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Chefchaouen : à la découverte des rues bleues du Maroc

Il y a deux choses qui attirent les voyageurs du Maroc et d'ailleurs à Chefchaouen : les maisons bleues et le cannabis facilement accessible
Une femme marche au petit matin dans la médina déserte de Chefchaouen (MEE/Rik Goverde)

CHEFCHAOUEN, Maroc – Cernée de toutes parts par les sinistres montagnes du Rif, dans le nord du Maroc, se trouve la ville bleue de Chefchaouen, un petit endroit féerique riche en parfums et en couleurs, aux mille nuances de bleu. Chefchaouen fait partie de ces villages qu'un voyageur peut explorer en un jour, mais où l'on peut tout aussi bien finir par rester trois ou quatre jours et y faire le moins possible. Pas aussi populaire mais plus paisible que Marrakech ou Fès, Chefchaouen attire pour l'essentiel des touristes espagnols, français et marocains. Les principales attractions : les maisons bleues et le cannabis.

« Je suis venu ici il y a seize ans et je suis resté », raconte l'artiste Mohsine Ngadi. Il dirige Le Rêve Bleu, une galerie d'art-restaurant située dans la partie nord de la médina, ou vieille ville. « L'inspiration est partout à Chefchaouen », indique Ngadi. Venant de lui, cela signifie quelque chose. Agé de quarante-huit ans, Ngadi est originaire de Fez.

Il puise principalement son inspiration dans la vieille ville, où presque toutes les maisons et même quelques ruelles sont peintes avec un mélange de craie et d'eau pigmentée dans des nuances de bleu allant des plus claires aux plus foncées. C'est pourquoi, tôt le matin, lorsque les rues bleues sont humides de rosée, il est possible de voir ses propres empreintes sur le trottoir bleu.

Chaouen, comme on l'appelle ici, a été fondée en 1471 au cœur des montagnes du Rif par les Maures et les juifs fuyant l'Espagne. On dit que ce sont les juifs qui ont introduit la couleur bleue dans la ville, lorsque ces derniers se sont réfugiés des persécutions d’Hitler dans les années trente du siècle dernier, le bleu symbolisant le ciel, le paradis et la direction d'une vie spirituelle.

Le soleil se couche sur Chefchaouen et les lumières s'allument, offrant une vue superbe depuis une colline voisine (MEE/Rik Goverde)

Cependant, les habitants de Chefchaouen ont des points de vue différents quant aux raisons pour lesquelles les maisons sont peintes en bleu. Ils semblent tout simplement ne pas parvenir à se mettre d'accord.

La théorie la plus répandue est que la couleur bleue éloigne les moustiques, car les rues ressemblent alors à un ruissellement d'eau fraîche.

D'autres disent que cette théorie est fausse. Chefchaouen est bleue parce que la mer Méditerranée voisine est bleue. Inutile de soutenir que la mer est à au moins 30 kilomètres. « La mer est très proche », persistent-ils.

Selon Youssef Azaroun, 26 ans, qui travaille à l'hôtel Chams, la couleur bleue fait référence à la source de Ras el-Maa, qui se trouve juste en dehors des murs de la ville. « C'est notre source de vie, tout le monde ici y boit », a-t-il confié à Middle East Eye. « Mais bien sûr, le bleu fait également référence à la Méditerranée. Beaucoup de villages autour de cette mer sont peints en bleu et blanc. »

Mohsine Ngadi, le peintre, donne encore une autre explication. Les moustiques, la vie spirituelle des immigrés juifs... tout cela est faux, selon lui. « Le bleu a été choisi pour le confort des yeux, surtout en été, lorsque le soleil brille. Personne n'est jamais pressé ici. Le stress n'existe pas. »

L'absence de stress pourrait aussi être due à l'autre attraction qui fait la réputation de Chefchaouen : le cannabis largement disponible. Dans les rues et dans les loges, des voix chuchotées mais très persistantes vous proposent du kif. Le voyageur novice qui accepterait à chaque fois planerait sans doute plus haut que la Burj Khalifa de Dubaï à la fin de la journée.

Revenons-en au bleu, toutefois. Même si les poteries, les tables et les tapis locaux peuvent être de toutes les couleurs imaginables, c'est le bleu qui confère à Chefchaouen son atmosphère unique. Au printemps, après que les pluies hivernales ont nettoyé la ville, les habitants repeignent leurs murs ou retouchent les taches d'usure, encouragés par les autorités locales qui leur fournissent des brosses.

Une jeune fille joue avec sa chèvre sur les marches bleues de la vieille médina (MEE/Rik Goverde)

Tout est permis tant que la couleur choisie reste le bleu. Rouge vif ? Certains disent qu'il est formellement interdit d'utiliser une couleur autre que le bleu. D'autres pensent que cela serait tout simplement très mal vu. « Nous avons un proverbe qui dit : "Fais ce que fait ton voisin ou change de porte" », a expliqué Mohsine Ngadi à MEE. En d'autres termes, si vous ne voulez pas vous intégrer, allez-vous-en. « Utiliser des couleurs différentes est un signe de division. Utiliser une seule couleur est une preuve d'unité. Nous accordons de la valeur à l'unité. »

Une femme porte du bois dans les rues de Chefchaouen au petit matin pour l'amener à une boulangerie voisine (MEE/Rik Goverde)



Traduction de l'anglais (original).

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