Cisjordanie occupée : un Palestinien tué et plusieurs blessés dans de nouvelles attaques de colons

Des colons israéliens, protégés par l’armée, ont attaqué samedi 13 avril des villages de Cisjordanie occupée, blessant plusieurs Palestiniens et incendiant des maisons et des voitures.

Cet assaut est survenu alors que la veille, des centaines de colons, dont beaucoup étaient armés, ont pris d’assaut le village d’al-Mughayyir, au nord-est de Ramallah, après la disparition vendredi 12 avril d’un adolescent israélien d’une colonie voisine.

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a déclaré samedi que l’adolescent israélien porté disparu avait été retrouvé mort en Cisjordanie.

تغطية صحفية: "مقطع يوثق إحراق مستوطنين للمركبات الفلسطينية في منطقة السهل بين بلدتي المغير وأبو فلاح شمال شرق رام الله". pic.twitter.com/PlQMCaLPoP

— القسطل الإخباري (@AlQastalps) April 12, 2024

Traduction : « Couverture médiatique : ‘’Une vidéo documente l’incendie, allumé par des colons, de véhicules palestiniens dans la plaine entre les villages d’Al-Mughayyir et Abou Falah, au nord-est de Ramallah.’’ »

Barakat Dawabsha, un habitant de Duma, au sud de Naplouse, a rapporté à Middle East Eye que plus de 500 colons armés avaient attaqué le village depuis le nord, l’ouest et le sud.

Selon lui, plusieurs personnes ont été blessées par balles réelles et des dizaines de maisons et de véhicules ont été incendiés. Les colons ont également attaqué les gens avec des matraques et des pierres, faisant encore plus de blessés.

« L’armée israélienne protège les colons. J’ai vu de mes propres yeux un des soldats mettre le feu à un véhicule. La situation est très compliquée et les gens tentent de protéger leurs maisons et leurs propriétés avec leurs corps », a rapporté Barakat Dawabsha.

Ambulances bloquées

Le Croissant-Rouge palestinien a affirmé que les soldats israéliens avaient empêché ses équipes d’entrer dans le village pour soigner les blessés. Une ambulance a finalement été autorisée à entrer au bout de trois heures.

Un Palestinien, identifié comme étant Jihad Abou Alia, 26 ans, a été tué, et 25 autres ont été blessés, dont huit par des tirs réels, selon le Croissant-Rouge palestinien.

Des dizaines d’habitants palestiniens du village n’avaient, samedi, toujours pas pu regagner leurs foyers, en raison du bouclage imposé par l’armée israélienne de plusieurs villages au sud de Naplouse et au nord de Ramallah dans le cadre de la recherche du colon disparu.

Des dizaines de véhicules et de bus transportant des colons arrivaient encore samedi aux entrées de Douma pour participer à cette violente attaque.

Des colons israéliens ont également attaqué les villes de Silwad, Turmus Aya, Sinjil et Deir Dibwan, selon l’agence de presse palestinienne Wafa.

Cette attaque est « la plus horrible de ces dernières années », a témoigné à MEE Kazem al-Hajj, un des militants faisant campagne contre les colonies israéliennes.

« Dès que les habitants du village ont entendu parler de l’attaque des colons, ils ont tenté de les affronter en se dirigeant vers la zone nord. Jihad Abou Alia était l’un d’entre eux. Il a été touché à la tête par les balles des colons et est tombé immédiatement au sol », a-t-il témoigné.

Alors que les soldats israéliens empêchaient les ambulances d’atteindre les blessés, Abou Alia a perdu tout son sang.

Palestinian media outlets report that Israeli settlers burned numerous vehicles belonging to Palestinian residents in the town of Al-Mughayyir, located in Ramallah, in the central West Bank. pic.twitter.com/qKRo42CEmI

— Middle East Eye (@MiddleEastEye) April 13, 2024

Traduction : « Les médias palestiniens rapportent que des colons israéliens ont incendié de nombreux véhicules appartenant à des Palestiniens dans la ville d’al-Mughayyir, située à Ramallah, au centre de la Cisjordanie. »

Les colons ont incendié plus de 40 installations palestiniennes et 50 véhicules à al-Mughayyir, provoquant également l’incendie de terres agricoles voisines.

« La scène était terrible, des nuages ​​de fumée ont envahi le village et le bruit des ambulances ne s’est pas atténué au milieu des tirs intenses et continus », a encore raconté Kazem al-Hajj.

Les colons arrivaient de l’avant-poste de Mallahi, installé au cours des deux dernières années au-dessus du camp militaire israélien de Jabeit, construit à l’origine sur des terres palestiniennes au nord de Ramallah.

Selon Kazem al-Hajj, le village était, avant cet assaut, quotidiennement attaqué par des colons « selon une politique de colonisation pastorale pour contrôler les terres du village » avec une protection claire des soldats israéliens.

Les journalistes délibérément attaqués

Plusieurs heures après le début de l’attaque, l’armée israélienne s’est retirée du village, mais est restée à ses entrées, imposant un bouclage total et installant des points de contrôle.

Les forces israéliennes ont également pris d’assaut plusieurs villages palestiniens voisins et mené des opérations de recherche appuyées par un hélicoptère.

Dans la nuit, cinq Palestiniens ont été blessés lors d’une autre attaque de colons, dans le village d’Abu Falah, près de Ramallah, a rapporté l’agence de presse officielle palestinienne Wafa.

ALERTE
Une attaque de terreur menée par plusieurs centaines de colons armés dans le village d'Al-Mughayyir. L'attaque à la mitraillette toujours en cours a causé un mort et 1 blessé très grave. Au moins 18 palestiniens ont été touchés par balles et 50 maisons ont été incendiées. https://t.co/Pju7PGBTPc

— Association France Palestine Solidarité (@AFPSOfficiel) April 12, 2024

Le journaliste Mohammed Turkman a déclaré que les soldats avaient délibérément attaqué les journalistes alors qu’ils couvraient l’attaque des colons contre al-Mughayyir.

« Un des soldats m’a pointé du doigt et un autre a tiré directement sur moi. Heureusement, la balle a atterri à côté, mais j’aurais pu faire partie des blessés », a-t-il expliqué à MEE.

Son témoignage concorde avec celui des habitants : l’attaque généralisée a été menée par des colons d’un côté, et des soldats de l’autre, tandis que les équipes d’ambulances étaient complètement empêchées de s’approcher.

Les journalistes n’ont pas pu quitter le village après le retrait de l’armée israélienne et la fermeture d’al-Mughayyir et ont été contraints de rester dans la maison de Kazem al-Hajj.

« Ce n’est pas la première fois que nous sommes victimes de harcèlement au cours de notre travail. À chaque couverture médiatique, les soldats tentent de nous attaquer, surtout si des colons sont dans les parages », a ajouté le journaliste.

Al-Mughayyir est resté fermé samedi, les forces israéliennes ayant empêché le corps de Jihad Abou Alia d’être emmené dans le village pour ses funérailles, qui ont été reportées.

Traduit de l’anglais (original).