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La cause palestinienne et le football font équipe au Chili

Les joueurs et les supporters du Deportivo palestino, un club de football chilien, s’engagent depuis des décennies pour la défense de la cause palestinienne
Francisco Muñoz applaudit son équipe Palestino portant le costume de la mascotte du club Palestina lors du match de la Copa Sudamericana contre Estudiantes de Merida à Rancagua, Chili, le 18 avril 2023 (AFP/Javier Torres)
Francisco Muñoz applaudit son équipe, le Palestino, portant le costume de la mascotte du club lors du match de la Copa Sudamericana contre Estudiantes de Merida à Rancagua, Chili, le 18 avril 2023 (AFP/Javier Torres)
Par AFP à SANTIAGO DU CHILI, Chili

À des milliers de kilomètres du conflit au Moyen-Orient, des drapeaux palestiniens flottent par une froide nuit de l’automne austral dans un stade de football de la capitale chilienne, Santiago.

Des centaines de supporters sont venus soutenir leur équipe, le Deportivo palestino, club de football professionnel qui joue sous les couleurs vert, noir, rouge et blanc du drapeau palestinien.

« Plus qu’une équipe, un peuple », proclame le logo du Palestino, créé par des expatriés palestiniens en 1920.

« Palestino a 100 ans, plus vieux que l’État d’Israël », qui célèbrait en mai son 75e anniversaire, explique à l’AFP un supporter, Rafael Milad, un homme d’affaires de 29 ans, indiquant que des tribunes descendent des chants comme « Gaza résiste/la Palestine existe ». 

« Le Palestino est la Palestine et la Palestine est le Palestino. Nous sommes très concernés par la cause », résume Roberto Bishara, un ancien joueur.

Un membre de la communauté palestinienne au Chili porte un t-shirt sur lequel on peut lire « Gaza résiste, la Palestine existe » lors d’une manifestation devant le palais de La Moneda tandis que l’ambassadeur d’Israël au Chili, Gil Artzyeli, présente ses lettres de créance au président du Chili Gabriel Boric à Santiago (AFP/Martin Bernetti)
Un membre de la communauté palestinienne au Chili porte un t-shirt sur lequel on peut lire « Gaza résiste, la Palestine existe » lors d’une manifestation devant le palais de La Moneda tandis que l’ambassadeur d’Israël au Chili, Gil Artzyeli, présente ses lettres de créance au président du Chili Gabriel Boric à Santiago (AFP/Martin Bernetti)

C’est au début du XXe siècle que des Arabes chrétiens originaires des villes de Bethléem, Beit Jala et Beit Sahur sont arrivés dans le lointain Chili et ont fondé une prospère communauté sud-américaine qui compte aujourd’hui environ un demi-million de personnes. C’est la plus importante en dehors du monde arabe.

Le vice-président du Palestino, Sabas Chahuan, affirme ne pas vivre dans un climat de crainte. Au Chili, « il n’y a pas de violences » contre les supporters du club, « sauf dans quelques cas très extrêmes », dit-il. 

« [Le Palestino représente] tous ces Palestiniens qui vivent des moments difficiles. Chaque triomphe du Palestino est une petite joie parmi les souffrances qu’ils subissent tous les jours »

- Miguel Cordero, avocat chilien d’origine palestinienne

C’est trois décennies après sa création que le club fait ses débuts professionnels, et l’équipe première a remporté deux titres nationaux (1955 et 1978) et a atteint les demi-finales de la Copa Libertadores en 1979.

En 2014, la forme du numéro 1 au dos du maillot a été changée pour lui donner celle allongée du territoire palestinien avant 1948, mais la fédération chilienne de football a interdit son utilisation.

La mascotte : un homme habillé en cheik blanc

Les joueurs ont également suscité la controverse en venant sur le terrain avec un keffieh, la coiffe traditionnelle portée par les hommes au Moyen-Orient.

Aujourd’hui, l’équipe ne compte plus de joueurs d’origine palestinienne depuis le départ en 2021 de Nicolas Zedan.

Mais le Palestino continue de représenter « tous ces Palestiniens qui vivent des moments difficiles. Chaque triomphe du Palestino est une petite joie parmi les souffrances qu’ils subissent tous les jours », déclare à l’AFP Miguel Cordero, un avocat de 49 ans d’origine palestinienne.

En 2019, le club a fait installer des écrans géants à Ramallah, en Cisjordanie occupée, pour que les supporters puissent suivre un match du Palestino contre le mythique club argentin River Plate.

Dans le clubhouse, qui compte quelque 4 600 membres et où les supporters se réunissent pour regarder des matches à la télé, trône une carte de la Palestine « historique » et une peinture murale du leader défunt Yasser Arafat (1929-2004).

Le club a même une mascotte : un homme habillé en cheik blanc. C’est Francico Muñoz, 48 ans, qui lui donne vie durant les matches. Les murs de l’appartement de ce fan du club et défenseur « de la cause » palestinienne sont recouverts de drapeaux et fanions vert, noir, rouge et blanc.

Le Palestino a également sa section féminine créée il y a près de 25 ans et qui a remporté le championnat en 2015. Et dans les territoires palestiniens, le club finance des écoles de football pour garçons et filles.

Par Axl Henrnandez.

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