Hamas, qui salue l’acte d’un « loup solitaire »
Dans la foulée de l’attaque au couteau survenue à Tel Aviv ce mercredi matin, les personnalités politiques israéliennes et palestiniennes ont rapidement commenté la violence persistante, mais les deux discours sont fortement divergents.
Les politiques israéliens, actuellement concentrés sur les élections législatives de ce printemps, ont condamné les attaques et ce qu'ils considèrent être leur cause. A droite, certains politiciens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahou, ont carrément rejeté la faute sur les dirigeants de l'Autorité palestinienne qui, selon le Premier ministre, encourage le terrorisme et cherche à porter atteinte à Israël.
« L'attaque terroriste de Tel Aviv est le résultat direct de l'incitation à la haine propagée par l'Autorité palestinienne contre les juifs et leur Etat. C’est ce même terrorisme qui nous attaque à Paris, à Bruxelles et partout ailleurs », a déclaré le Premier ministre.
« Le Hamas, partenaire d'Abou Mazen [Mahmoud Abbas] dans un gouvernement d'union, s’est empressé de féliciter cette attaque. C’est ce même Hamas qui a annoncé qu'il poursuivra Israël devant la Cour pénale internationale de La Haye. Abou Mazen est responsable à la fois de l'incitation et de l’action dangereuse entreprise à la CPI à La Haye », a poursuivi Netanyahou.
Izzat al-Rishq, porte-parole du Hamas, a été l’un des premiers à applaudir l'attaque sur Twitter. « L'attaque au couteau par un combattant de la liberté contre des sionistes à Tel Aviv est un acte brave et héroïque », a-t-il affirmé dans une déclaration. « C'est une réponse naturelle aux crimes de l'occupant et au terrorisme qu'il exerce contre notre peuple. »
D'après l'agence palestinienne Ma'an News Agency, les Comités de résistance populaire palestiniens ont averti que des attaques de ce type se poursuivraient, déclarant que de tels incidents étaient la « réaction naturelle à tous les crimes israéliens commis contre les Palestiniens, leurs terres et leurs sites religieux ».
A la fin de la journée, l'Autorité palestinienne n'avait toujours pas fait de déclaration, et aucun représentant n'a répondu aux sollicitations de Middle East Eye pour commenter la situation.
Une recrudescence des troubles
L'attaque de ce mercredi s'est produite à la suite de protestations de masse organisées par les citoyens palestiniens d'Israël après qu'un homme a été abattu par la police à Rahat, dans le sud du Néguev, la semaine dernière.
Bien que cette agression au couteau constitue la première attaque d'ampleur perpétrée depuis plus d'un mois, elle suit une série d'attaques qui ont eu lieu au cours de l'automne et ont coûté la vie à neuf Israéliens et un touriste étranger. Au cours de l’une d’entre elles, quatre rabbins et un officier de police druze ont été tués à la hache dans une synagogue de Jérusalem.
Au cours de la même période, plus d'une douzaine de Palestiniens, dont certains étaient soupçonnés d'être impliqués dans ces attaques, ont été tués par les forces israéliennes en Cisjordanie et en Israël.
Si les troubles de ces derniers mois se sont largement concentrés sur Israël et Jérusalem, l'assaillant présumé de ce mercredi était un Palestinien de Cisjordanie. Micky Rosenfeld, porte-parole de la police israélienne, a indiqué peu après l'attaque que le suspect est Hamza Matrouk, un homme de 23 ans originaire de Tulkarem, dans le nord du territoire occupé. Matrouk travaillait illégalement en Israël et n'avait pas l'autorisation de quitter la Cisjordanie, a-t-il expliqué, sans apporter de précisions sur l’employeur israélien du suspect ni sur la façon dont il avait quitté la Cisjordanie.
« Nous savons qu'il a quitté Tulkarem ce matin. Dans le bus, il a poignardé autant de passagers qu'il pouvait. Il a reçu une balle dans la jambe en essayant de fuir, avant d'être appréhendé par les forces de l'ordre et arrêté », a indiqué Micky Rosenfeld, ajoutant que la police était en train d'interroger l'assaillant présumé.
Interviewés par Ma'an News Agency, des hommes affirmant être des amis de Matrouk ont certifié que ce dernier n'était pas engagé politiquement. « Hier soir, Hamza et moi avons rejoint des amis au camp jusqu'à 23 heures, et nous nous sommes bien amusés, a expliqué l'un d'entre eux. Il riait, il plaisantait, et je sais pertinemment qu'il n'était affilié à aucune faction. »
S'il dit vrai, l'attaque au couteau de ce mercredi pourrait être une nouvelle fois l'acte d'un « loup solitaire », perpétré par un individu sans l’appui d’une organisation politique ni grande planification. En octobre et en novembre, ce type d'attaque s'est avéré être le plus répandu : de jeunes hommes se sont servis de leur voiture comme d'une arme ou ont poignardé apparemment au hasard des civils et des soldats. Même si l'attaque survenue dans la synagogue au mois de novembre semblait avoir été bien planifiée et effectuée par des hommes affiliés au Front populaire de libération de la Palestine, on pense que ces derniers ont agi de manière indépendante.
Etat d'alerte
Depuis cette série d'assassinats, les autorités sont en état d'alerte face à la possibilité de nouveaux incidents. Suite à l'attaque de ce mercredi, la présence policière a été intensifiée à Tel Aviv.
« Pour le moment, des unités de police supplémentaires ont été déployées à Tel Aviv pour faire face à d'autres menaces potentielles, a déclaré Micky Rosenfeld. Rien ne nous indiquait spécifiquement qu'une attaque terroriste allait se produire aujourd'hui. »
A Tel Aviv, l'attaque au couteau de ce mercredi pourrait réveiller les démons de la seconde Intifada, au cours de laquelle les transports en commun étaient fréquemment pris pour cibles d’attaques à la bombe et au couteau, occasionnant la mort de plus de 1 000 Israéliens.
La tournure récente des épisodes de violence présente de nouveaux défis pour la sécurité d'Israël. Elle implique également de nouveaux sujets de discorde et d'opposition entre les personnalités politiques s’affrontant dans la course féroce aux prochaines élections.
« Les responsables de l’attaque de Tel Aviv sont également derrière les émeutes de Rahat et les attentats de Jérusalem : Abou Mazen, Ismaël Haniyeh, Raed Saleh, Haneen Zoabi, Ahmed Tibi et leurs partenaires. Ils font tous partie d’un même processus visant à nier le droit d’Israël à exister en tant qu’Etat juif », a déclaré Avigdor Liberman du Likoud, faisant référence aux dirigeants palestiniens des territoires occupés et d'Israël, ainsi qu’aux troubles ayant touché cette semaine la ville de Rahat, dans le Néguev, suite à la mort de deux hommes, tués par la police israélienne.
« Nous continuerons à prendre des mesures fermes contre le terrorisme qui, depuis la fondation de notre Etat, essaie de nous attaquer, et nous veillerons à ce que son objectif ne soit jamais atteint », a déclaré Netanyahou.
Traduction de l'anglais (original).
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